2.Une croissance de la fin de la guerre au premier choc pétrolier de 1973➡30glr

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• Des années 1950, au milieu des années 1970, les pays industriels connaissent une période de forte prospérité économique, aussi appelée « Trente glorieuses » par l'économiste Jean Fourastié.

Cette période fait suite à la reconstruction de l'Europe de l'ouest et du Japon après guerre grâce à l'argent des États-Unis et du plan Marshall (1947). La prospérité retrouvée se caractérise par une croissance économique forte (plus de 5 % par an en moyenne) et continue de tous les pays concernés. Les vaincus de la guerre (Italie, Japon, Allemagne) et la France connaissent même un véritable décollage économique qui les place dans le groupe de tête des grandes puissances.

• La structure économique de ces pays évolue rapidement. Les entreprises se modernisent, grandissent et se concentrent pour donner naissance à de grandes firmes de plus en plus multinationales. D'importants investissements sont faits dans la recherche, ce qui permet le développement des technologies de pointe. L'agriculture se modernise, améliore ses rendements grâce à la mécanisation, aux engrais et aux produits phytosanitaires, et s'industrialise en s'intégrant dans les filières agroalimentaires. La grande distribution se développe. L'industrie reste au cœur de cette croissance qui favorise aussi le développement des échanges commerciaux au niveau international.

• De multiples facteurs peuvent expliquer cette croissance. Tout d'abord, l'émergence d'une société de consommation, sur le modèle américain, fait exploser la demande de produits et de biens de consommation courante après les privations de la guerre. Cette consommation est de surcroît encouragée par la publicité et par un recours plus facile au crédit. La croissance démographique d'après guerre (« baby boom ») augmente le nombre de consommateurs, de même que le recours à l'immigration pour les besoins de la reconstruction. La « révolution scientifique et technologique » améliore la production tout en proposant de nouveaux biens d'équipements. La consommation de matières premières, de pétrole et d'électricité a explosé avec l'augmentation de la production, mais ces dernières sont bon marché (le baril de pétrole coûte 2$ en 1950). La concentration des entreprises accroit la productivité, les prix sont bas. Des accords internationaux comme les accords de Bretton Woods (1944) ou le GATT (1947) favorisent les échanges mondiaux.

Un ralentissement de la croissance depuis les années 1970 et la recherche d'un autre mode de croissance

• Les signes avant-coureurs du ralentissement de la croissance se font sentir dès la fin des années 1960 (surproductions agricoles, développement des inégalités, etc.). Mais l'essoufflement d'un système fondé sur les gains de productivité et la consommation de masse, le dérèglement monétaire provoqué par la fin des accords de Bretton Woods en 1971 et les chocs pétroliers de 1973 et de 1979 vont déstabiliser le monde.

• En 1973, après une aggravation des relations entre Israël et ses voisins, l'Organisation des Pays Producteurs et Exportateurs de Pétrole (OPEP) décide de quadrupler le prix du baril de pétrole, ce qui provoque une crise économique (1973-1974), puis un ralentissement de la croissance. La période qui suit se caractérise par une succession de crises (avec le second choc pétrolier en 1979-82, puis encore en 1987) et de périodes de reprise.

• La croissance économique n'est plus régulière : on parle de croissance molle. Les conséquences de cette situation sont importantes : entre 1975 et 1985, on a non seulement une croissance molle mais aussi une inflation qui dépasse les 10 % (on parle de stagflation). L'inflation sera vaincue par la suite, mais les États n'arriveront pas à trouver une solution au problème du chômage de masse.

• En effet, les coûts de production augmentent avec le prix de l'énergie et des matières premières, et les entreprises se mécanisent puis délocalisent leurs chaînes de production en dehors des PDEM (pays développés à économie de marché) où le chômage et les inégalités sociales augmentent . La consommation s'essouffle, ce qui génère de la surproduction.

La concurrence internationale des pays où la main d'œuvre coûte moins chère est de plus en plus importante et une nouvelle division internationale du travail émerge. Pour conserver leur puissance économique et survivre face à la montée de la concurrence, les PDEM sont obligés de se moderniser et d'innover. Ce sont en fait les règles qu'ils ont fixées dès le xixe siècle. Depuis 1973, leur PIB croît lentement alors que celui de pays émergents comme la Chine augmente de plus de 9 % par an.

• La croissance économique mondiale s'est donc poursuivie depuis les années 1970, mais avec des périodes de crise générées par la spéculation et le surendettement. Celle de 2007-2009 a durement touché les pays développés à économie de marché, alors que les puissances économiques émergentes ont mieux résisté. Des voix s'élèvent pour remettre en cause ce modèle de développement des PDEM, qui s'est peu à peu imposé au monde, et demande une forte consommation de ressources naturelles, tout ayant un impact fort sur l'environnement. L'enjeu est donc pour beaucoup de trouver la voie d'un développement durable conciliant développement économique, amélioration du niveau de vie des sociétés et respect de l'environnement.

Croissance et Mondialisation depuis 1850Where stories live. Discover now