Lucien le perroquet

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Lucien vivait dans une grande maison. Il ne savait pas vraiment à quoi elle ressemblait, mais il savait qu'elle était grande. Depuis sa petite cage, il entendait bien les humains qui l'entouraient dire que la maison était grande.

Depuis qu'il avait quitté sa première cage, dans l'animalerie, Lucien avait toujours voulu vivre en liberté. Le volatile aux plumes bleues et vertes était persuadé qu'un jour, il pourrait être libre comme l'étaient les humains qui l'entouraient.

Il avait été adopté, ou plutôt acheté, par de riches avocats. En réalité, il ne s'était jamais senti membre de la famille. Il voyait bien qu'il était là pour amuser la galerie, il avait conscience qu'il n'était, pour ces avocats, qu'un énième signe de leur richesse.

Il les détestait. A chaque fois qu'il y avait des invités, il avait le droit de sortir de sa cage, mais c'était toujours pour qu'on lui demande de se donner en spectacle. Quand on lui disait "dring dring", il était obligé de répondre "allô ?", quand on lui donnait des calculs simples, il avait appris à donner les bons résultats. Il ne comprenait rien aux mathématiques, mais il se devait de dire ce qu'on lui avait appris à dire s'il souhaitait manger le soir. Un jour, il lui était arrivé de donner une mauvaise réponse car il ne se souvenait plus de ce qu'il avait à dire, et il avait été privé de repas.

Un matin d'hiver, alors que l'un de ses humains était venu lui donner à manger, il décida qu'il ne resterait pas un jour de plus dans sa minuscule cage. Lorsque l'humain ouvrit cette dernière, il se sauva, réussissant, en des battements d'ailes acharnés, à échapper à l'humain en passant par la fenêtre et en s'envolant loin de la maison.

Ce fut la deuxième et dernière fois qu'il vit l'extérieur de la maison. En voulant faire une pause, il décida d'atterrir sur la route, puis se fit écraser par une voiture. Au volant, c'était son humaine, qui venait de partir de la maison pour aller au travail.

En descendant du véhicule pour constater la mort de Lucien, l'humaine se dit qu'elle ne posséderait plus jamais d'oiseau, car ces derniers étaient probablement mieux dehors.

Deux jours plus tard, elle adopta un poisson rouge, car jamais un poisson rouge ne pourrait s'échapper de son bocal.

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