OS ☾ Raventrust

01 | A little Hope

Note : Cet OS est largement plus basé sur le livre Warcraft, Le Dernier Gardien. ( Mais je met un gif du film, oui j'aime ne pas être logique. ) 

Tout en haut de la tour, à une des fenêtres du dernier étage, une silhouette semblait observer le monde extérieur. Si calme. Si paisible. Magnifique et si vaste. Du moins, de loin, si on ne pensait pas aux crimes, à la société et autres futilités. Normalement, il était plutôt reposant de passer de longues minutes à contempler la forêt qui s'étendait au loin. Pas aujourd'hui il semblerait.

Medivh avait un air sérieux au visage, même si quelques traits laissaient deviner une certaine inquiétude. Cette inquiétude, il voulait absolument la cacher. Il se sentait déjà si vulnérable, il n'avait pas envie que l'on voit des failles, surtout avec le rôle qu'il avait à tenir. Aujourd'hui était d'ailleurs l'un de ses rares moment de lucidité. Non, personne ne devait s'inquiéter, ni soupçonner quoi que ce soit. En tant que protecteur de ce Royaume, il se devait de rester fort et de ne montrer aucune faiblesse.

Et pourtant... Il avait l'impression de succomber de plus en plus à sa faiblesse. Aux Ténèbres. A quelque chose qu'il ne contrôlait pas, et qu'il ne contrôlerait probablement jamais. Si le Gardien faillissait à son rôle, qui pourrait le remplacer ? Oh... Medivh avait bien une petite idée. Mais c'était encore trop tôt. Si quelque chose devait lui arriver maintenant, l'espoir que tout se finisse bien serait mince, voire inexistant.

Tu penses pouvoir trouver un moyen de me stopper, mais tu sais que ce n'est qu'un vain espoir...

Le Gardien frémit d'horreur, soufflant longuement en fermant les yeux quelques instants avant de contempler de nouveau le paysage au loin. Les voix. Ou plutôt, la voix. Aussi tranchante qu'une lame aiguisée, aussi brûlante que le feu ardent et aussi sombre que là où la lumière du soleil n'atteignait pas les profondeurs des océans. Cette voix, c'était une malédiction, et le mage savait qu'il ne serait jamais complètement seul.

Dès son adolescence, quelque chose avait changé... Et depuis, cette voix était là, avec lui. Voyant ce qu'il faisait, écoutant aussi. Comme une ombre en fait, mais seul lui avait conscience de sa présence, là, dans son esprit. Et parfois même, Medivh avait des absences qu'il devait souvent justifier avec une simple excuse : C'était là que le démon réussissait à prendre le contrôle. Ce qui, ces derniers temps, arrivait de plus en plus souvent.

C'était là une ironie qu'il ne pouvait contrer : Lui qui était si puissant, lui à qui on faisait appel en cas de besoin, lui le protecteur... Il ne pouvait même pas régler ce problème là. Avec le temps, Medivh avait fini par se dire que c'était inévitable, qu'un jour il ne pourrait plus contenir ce démon qui prendrait le contrôle total. Pourtant, il allait être libre grâce à lui un jour.

Le mince espoir qu'il avait trouvé se trouvait quelques étages plus bas. Mais à peine y pensait-il que le démon se manifestait presque automatiquement. Il était presque impossible de lui cacher quoi que ce soit.

Je sens toujours comme un changement lorsque tu penses à lui... Il ne m'échappera pas longtemps, Gardien.

Medivh fit quelques pas en arrière, se prenant instinctivement la tête entre les mains. Stop , ne cessait-il de se répéter. Il ne devait pas penser. Ne pas penser ? Impossible. Il fallait penser à autre chose. Ou alors...

Le Gardien redressa la tête, chassant cette voix qui s'apparentait presque à la douleur. Il avait envie de garder sa lucidité encore un peu. D'un geste vif, il mit la capuche de sa longue cape brune sur la tête, et marcha d'un pas pressé vers les escaliers.

Descendant silencieusement mais rapidement les marches, Medivh arriva quelques étages plus bas, et se stoppa en plein milieu, regardant la vue qu'il avait depuis là où il était. Là, il était au moins deux étages plus haut qu'une des grandes bibliothèques de la tour et pouvait observer des étagères et des piles de livres. Mais pas seulement.

Son regard descendit et se posa sur un jeune homme qui semblait totalement absorbé dans un grimoire. Pendant un instant, un fin sourire se dessina sur les lèvres du mage, et il n'entendit aucune voix.

Il était étrange que la présence soudaine de Khadgar semblait taire le démon dans l'esprit de Medivh. Ou ce n'était que pure coïncidence, et le démon observait juste silencieusement. En hauteur, dans l'ombre et la capuche sur la tête, il était presque impossible qu'il ne se fasse repérer par son apprenti, lisant deux étages plus bas.

Cela faisait un moment que le jeune homme traînait dans ses pattes - comme il aimait souvent lui rappeler - et pourtant... Il y avait quelque chose. Si ce garçon était devenu son apprenti, ce n'était ni pour rien, ni par hasard. Il était clairement prometteur, même si Medivh ne lui montrait pas.

Inconsciemment, quelque chose semblait changer à chaque fois qu'il posait son regard sur le plus jeune. Le démon l'avait senti, mais aucun des deux n'avait de mot exact là dessus. Mais c'était lui l'espoir. Un espoir qu'il fallait faire grandir. Ce n'était pas pour rien que la Gardien ordonnait souvent à son apprenti de nettoyer livres et autres ouvrages : Il savait que le plus jeune ne pourrait s'empêcher de jeter un œil à un ou deux grimoires... Voire plus. Et ça enrichissait son enseignement, lorsque le mage ne le faisait pas lui même.

Personne ne devait savoir pour Sargeras. Pas le Roi, pas son serviteur et surtout pas Khadgar. Déjà, Medivh redoutait de la réaction de ce dernier... Et encore plus le sort que lui réservait le démon. Pendant quelques infimes instants, Medivh avait l'impression d'être seul. Bien sûr, ce n'était qu'une impression.

Quel regard indiscret...
« Stop. »

Medivh comprit aussitôt qu'il avait répliqué à voix haute et recula de quelques pas sur la marche, se noyant dans la pénombre pour ne pas se faire remarquer. Plus bas, Khadgar était si passionné dans sa lecture qu'il n'avait pas entendu. Le Gardien souffla de nouveau.

Ce n'est qu'une question de temps. Son sort sera probablement pire que le tien. Ne t'en fais pas... Tu le verras se tordre de douleur... Crier sous mes coups... Supplier pour ma pitié....

Le Gardien avala difficilement sa salive. Il devait se débarrasser des humains. Mais de Khadgar...?

... Ou plutôt supplier pour la tienne.

Medivh se figea. C'était comme une lame se glissant d'un coup dans l'abdomen. Car si le démon était au contrôle, c'était sous son apparence. Sous ses traits. Du moins, pour le moment. Et s'il était froid avec son apprenti parce qu'il voulait le tenir à l'écart de tout ça, il n'avait pas envie qu'il lui arrive quoi que ce soit, surtout de ses mains.

Sans répliquer, l'homme descendit les deux étages qui le séparait de la bibliothèque. D'un pas droit, il avança jusqu'au jeune homme, qui finit par relever d'un coup la tête en sursautant.

« Je croyais que tu devais ranger cette section avant ce midi, commença Medivh, or le soleil est déjà bien haut dans le ciel. »

Ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivait... Alors que Khadgar ouvrit la bouche pour répliquer, il prit finalement le livre qu'il lisait, puis deux autres pour commencer à les empiler. Le Gardien s'avança vers lui, retirant sa capuche et lui barra le chemin.

« Tu reprendras cette tâche à la tombée de la nuit. Ton enseignement doit continuer. Suis moi, nous serons plus tranquille en haut. »

Il n'attendit même pas une seule parole de son apprenti qu'il se dirigea de nouveau vers les escaliers, le jeune mage le suivant après avoir posé sa pile de livres.

Tu ne seras jamais tranquille Gardien...

C'était la triste vérité, mais Medivh prit sur lui même pour éviter la voix. Elle s'effacerait peut être pendant quelques heures... Puis le Gardien sombrerait dans les ténèbres, sans savoir si ce serait dans un sommeil profond ou si le démon prendrait encore le dessus. Pour le moment, il avait un apprenti à éduquer.