Prologue

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Shann'

J'ouvre la porte, il est bientôt 21h, je dois me mettre au lit pour 21h30. Ma mère va encore me saouler avec ses histoires de « Si tu rentres aussi tard, à quel moment tu peux faire ton travail de classe ?! » et ça finira une énième fois en dispute. Mais qu'est-ce qu'elle peut être reloue elle. Je me donne déjà assez au lycée pour en rajouter une couche.

Le salon semble désert, il n'y a pas un bruit. Margot doit sûrement être avec Anthony dans sa chambre pour « réviser ». Eh bien-sûr tout le monde la croit. Elle a 19 ans hein, elle fait ce qu'elle veut après tout, et c'est la petite Shann' qui trinque. Super.

J'avance à pas de loup. Je prie intérieurement que personne ne m'entende, si encore il y a quelconque adulte – hormis cette immature de Margot – qui soit encore là. Ma chambre est à l'étage et l'escalier grince. Il faudra que je pense à en avertir Marc, mon beau-père, qu'il serve au moins à autre chose qu'à m'énerver.

Voilà, je suis en face de la cuisine. A environ vingt-cinq mètres, il y a l'escalier. Je touche de l'index le verre du plan de travail. Cette maison est incroyablement belle. Dix ans de travail acharné de mes « parents », leur vie n'aura pas été inutile. Enfin... Bon.

Soudain, j'entends quelqu'un respirer. Non haleter. Non. Gémir ? Oh non, non ! Margot, pourquoi t'es ma sœur ?! Au moins, je suis sûre qu'ils ne sont pas en train de me suivre, ni même de penser à moi.

Je monte. Première marche, aucun grincement. Deuxième marche, un léger bruit. Rien d'alarmant.

Alors, prenant mon courage à deux mains, je monte l'escalier à toute vitesse et manque de tomber face contre terre, et par la même occasion m'exploser le nez. Je lâche inconsciemment un léger « aïe », ce qui a pour conséquence de stopper les gémissements et de mettre un silence pesant dans la maison. Je retiens ma respiration, comme si, de là où ils sont, ils pourraient m'entendre respirer. Pathétique.

« Sha' ? C'est toi ? »

Mais croûte !

Lui répondre ? Ne pas lui répondre ? Je choisis la deuxième option. Cette folle est capable de me faire du chantage avec cette seule information. De plus, pour leur bien-être, je vais leur éviter le malheureux malaise de la petite sœur qui écoute aux portes. De plus, je n'écoutais même pas !

J'entre en vitesse dans ma chambre sans oublier de fermer délicatement ma porte à clef. Pfiiiouu... J'ai évité le pire. Mon cœur se calme et je peux enfin respirer. Je retire mes baskets, je retire mon t-shirt et mon jean, et j'observe mon corps dans la glace. Je ne suis pas si mal. Je suis même belle. Vraiment belle. Mais j'ai d'énormes cernes. Beurk ! Il faut que je me démaquille et que j'arrange un peu tout ça. Mais d'abord, je crève de chaud dans cette chambre. J'ouvre les fenêtres et je regarde au loin. Je n'avais jamais remarqué que la maison d'en face était habitée, et j'avais encore moins remarqué qu'un garçon plutôt mignon s'asseyais sur le rebord de sa fenêtre et jouait si bien à la guitare.

« Des nouveaux voisins ? Murmurais-je. Intéressant... »

Suis moi, je te fuis Fuis moi, je te suisWhere stories live. Discover now