Partie 1 sans titre

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« Vous connaitrez la vérité et la vérité vous affranchira... » Jean 8 :32

Je n'ai jamais eu la sensation d'appartenir à ce monde. D'ailleurs j'en ai toujours été plus ou moins rejeté. C'est ce monde qui a fait de moi un monstre. Mais c'est le Seigneur qui m'a fait renaître. C'est pourquoi je me dois de le raconter. Et pour se faire, autant attaquer par le début.

Au commencement, il n'y avait rien, ou du moins je ne m'en rappelle pas. Du plus loin dont je puisse me rappeler, au début, j'étais bien. Au fond, personne ne naît méchant, nous le devenons.

Ma famille et moi avons emménagé dans une grande maison à deux balcons et trois étages, située dans un quartier mitoyen. C'était une petite ville fortifiée à l'allure propre et tranquille mais il ne fallait pas s'y fier... J'ai tout de même eu la chance de naître à une époque où la télévision existait déjà bien que, comme beaucoup de famille, les enfants servaient de télécommande puisqu'elle n'existait pas encore.

Quoi que de ce fait, les gens sortaient moins et restaient cloitrés chez eux devant cette boîte qui nous diffusait une perception du monde qui n'est pas forcément la réalité. Elle nous donne un idéal sociétaire plus ou moins nocif à notre vraie nature. Mes parents se sont donnés corps et âmes pour que cette baraque soit la plus belle du quartier. Qu'est-ce que j'ai pu marcher sur des morceaux de verre tellement ils y ont gratté les boiseries des fenêtres !

Heureusement, nous avions la chance d'avoir un jardin, un grand jardin rien qu'à nous, accolé à celui du château. Nous y passions quelques moments heureux tous les quatre, avec mon frère David, issu du premier mariage de ma mère. Comme par exemple, nous cacher dans les hautes herbes, et devenir deux militaires à l'affut du moindre chat qui passe dans le coin.

Mes parents étaient ce que l'on peut appeler des acharnés et de ces friches qu'était notre terrain, y construisirent un lieu agréable à vivre, le tout de leurs mains. Ils passaient beaucoup de temps plus en hauteur dans le jardin à bécher. Un jour, ils y découvrirent une main en plâtre. Ils l'apportèrent au château avec pas mal d'autres morceaux, une vingtaine de cagettes au fil du temps, et cela nous donna droit à des visites gratuites.

Mais nous préférions nous poser sur la murette pour regarder les spectacles qu'ils donnaient. Un autre jour, c'est une alliance qui a été retrouvée et rendu à son propriétaire parce que ma mère, superstitieuse, ne voulait pas la garder.

De cette cour en béton où régnait une échelle géante sur laquelle je n'avais pas le droit de monter seule, ils y firent des escaliers carrelés. J'étais admirative devant leur courage mais contrariée qu'ils préférèrent couper les vieux arbres fruitiers du terrain sous lesquels je trouvais de gros escargots, pour y en planter des plus petits dont je n'aurai pas la patience de voir grandir. J'aurais bien vu une balançoire accrochée à l'une des branches d'un de ces géants de bois... Mais en guise de consolation, ils mirent un portique entier de l'autre côté, ainsi qu'un toboggan, sur lequel je n'avais pas le droit de grimper seule. Alors, nous passions du temps devant, avec mon lapin Kiki. Nous avions aussi des chats, Noirot et ensuite Mizette, qui aimaient roder dans le jardin et venir manger dans la cuisine. Et pendant un temps, une chienne, Dolly, qui en a eu marre de dormir dans la cour et s'est barré chez la factrice, là où elle est restée.

Ma mère, bien qu'avec une carrure charpentée, restait féminine avec ses longs cheveux noirs et passait beaucoup de temps à la filature où y besognait son père avant elle. Elle me traitait à la fois comme un bébé et comme une adulte. D'un côté je n'avais quasiment le droit de ne rien faire seule.

- « Attention tu vas te faire mal ! » Me criait-elle à chacune de mes tentatives d'autonomie. D'un autre côté, elle me racontait la vie à son boulot, ses problèmes de couple, le divorce avec le père de mon frère et les soucis de garde qui en découlaient etc... Et moi je l'aimais à tel point que je ne supportais pas qu'elle puisse porter de l'attention à un autre enfant. D'ailleurs, un jour alors qu'elle portait un bébé chez une amie, je me suis surprise à lui pincer les pieds par jalousie. Ça doit être cela que l'on appelle la possessivité.

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⏰ Last updated: Jul 25, 2019 ⏰

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chapitre 1 retravaillé au passéWhere stories live. Discover now