Premier jour (non corrigé)

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Flocon & Caméra

Enji Todoroki regardait pensivement par la fenêtre. Le temps s'était refroidit, si bien que du givre s'était formé sur le coin de la vitre. Il soupira, son téléphone en main. C'était déjà la période des fêtes. Il ne s'en était jamais soucié avant, rien autour ne lui donnait vraiment envie d'y penser. Ses enfants avaient l'air désintéressés et sa femme, elle n'était plus là. Maintenant qu'il y pensait c'était lui qui avait créé tout ça. Ce n'étaient ni ses mômes, ni sa femme. Il les avait tous repoussé, et maintenant qu'il se trouvait devant le fait accomplis, il voulait revenir en arrière, s'accrochant désespérément à des souvenirs inexistants. Tout cela à cause de son aveuglement, de sa fierté mal placée et de ses convictions immorales ; et il sentait encore plus les poids de ses choix en ce premier dimanche de décembre, seul dans son immense demeure.

Il déambula dans le couloir, laissant trainer distraitement sa main sur le mur. L'ainé de ses fils ne donnait pas de nouvelle, le deuxième lui riait au nez passant ses heures perdues chez sa petite amie et le troisième avait préféré rester au dortoir de son lycée. Son unique fille s'était comme enfuit, prétextant une journée au cinéma avec ses collègues. Evidemment, ce n'était pas qu'une excuse et cette sortie était prévu depuis longtemps, mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle l'évitait. Surtout lorsqu'il trouvait inconcevable l'idée même de vouloir passer du temps avec ses collègues en dehors des heures de boulot. Il était heureux d'avoir eu congé des siens. De toute façon, il n'avait pas son mot à dire si elle cherchait à l'ignorer, il n'avait jamais été le meilleur des pères et, au fond, il le mériterait bien.

Il s'arrêta. Le voilà devant le débarra. Il entra, s'accroupit devant une armoire et l'ouvrit. La poussière l'assaillit et il se retint d'éternuer bruyamment. De vielles boites le narguait dans un coin. Avant de pouvoir réfléchir correctement, il en ouvrit une. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça puisqu'il était déjà trop tard. Il était là : un vieux polaroid. Cet objet était comme hors du temps et les souvenir qu'il portait le touchèrent profondément. Il regarda en dessous et y vit un album. Les pages avaient jauni à cause de l'humidité mais les photos à l'intérieur étaient en bonne état. En les regardant, c'était comme si elle était assise à côté de lui. Il poussa un soupir à fendre l'âme et ferma les yeux. Que faisait-il ici ?

–Ah.

Il se releva et tituba avant de reprendre ses appuis. Il avait été pris par surprise, l'appareil lui avait presque échapper des mains. Il manqua de se cogner contre une étagère et se retourna pour voir le nouveau venu.

–Shouto.

–Qu'est-ce que tu fais là ?

Enji fronça les sourcils. Il n'avait pas été si froid que ça mais l'irrespect dans la voix du gamin l'agaçait tout de même.

–Je suis chez moi, répondit-il avec indifférence, mais toi, pourquoi es-tu là ?

–Je suis chez moi, dit-il à son tour comme pour balayer la question du plus vieux.

–Ce n'est pas la politesse qui t'étouffe à ce que je vois...

Le jeune garçon ne fit aucun commentaire et regarda son père ranger ce qui trainait par terre. Il le laissa faire pendant quelque seconde en silence ; ses yeux se posèrent enfin sur le polaroid quand Enji s'arrêta pour l'observer.

–Qu'est-ce que c'est ?

Il ne lui répondit pas, perdu dans ses pensées. Il prit une des photos et un bout de papier tomba au sol. Sur celui-ci, une simple inscription, mais elle le bouleversa. Il se releva et mis l'appareil dans les mains de Shouto.

–Tu peux le garder, dit-il simplement.

Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il partit s'enfermer dans son dojo afin de se défouler un peu. C'était dans ses moments de solitude qu'il comprenait vraiment le sens du mot « merder ». Tout était sa faute. Il s'accroupit devant son sac de frappe et pris le temps de réfléchir.

« –Enji ?

Il ouvrit les yeux. Elle était devant lui, ses longs cheveux blanc attachés dans une queue de cheval mal ajusté. Certaines mèches rebelles encadraient son visage la rendant magnifique. Elle tenait le polaroid dans l'une de ses mains et ce qui ressemblait à un petit bout de carton dans l'autre. Maintenant qu'il regardait mieux, c'était une photo.

–C'est un joli cliché n'est-ce pas ?

Il s'approcha et arriva à sa hauteur. Elle était si petite, si fragile, elle paraissait pouvoir se briser à chaque instant.

–Tu sais Enji, chaque instant est unique. Ce sont comme des flocons de neige ! Ils tombent si vite et son destiné à fondre, comme le temps qui s'écoulent. C'est si triste, n'est-ce pas Enji ? »

Il ouvrit les yeux en entendant la porte de l'entrée se fermer. Shouto avait surement récupérer ce qu'il voulait et retournait au lycée. Il ne voulait même pas se lever pour aller voir. L'atmosphère entre les deux étaient toujours aussi suffocantes et le moment n'était pas encore venu pour qu'ils envisagent d'améliorer leur relation. Pourquoi avait-il tout réduit à néant ? Était-ce vraiment une bonne idée de lui avoir donné sans réfléchir cet objet rempli de souvenir ?

De son côté, Shouto était dans le train vers le lycée de UA. Il avait gardé la caméra en main. Il l'aurait bien laissé mais la note l'avait poussé à l'embarquer. Arrivé dans les dortoirs, il passa par la salle commune. Il la vit, assise devant une télé éteinte, un livre à la main. Elle était magnifique, ses cheveux noirs dévalant comme une cascade sur ses épaules. Il ne voyait qu'elle et les mots attacher à la note tournèrent en boucle dans sa tête. Sans vraiment y penser, il leva l'appareil jusqu'à son visage. Un clic suffit pour attirer son attention. Une image noire en sorti et pris lentement des couleurs.

–Oh, Todoroki-san ! C'est un vieil appareil que tu as là !

Sa voix était enjouée mais cela s'entendait qu'elle était assez gênée d'avoir été prise par surprise.

–Todoroki-san ?

Il cligna plusieurs fois des yeux puis la regarda, réfléchissant à ce qu'il devrait dire ainsi qu'à ce qu'il avait fait. C'était aller si vite, c'était comme si l'appareil lui avait murmuré de la prendre en photo. Il ne s'y connaissait pas mais pouvait dire que l'angle était parfait. Quand ça la concernait, c'était rare que quelque chose ne le soit pas.

–Yaoyorozu. (Il baissa ses yeux vers le cliché). Je voulais... juste que ça dure un peu plus longtemps...

Elle l'interrogea du regard. Aucune émotion ne passait sur le visage du garçon et il se sentit obligé d'ajouté encrant ses yeux hétérochromes dans les siens :

–La photo est réussi.

La lycéenne pris des couleurs et se trouva dans l'incapacité de formuler une phrase cohérente. Ce n'était pas dans les habitudes de son camarade d'être si spontané. Elle ne comprenait pas et son regard était si intense ; il aurait pu dire n'importe quoi qu'elle se trouverait exactement dans le même état. Il la laissa seule dans la salle commune afin de rejoindre sa chambre. Une fois qu'il fut assis, il posa la photo sur la table, ne comprenant pas lui-même la nature de son acte. Cela n'avait pas de sens. Il regarda la note laisser par son père une nouvelle fois. L'écriture était si délicate sur ce papier vétuste et les boucles en formes de cœurs réussirent à lui arracher un sourire. Il sourit et posa la note à côté de lui :

« Ensemble, créons des flocons de neige éternels.

Rei »

Alors ? Je commence plutôt simplement afin d'instaurer une continuité ^^. Je pense que ce que j'ai commencé à mettre me permettra de faire plein de truc dans les jours qui suivent ^^. A demain~~

24 jours : 3ème éditionWhere stories live. Discover now