Envers et contre toi - *Sous contrat chez Black ink éditions*

Chapitre 6 - Mia

 Si mes souvenirs sont bons, la salle de bains est la pièce juste en face la chambre de Math.

Je pousse la porte et me ravise aussitôt, tombant dans l'une des six chambres que la maison comporte, qui plus est prise par un couple, disons... « occupé ». Je grimace et referme aussi discrètement que possible. Je ne viens certes pas de faire mieux, mais j'ai quand même assez de jugeote pour fermer la porte à clé.

Au rez-de-chaussée la fête bat son plein. L'écho de la musique s'écrase contre les murs et les rires alcoolisés fusent dans tous les sens. Je ne sais pas combien nous pouvons être, mais l'air tiède surchargé d'effluves d'alcool parvient jusqu'à l'étage.

J'ai plus de chance avec la porte suivante. Après un bref coup d'œil circulaire m'assurant qu'elle est vide, j'entre dans la salle d'eau et verrouille dans mon dos.

L'eau fraîche que je m'envoie au visage ne m'aide en rien à apaiser ma conscience. « Tu te sers de Math, c'est moche » me serine encore et encore ma petite voix.

Qui a raison, qui a tort ? Ai-je envie de me voiler la face ?

Je soupire, appuyée sur le lavabo, à fixer mes yeux de pauvre fille complètement larguée dans le miroir. Qui suis-je et où vais-je ? Pour la première fois de ma vie, je n'en ai aucune idée.

Un coup sur la porte me fait sursauter. J'essuie le maquillage qui a coulé sur mes joues, mais attendre n'est visiblement pas la qualité première de la personne de l'autre côté du battant.

— J'espère que vous n'êtes pas en train de baiser là-dedans ! grogne une voix féminine en essayant de forcer une nouvelle fois l'entrée de la salle de bains.
J'ouvre avant que cette sauvage ne reparte pas avec la poignée. La scène qui se déroule ensuite est affreusement dégoûtante. La petite blonde impatiente me fusille du regard, soutenant une de ses amies, tout juste consciente (mais très souriante, allez savoir pourquoi), couverte de vomi. D'où l'empressement pour la salle de bains. J'esquisse rapidement un pas sur le côté, il n'est pas question qu'elle me touche. Elle se les garde, ses morceaux.

— Viens, Cassandre. On va nettoyer ça.

Je retiens la nausée qui monte et m'éloigne dans le couloir, loin des effluves de repas, d'alcool et autre substances ingérées.
Quelle heure est-il pour être dans un état pareil ? Je sors mon téléphone dont le voyant m'indique un message. Marie doit me chercher depuis tout ce temps. Mince, si ça se trouve elle veut rentrer ! Pourtant non, c'est à nouveau un auteur inconnu. Math ? Déjà ? Je ne suis même pas arrivée en bas...

[J'ai eu peur d'avoir tout gâcher.]

Je ne pensais pas Mathieu si peu sûr de lui et je ne veux pas qu'il doute de lui, de nous. « De nous », ça me fait bizarre de nous définir de la sorte mais c'est bien ce que nous sommes désormais. Je vais bien finir par m'y habituer. Je frappe à sa chambre, priant pour qu'il y soit encore.

— Math c'est moi, je peux entrer ?
— Tu n'as pas à demander Mia ! m'invite-t-il en ouvrant. Ce n'est pas comme si tu allais me trouver avec une fille, ajoute-t-il en riant. Tu as oublié quelque chose ?

Je pénètre dans la pièce et pousse la porte dans mon dos.
— Je voulais savoir pourquoi ce message. Je n'ai pas eu le temps de descendre, tu es si accro ?
— Je ne comprends pas, quel message ?

Il croise les bras sur son torse rhabillé et un petit pli se forme entre ses sourcils. Il a vraiment l'air de ne pas savoir où je veux en venir. Pourtant il n'y a que lui pour me dire des choses pareilles !
— Oh arrête de jouer les innocents, tu sais forcément de quoi je parle puisque tu viens de me renvoyer un SMS. Je me suis d'ailleurs rendu compte que je n'avais plus ton numéro. Tu as encore changé ?
— Pas plus tard que la semaine dernière, oui. Ma carte SIM n'a pas supporté l'eau. Mais je ne comprends vraiment pas, je ne t'ai envoyé aucun message. Je te l'ai dit, je voulais t'éloigner de ma tête, ce n'est pas en t'écrivant que j'aurais réussi.
Je reste plantée sur place comme une idiote, incrédule. Mais qui est-ce alors ?