27 - How to like someone when you're a psycho ?...

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Il rit doucement de ma logique qui laisse à désirer, et passe son pouce sur ma joue.

- Je ne vois pas pourquoi je te trahirais. Si par malheur, il se passe quelque chose de mal entre nous, comme une dispute, ou je ne sais quoi, je tiens tellement à toi que je me reprocherais ça. Je ne t'en voudrais pas à toi, mais à moi de ne pas avoir su garder une fille aussi géniale que Miri Aaron. Donc non, je ne te trahirais pas. Ça te va ?...

- Comment je peux savoir que tu n'es pas un beau parleur, Sasha ?...

C'est la première fois que je l'appelle Sasha... Et ça fait... Un peu bizarre.

- J'ai l'air d'un beau parleur ?...

- Oui. Tu es un beau brun, tahitien et métisse, avec un sourire magnifique, qui a de la culture sans être coincé, qui est gentil avec tout le monde sans raison mais qui sait remettre les gens à leur place quand il le faut, tu es sympa avec tout le monde et tu es drôle. C'est le « mec à meufs » typique.

- Je suis sûrement beau, et je sais que je manipule bien les mots, mais un beau parleur... Je ne pense pas... Et tu ne peux pas savoir. Mais plus ça ira, plus tu verras que tu peux me faire confiance.

Il sourit et enlève sa main de ma joue.

- Pour répondre à ta toute première question... Oui, tu peux tomber amoureuse de moi. Ça me va très bien.

- Pourquoi un gars génial comme toi n'avait pas de copine ?...

- Tout simplement parce que si toi tu me considères génial, ce dont je me réjouis intérieurement mais que je ne vais pas montrer par soucis de crédibilité, toutes les autres filles ne s'intéressent pas aux gars comme moi. Et ça ne me dérange pas. »

       Je m'affale sur mon lit, et regarde ma main. Qu'est-ce que Sasha a bien pu lui trouver ?... Elle est ignoblement laide. Je ne comprends pas... Peut-être qu'il est stupide...

J'ai encore le cœur qui bat à mille à l'heure... Lemon avait raison en fait... C'est vrai que Sasha est bien pour moi... Enfin, je l'espère.

Mais c'est les vacances. Je ne le verrais pas. Tant pis... Noël est dans trois jours, alors ça me va. J'aurais pleins de cadeaux, et ça, c'est génial !

Je me mors la lèvre en pensant à tout ce que Sasha m'a dit. Absolument tout.

Comment est-ce possible ?... Ça veut dire que... Je lui plais toujours malgré tout ?... Malgré le fait que je m'arrache la peau ?... Que j'ai une maladie mentale orpheline ?... Ça lui convient ?... Mais comment est-ce possible ?...

Je me lève, et me dirige jusqu'à mon miroir. Je retire mon haut, et me retrouve en soutien-gorge devant la glace. D'habitude, les filles complexées se trouvent grosses, ou trouvent qu'elles ont trop peu de formes... Moi, ce sont les traces de mes ongles sur ma poitrine, les petites plaies sur mes épaules, mes boutons pas encore cicatrisés, mes doigts atrophiés et ma bouche défoncée qui me complexent.

Il faut vraiment que j'arrête avec Sasha. Je ne sais pas exactement ce qu'il y a encore nous, mais il faut que ça cesse. Penser à ça me replonge dans la dermatillomanie et je... Plus ça va, plus je me demande ce qui peut lui plaire chez une personne aussi horrible que moi... C'est impossible... Je lui ai avoué, il aurait dû partir... Ce n'est pas possible...

Et ça me consume. Je ne peux pas penser à un garçon, comme ça. Car indirectement, ça me rappelle pourquoi je ne peux pas avoir de sentiments. Alors ça me fait du mal. Beaucoup, beaucoup de mal.

Un autre cercle vicieux : de base, j'ai tendance à ne pas dire ce que je ressens, et a toujours afficher un visage inexpressif. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai développé cette superbe petite démence. Mais cette démence, je ne peux pas l'avouer aux autres. C'est pourquoi je cache encore plus mes émotions. Et donc, je replonge dans le triturage pathologique. Un vrai plaisir...

Je remets mon t-shirt, et mon pull, pour cacher toutes ces traces de faiblesse. Il faut que j'oublie cette merde... Il faut que je la sorte de mon esprit... Mais je n'ai aucune idée de comment faire.... Je peux vraiment y arriver toute seule ?...

Depuis le début, depuis que je me suis auto-diagnostiquée dermatillomane, j'ai l'impression d'être en bas d'une montagne gigantesque, sans outils ni cordes, et que je dois la franchir, seule. Cette montagne, c'est mon trouble. Et je souhaite plus que tout la franchir. Mais sans outils, sans aide... Ça semble insurmontable. On ne sait même pas par où commencer... Alors on abandonne. On s'assoit au pied de ce mont et on attend. On s'installe, on se construit une petite maison qui nous protège, et puis on reste coincé ici, sans savoir comment dépasser cette montagne.

On ne peut pas non plus partir, et changer de direction... Ce serait retourner dans le passé, et cela est impossible. Alors on s'enferme dans sa petite cabane, on pleure toutes les larmes de notre corps quand personne ne nous voit, puis on affiche un sourire heureux quand on croise des gens.

Mais le plus dur, c'est que cette maladie est extrêmement rare. On ne voit personne qui essaye de franchir la montagne, comme nous. Personne ne nous dit comment faire. Personne ne nous explique comment nous en sortir. Personne ne nous encourage. C'est un combat en solitaire. Un pauvre et faible humain, qui ressent douleur et tristesse, contre une gigantesque montagne, objet inanimé qui ne peut pas perdre.

Je secoue la tête pour oublier tout ça, et sors mon téléphone, pour appeler quelqu'un. J'appuie sur « Appeler », et attend qu'il se donne la peine de décrocher...

Psycho needs helpWhere stories live. Discover now