prologue

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Voilà maintenant trois nuits que je n'arrive plus à dormir. Il hante mes pensées. Et je sais que c'est mal. Je suis avec Benjamin et je l'aime. Enfin, je crois. En tout cas, je ne devrais pas penser à un autre. Surtout pas à un inconnu. Mais c'est plus fort que moi... Son regard m'a subjuguée. On ne s'est même pas adressés la parole mais j'ai ressenti quelque chose d'unique. Cette chose était si forte, et j'en viens à me demander si ce n'était pas ce qu'on appelle souvent "coup de foudre". Mais je dois m'ôter ça de la tête car il y a Benjamin. Ça fait déjà un an que nous sommes ensemble, et même s'il peut être immature parfois - souvent - il me rend heureuse. J'ai mis du temps avant de réussir à m'attacher à lui, il m'a longtemps couru après, mais après avoir mieux appris à le connaître, j'ai craqué pour lui. Cependant, il est mon premier petit copain et avant je n'imaginais vraiment pas ça comme ça. En fait, j'apprécie de passer du temps avec lui, mais je préfère que ça ne dure pas trop. Son caractère me plaît au lycée mais quand on se retrouve seuls, je m'ennuie un peu avec lui... Il parle souvent de jeux vidéos ou des mangas qu'il lit. Or, c'est intéressant mais j'aimerais pouvoir aborder des sujets plus sérieux avec lui. Maman dit que c'est normal, que j'ai toujours été plus mature pour mon âge et que je dois m'habituer à être un peu en avance sur les autres, que je ne dois pas en vouloir à Benjamin.
Mais voilà que depuis quatre jours, je n'arrive pas à m'ôter cet homme de l'esprit... Je pense plus à lui qu'à mon propre petit ami, et je m'en veux terriblement. Je n'ose même pas en parler à Mathilde ou Léanne , qui sont pourtant mes meilleures amies. J'ai peur qu'elles me jugent et je me sens déjà assez coupable d'avoir ces pensées déplacées...
Pourtant, il faut me comprendre. Ce garçon avait des yeux bleus si profonds... En le voyant, j'ai eu l'impression de l'avoir toujours connu. Et je me surprends à rêver qu'il ait pu penser la même chose.
Ses pensées me hantent depuis cet instant, et je ne sais comment m'en débarrasser. Surtout que nous sommes la fin de l'année, il ne reste que deux semaines de cours, je ne l'avais jamais vu avant... Il doit sûrement être venu s'inscrire pour un des BTS que propose notre lycée, car j'ai entendu que les inscriptions commençaient cette semaine et il avait l'air d'avoir la vingtaine.
Peut-être que je ne le recroiserai même plus... Cette pensée me donne des frissons. Pourquoi me met-il dans cet état ? Je suis avec Benjamin. J'aime Benjamin. Allez arrête de te torturer l'esprit Paulie. Tu aimes Benjamin. Endors-toi.

Un mois était passé depuis cette nuit affreuse où je ne fermai pas l'oeil un instant à force de me perdre dans mes pensées. Ma vie semblait avoir repris son cours et j'avais gardé secrets mes quelques tourments, désormais évaporés. C'étaient les vacances et il faisait particulièrement chaud. Je me décidai donc à aller me promener dans un parc peu connu près de chez moi. Il était tout en fleurs et je trouvais cela magnifique. Mais tout à coup mon cœur manqua un battement.  Je venais d'apercevoir le garçon de la dernière fois... Il lisait assis dans l'herbe. Je restai figée une longue minute à me demander ce que je devais faire. Après tout, aller lui parler ne m'engageait à rien, ce n'était pas de la tromperie... Alors sans savoir ce qui me prit, je m'installai à ses côtés et le saluai. Il me regarda d'un air interrogateur.

- On s'est déjà vus, non?
J'étais presque fébrile. Alors lui aussi m'avait remarquée?

- Ah oui peut-être, tu me dis quelque chose, c'est vrai. (Je ne voulais pas l'effrayer en m'avancant davantage). Je m'appelle Paulie Bertram, et toi ?

-Théo Cazab. Enchanté Paulie.
 
Je repris.
-Qu'est-ce que tu lis ?

- Le banquet de Platon. Il ferma son livre en prononçant cette phrase et se tourna un peu plus vers moi. Ses yeux se planterent dans les miens.

- Oui mais je ne l'ai jamais lu, je devrai peut-être l'étudier l'année prochaine.

Il me demanda pourquoi je disais cela et je lui répondis que j'allais passer en terminale littéraire. Son visage se crispa. 

- Tu fais plus vieille que ton âge. Dit-il sur un ton de plus en plus froid.

- Je ne savais pas que les lycéens n'avaient plus le droit de parler aux étudiants qu'ils croisaient. Répondis-je.

Il se décomposa totalement et rajouta:

- Un étudiant ? Il bégayait.  Je ne suis pas un étudiant, je suis professeur de philosophie.  Et je crois qu'on ne devrait pas se parler.

Je le fixai pendant quelques secondes, choquée par ce rejet. Sans rien ajouter de plus, je me levai et rentrai chez moi.
Pourquoi m'avait-il repoussée ainsi ? Il n'est pas interdit aux professeurs de parler avec leurs élèves, encore moins quand nous n'avons jamais eu cours ensemble. Il n'était même pas sûr qu'il aurait ma classe.
Pendant la nuit, je me demandai si en réalité il n'avait pas pu ressentir la même chose que moi, si je lui avais plu et qu'il avait pris peur en sachant que j'étais au lycée. Peut-être s'était-il dit qu'il ne fallait pas qu'il s'attachât à moi. Cependant, très vite je me fis à l'idée : il ne pouvait pas s'intéresser à une fille comme moi. Et de toute manière, je ne devais pas m'intéresser à lui non plus : il était un professeur et j'étais avec Benjamin. D'ailleurs je devais le voir deux jours après.

| Voilà ma nouvelle histoire ! C'est court mais je souhaite d'abord être sûre que certains seront intéressés :) Laissez-moi un commentaire si ça vous plait car c'est vraiment stimulant, ça aide d'avoir des retours (rien que pour se motiver !) Au passage, si quelqu'un est prêt à me faire une jolie couverture pour mon livre qui corresponde au thème de celui-ci, je lui en serais très reconnaissante et je pourrais éventuellement lui faire de la "pub" s'il le souhaite. Bisous !! Belhonneur.|

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⏰ Last updated: Jul 20, 2019 ⏰

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À Travers Son Regard (P/É)Where stories live. Discover now