01 | T'es tout triste comme le gris

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TAPOTANT SON CRAYON, Anaé rouspète. Cela fait bien une demi-heure qu'elle bloquait à son exercice de physique. Trente minutes de galère et et d'incompréhension la plus totale. Lassée, elle pose son crayon et chuchote à sa voisine :

- Psst ! Clarisse ! Tu peux m'aider ? Je sèche là.

La dénommée Clarisse se tourna vers elle et haussa les épaules, pas plus avancée qu'elle. En signe de défaite, Anaé soupire. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle allait enfin comprendre quelque chose à cette matière. Au bout de d'une heure, la jeune fille abandonne et se met à gribouiller sur la marge de son cahier.

Quand la sonnerie annonça l'heure de pause, Anaé rangea en vitesse ses affaires et sortit, s'engloutir sang dans la masse d'élèves affamés et un peu trop bruyant à ses oreilles. Elle sortit du bâtiment C et rejoignit son endroit préféré. C'était un petit muret caché derrière le bâtiment A où personne ne venait. Anaé déposa son sac par terre et alluma une cigarette précieusement caché dans une pochette secrète dans son sac. Elle le mît à ses lèvres et inspira doucement à sa dose quotidienne de nicotine.

Anaé n'était pas ce genre de cliché qui fumait pour se donner un genre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle fumait d'ailleurs. C'était peut-être un moyen de combler son vide. Franchement, tant que ça l'occupait pendant les inter-cours, elle s'en fichait pas mal.

Anaé est grise. C'est triste d'être grise. Par exemple, les autres filles de sa classe sont bleus, verts, rouges, roses, jaunes voir de toutes les couleurs. Et elle était grise. Gris comme un ciel de pluie. C'est fade et sans âme le gris. C'est peut-être la couleur la plus fade et la plus triste au monde.

Les gens l'évitent parce qu'elle était différente. Personne n'aime les gens différents. Quand on est différent, on est seul, enfin, c'est ce que prétend la société. Les gens doivent être de toutes les couleurs. Pas gris. En plus c'est moche comme couleur. Combien de personne sont comme elle ? Peut être bien qu'elle est la seule dans ce foutu monde. C'est bien triste d'être seule.

La jeune fille soupire en entendant la sonnerie annoncer la reprise des cours. Elle prit son sac et jeta le mégot par terre. Encore quelques heures de souffrance à supporter.






LE MOIS DE NOVEMBRE N'ÉTAIT PAS LE PLUS JOYEUX DU CALENDRIER. L'automne fait doucement place à l'hiver. Les jours deviennent gris et pluvieux.

Il pleut. Le ciel est gris. Les gouttes d'eau s'entre choquaient sur la vitre de la classe puis glissaient tout doucement en bas. Anaé est captivée. De toute façon, c'était bien plus intéressant que les notions de statistiques. Qu'elle ce qu'elle s'en foutait des mathématiques. De toute façon, ça ne lui servait à rien. D'ailleurs, elle ne savait même pas ce qu'elle allait faire de sa vie. Et dire que l'année prochaine elle ira vers le "monde des adultes". Quelle plaie.

Le temps passe trop vite. Et dire qu'hier, c'était juste une gamine au visage barbouillé de chocolat et la salopette couverte de poussières. L'enfance lui manque. La douceur lui manque. L'innocence lui manque. Qu'est ce qu'elle aimerait remonter le temps... Malheureusement, c'est impossible.

C'est peut-être pour ça qu'elle aimait tant regarder la pluie tomber. En plus d'être un divertissement, elles étaient de la même couleur. Gris. Comme son âme. C'est un peu dépressif tout compte fait.

Anaé s'ennuie. Des cours, des gens, de la vie. Bien évidemment il y avait la bande mais... Anaé se sent seule parfois. Comme si un énorme trou s'installait tout doucement dans son ventre. Son trou lui donnait envie de vomir tellement ça lui dégoûtait. Tout lui dégoûtait depuis un moment.

La voix stridente de Monsieur Feuillet, son professeur, lui commençait à taper le système. Elle n'en pouvait plus. Les yeux vers les nuages gris, Anaé rêvasse. Parfois elle voudrait bien rejoindre les nuages ne serai-ce qu'un instant.

- Anaé ?

La voix fluette de Clarisse la sortit de ses pensées. Elle se retourne vers son amie en fronçant les sourcils, un peu agacée d'être dérangée :

- Hum ?

- Ça va ?

- Pourquoi ça n'irait pas ?

- Ben... Le cours est terminé depuis cinq minutes et tu n'as même pas bougé.

- Oh...

C'est vrai. Plus personne n'était dans la pièce à par elles. Anaé soupire et rangea ses affaires.

- J'suis désolée j'suis un peu dans la lune en ce moment, souffla la métisse.

- Ce n'est pas grave. Tu veux en parler ?

- Je...

- Tu sais t'es pas obligée hein.

- Non t'inquiètes. C'est juste que... J'trouve que tout devient triste depuis quelques temps.

Clarisse fronça les sourcils et répondit :

- Peut-être parce que c'est la saison des pluies ?

- Mouais possible. Enfin bon, on y va ?

- D'accord

Et elles sortirent toutes les deux de la salle.

                     . . .


Yo les gars ! *ptdr mais c'est de la merde*

Je sais j'avais dit slow update mais j'ai une excuse : c'est pour vous donner un avant-goût avant le prochain chapitre (qui va arriver dans très très très longtemps) Du coup, voilà j'suis gentille je le poste quand même (tqt même pas tu parles au vide) Sinon j'espère que ça vous a quand même plu et à bientôt pour la suite (à bientôt mon c*l)

La bise,
Sou

P r e t t y  g i r l s [slow update]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ