Autant dire que la sociétéde consommation telle que le capitalisme mondialisé l'a façonnéerepose davantage sur du gaspillage que sur de réels besoins. Enfait, tout ce que l'industrie a accomplie en termes de rendementainsi qu'en diminution des coûts de travail pour subvenir à notreexistence, pourrait facilement s'accompagner d'un lâché-prise,d'une relativisation de la valeur travail, en sorte que passé uncertain stade de confort, cela nous suffirait à tous. Mais notresystème fonctionne à l'envers, de l'excitation des appétencespopulaires vers les moyens d'y satisfaire ; c'est pourquoi ilfaut toujours travailler plus pour produire plus pour consommer plus.Et tout le monde s'active dans ce sens en sorte que ce ne sont plusles principes ni la politique qui priment mais la valeur-argentéhontément excitée par une finance apatride sans vergogne. Ainsila boucle est bouclée. L'économie dirige le monde, et les peuplesvotent pour élire celles et ceux qui servent l'économie. Le pouvoirpolitique n'a alors plus son mot à dire sur l'ordre des choses et secontente alors d'administrer – un tas de lois, de règlements, denotes en tout genre, ça fait bien, on a l'impression qu'ilstravaillent et surtout qu'ils gèrent la situation, mais ça ne sertplus à grand-chose dans un système à bout de souffle et qu'ils necontrôlent absolument plus.

Cars'il existe bel et bien une concordance entre la politiquecapitaliste et l'état de santé de notre planète, c'est bien leurdétresse. Les gouvernements successifs en France ne savent plusqu'administrer ou jouer au bonneteau. Ils prennent ici pour mettre làet ils appellent cela faire de la politique. Ou encore, ilsactionnent les derniers leviers qu'ils leur restent en matière deconcurrence ou de clientélisme, sous forme non pas de cerclevertueux au service de l'intérêt du peuple, mais de cerclevicieux au service d'une poignée de profiteurs hors sol qui n'ontque faire ni de l'environnement, ni des citoyens qui ne se sententplus ni protégés ni représentés. Encore une fois, quand lepolitique, c'est-à-dire avec le spirituel la première fonctiontraditionnelle indo-européenne, est inféodée à l'économique,c'est-à-dire la troisième fonction, on ne peut que déplorerl'orientation des choses. Le paradoxe c'est que le triomphe de latroisième fonction avait, dès la révolution Française, pour butde limiter les inégalités économiques. Mais dans les faitscelles-ci n'ont jamais été aussi importantes aujourd'hui que danstoute l'histoire de l'humanité.

C'estpourquoi l'écologie, non pas celle inféodée au pouvoir économique,pas même celle soumise aux dogmes humanistes, prend tout son sens etse veut la seule voie légitime pour reprendre la main sur unedestinée occidentale qui nous semble de plus en plus sombre.

S'ils ont transformé nosterres en vastes zones de chalandise, nos fiers paysans et nosingénieux artisans en de simples travailleurs et vils consommateurs.S'ils ont remplacé nos principes et nos valeurs par l'appât dugain et le rendement. S'ils ont fait de nous de dociles pollueurspour nourrir la finance apatride et la cupidité de certains. S'ilsosent aujourd'hui nous parler éhontément de transition écologiqueet de respect de la nature. C'est qu'ils sont sans scrupules pour semaintenir en place au détriment de la nature et des peuples. Alorssoyons sans complexes, et battons-nous avec ce qu'il nous reste et cequ'ils détestent, ce qui fait que nous ne sommes pas des individusmalléables et interchangeables : notre identité ! Et cequi fait que nous ne sommes pas totalement avilis : notrehonneur !

Serge Latouche disait àjuste titre que « dans l'optique de la construction d'unesociété de décroissance, le problème n'est pas de changerl'étalon de mesure pour transformer la société, mais de commencerpar changer les valeurs et d'en tirer les conséquences pour lesconcepts. »

Toutes nos valeurs,aujourd'hui, tournent autour de l'avoir tandis que l'écologie exigedes valeurs qui gravitent autour de l'être.

L'hyper-rationalisation denos sociétés nous a complètement déconnectée de la réalitésentimentale, de toutes ces vérités qui nécessitent passion,audace, poésie et spontanéité. L'éthique de l'être, ou encorecelle de l'honneur, ont pour ainsi dire disparu. L'intellectuelbourgeois et bien-pensant, animé par le commerce des idées, acomplètement phagocyté l'esprit rural de la terre et le sens desréalités traditionnelles pour imposer son propre système devaleurs marchandes. Aujourd'hui, tout n'est plus qu'abstractioncommerciale et citadine dans une hyper-sollicitation et unesurpopulation qui mènent à l'épuisement du sentiment et àl'indifférence. Toutes les formes de bienveillances innées se sonttransformées en égoïsme afin de se préserver émotionnellementdes empiétements constants d'une société qui ne respecte plusl'intimité des individus et leur droit à l'espace et au calme.

Ecologie conservatrice et post-moderneWhere stories live. Discover now