𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓

―19―

Je ne mets pas longtemps à trouver l'atelier. J'entre dans la grange où plusieurs sculptures sont entreposées aux yeux de tous. Il y a également les sculpteurs en train de travailler, polissant la pierre ou encore en train de râper l'excès de pierre sur le bloc. Lorsqu'ils me remarquent, ils prennent le temps de me saluer avant de reprendre leur travail. Je déambule dans l'atelier jusqu'à mettre la main sur Odin, en compagnie d'un homme au visage buriné par le soleil.

Dans l'encadrement de la porte, je les observe discuter et je remarque le sculpteur esquisser une forme sur du papier à l'aide d'un fusain. Je me racle la gorge et ils font enfin attention à moi. Le sculpteur me salue dans les normes tandis qu'Odin m'analyse de son unique œil.

― Cette robe te va à merveille, me dit-il par la pensée. Safira, que faites-vous ici ?

― On m'a dit que je pourrais vous retrouver ici. J'aimerai un entretien avec vous.

― Cette discussion peut attendre, je suis occupé pour l'instant.

― Bien, votre Majesté, répliquai-je sèchement. Si cet homme n'était pas ici, je t'aurais déjà envoyé manger ces blocs de pierre derrière toi.

― Oh mais je n'en doute pas un seul instant.

― Si je peux me permettre, Majesté, intervint le sculpteur. Un avis extérieur serait peut-être judicieux.

― Vous avez raison Sven, approuva Odin. Safira, mon enfant, approchez et dites-nous ce que vous pensez de cette esquisse.

J'obéis. Sven tourne la feuille dans ma direction et ce que je vois me laisse sans voix. Ce n'est pas possible. Il n'en fait vraiment qu'à sa tête. Honnêtement, j'hésite entre lui rire au nez ou lui dire ses quatre vérités. Je ferais ça dans l'intimité.

― Et bien, Loki serait sans aucun doute heureux de voir que vous lui rendez hommage avec cette statue à son effigie.

― Tu n'en pense pas un mot, me fait le Dieu par la pensée.

― Mais... Les cornes ne sont-elles pas de trop ?

― Loki aimait particulièrement son casque.

― Hum, je vois. C'est un style comme un autre.

Je lui lance un petit sourire malicieux.

― Si tu n'es pas trop pris avec cette esquisse de toi, j'aimerais que l'on parle de quelque chose.

― Ne changeons plus rien, c'est parfait ! s'exclama-t-il. Quand sera-t-elle prête ?

― Il nous faudra plusieurs mois avant d'en finir, Majesté. Mais nous ferons au plus vite.

― Prenez le temps nécessaire, je veux qu'elle soit parfaite.

― Bien, votre Majesté.

Exaspérée et agacée par le comportement de mon amant, qui en plus de m'ignorer, continue de parler avec le sculpteur comme si je n'étais pas là, je décide de partir. Cette statue n'est pas un hommage mais une preuve de son ego surdimensionné. C'est d'un ridicule.

Sur le chemin du retour, je remarque Androma marcher plus loin devant moi. Je la hèle et, une fois à sa hauteur, nous reprenons notre marche.

― Vous avez l'air dans vos pensées, me dit-elle. Est-ce que tout va bien ?

― Oui. Il y a juste une chose qui me tracasse mais rien de grave.

― Vous pouvez me parler si vous en ressentez le besoin.

― Je te remercie.

Nous frayant un chemin parmi les gens venu au marché, je remarque seulement maintenant que ma servante a du mal à tenir son panier. Il faut dire qu'il a l'air bien rempli. Des fruits, des légumes, un petit broc contenant je ne sais quel liquide ainsi que des pots de confitures. Sans réfléchir, je laissai ma magie se former autour du panier afin de délester Androma. Celle-ci sursaute puis me remercie.