𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓

―11―

Il se retourne vivement et me fusille du regard. Ses yeux sont larmoyants. Un sanglot se forme de nouveau dans ma gorge. Ça me fait mal au cœur de me dire que la seule personne, hormis moi, qui venait lui rendre visite, ne viendra plus.

Hésitante, je fais un pas en avant. Il en fait un, j'en fais un autre. Rapidement, nos corps s'entrechoquent avant de s'enlacer avec force. Je lui caresse les cheveux tandis qu'il sanglote dans mon cou, s'accrochant à moi comme si sa vie en dépendait. Une unique larme perle le long de ma joue.

Nous restons ainsi de longues minutes, à profiter de la chaleur et de l'empathie de l'autre. Je devais dire que c'était étrange d'être contre lui. Mais pas moins désagréable.

― J'ai essayé de m'interposer, murmurai-je. Je voulais les tuer mais elle ne voulait pas qu'il m'arrive quelque chose.

― Merci d'avoir essayé.

Il s'éloigne légèrement, restant tout de même assez proche, ne lâchant pas ses yeux des miens. Avec douceur, je viens essuyer ses joues humides, lui souriant faiblement par la suite. Le voir aussi vulnérable me fait quelque chose. Comme moi, son cœur n'est pas aussi glacé qu'on pourrait le penser.

― Je peux t'emmener à la cérémonie, si tu le souhaite.

― Odin ne l'acceptera jamais.

― Frigga était ta mère, tu as le droit de participer à sa cérémonie. Et, je suis assez intelligente pour éviter la foule.

Il faisait nuit et tout le peuple d'Asgard était présent, face à la grande étendue d'eau. Le ciel était d'un noir d'encre. Pas une étoile venaient le scintiller. De là où nous nous tenions, sur une colline verdoyante, Loki et moi avons une vue plongeante sur ce qu'il se passait en contre-bas.

Une barque voguait plus en avant, celle de Frigga, suivit de centaine d'autres. Les Elfes Noirs avaient fait beaucoup plus de victimes que je l'aurai pensé.

Une flèche enflammée se planta alors dans la barque de Frigga. Elle prit feu dans l'instant tout comme les autres, illuminant l'étendue d'eau noire. Je jetai un coup d'œil à Loki sur ma droite, qui fixait la cérémonie d'un air affligé. Sans hésiter, je glissai ma main dans celle du Dieu, qui entrelaça nos doigts.

Odin frappa son sceptre contre le sol et alors que la barque sur laquelle le corps sans vie de Frigga volait, une nuée d'étoiles s'éleva du corps pour voler jusqu'au ciel. Puis des boules lumineuses montèrent vers le ciel dans un spectacle magnifique. Tout en posant ma tête contre l'épaule de Loki, je levai la main gauche et laissai quelques papillons se faufiler entre mes doigts.

Je souris faiblement en sentant la main de Loki serrer la mienne, me remerciant silencieusement.

↫ 🞚 ↬

Deux jours étaient passé depuis la cérémonie de Frigga et je n'avais pas été revoir Loki. J'avais préféré le laisser tranquille pour faire son deuil. Mais, pour être honnête, j'avais envie d'être avec lui, de l'épauler, d'essayer de lui faire penser à autre chose. C'est pourquoi, au lieu de continuer les recherches sur les pierres, je me téléporte dans les prisons d'Asgard. J'atterris devant sa cellule et fronçai les sourcils en remarquant qu'elle était vide. Même les meubles ont disparus.

Où est Loki ? Est-ce qu'Odin l'a enfin libéré ?

― Safira ?

Je me tourne vers la voix grave qui venait de m'interpeler et suis surprise de faire face à Thor. Je recule de plusieurs pas alors qu'il s'approche de moi, les mains en l'air en signe de paix.

― Ne partez pas !

― Où est Loki ?

― Loki m'a dit que je vous trouverais ici. Je vous ai attendu.

― Qu'est-ce que vous voulez dire ?

― Loki est...

Il baisse les yeux mais j'ai eu le temps de voir l'accablement dans son regard bleu. J'avais un mauvais pressentiment.

― Il est quoi ?

― Il est mort.

Cet aveu me laisse pantoise. Loki est... Non, c'est impossible. Thor me faisait une blague.

― Il est mort en me sauvant la vie, ajoute-t-il. Avant de mourir, il m'a demandé de vous trouver et de vous dire qu'il aurait aimé passer plus de temps en votre compagnie.

Je hoche la tête, lance un dernier regard au grand blond avant de me téléporter dans ma chambre du Sanctuaire II. Je m'assois sur le bord de mon lit, prenant conscience que le Dieu de la malice n'était plus de ce monde.

Je ressens une vive douleur dans la poitrine et mes yeux me piquent. Je refuse de pleurer. Beaucoup de personne meurt chaque jour, c'est la vie, on n'y peut rien. Je ne dois pas être triste. Et pourtant, j'avais une atroce envie de pleurer.

Loki est mort et je ne le verrais plus jamais.