Viande hachée au menu

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De nouveau, le lieutenant de police en charge du crime qui a eu lieu à Montségur, quelques mois auparavant, arrive dans les locaux du médecin légiste Conan. Le docteur Dereck Conan, toujours penché au dessus de ses cadavres habituellement, n'est pas dans sa morgue. Le lieutenant Dan Cooper, s'étonnant de son absence, commence à chercher le docteur. Mais en vain.
En revenant dans la salle principale, Cooper entend un bruit étrange venant de l'une des cellules réfrigérantes permettant la conservation des corps. Il sort rapidement son arme et la braque en direction des chambres mortuaires. D'autres bruits se font entendre. Encore et encore. Ils redoublent pendant que le lieutenant s'approche lentement de la cellule mortuaire. Les bruits sont de plus en plus forts.
Quand Cooper arrive au niveau de la porte de la chambre mortuaire d'où viennent les bruits, la porte s'entrouvre légèrement. Une main passe dans l'étroite ouverture et des grognements se font entendre. Le lieutenant garde son arme braquée en direction de la main et de la porte.
Cependant, après quelques instants d'observation et d'attention, l'homme baisse son arme et la range doucement. Il lève les yeux au ciel en soupirant pendant que les grognements augmentent.
Le docteur Conan venait de sortir de la cellule mortuaire, une lampe frontale encore en place et allumée, un tournevis et un marteau dans une main, et ses éternels gants en latex et blouse blanche de médecin.

"Docteur.", dit simplement le lieutenant Dan Cooper.

Le médecin légiste se dépoussière légèrement avant de lever la tête vers le lieutenant de police en face de lui. Il remet ses lunettes sur son nez, mal à l'aise.

"Excusez-moi lieutenant, je devais réparer le mécanisme de refroidissement de mes amis décédés.", commence-t-il.

Le lieutenant le regarde, un peu étonné de la formulation employée. Encore un peu mal à l'aise face à sa réaction, le docteur Conan s'agite et se tortille comme une tortue sur le dos ou une abeille dont les ailes seraient recouvertes de cendres. Il finit par se ressaisir.

"Hum hum.", se racle-t-il la gorge bruyamment en allant près du corps récemment autopsié qui se situe au centre de la pièce.

Le lieutenant le suit, toujours silencieux, mais attentif.

"Bon, alors, vous souvenez-vous du meurtre de Montségur?", commence-t-il en gigotant des doigts à la manière d'un médecin légiste.

"Oui, évidemment puisque vous avez résolu ce meurtre en moins de temps qu'il nous en a fallu pour rapporter le cadavre de la scène de crime.", répond le lieutenant avec une moue mi déçue, mi satisfaite.

"Eh bien, ces deux cas sont similaires sur plusieurs points. Première chose, les deux victimes sont des femmes. Ensuite, les deux crimes sont passionnels. Enfin les deux auteurs de ces crimes sont de sexe masculin."

"Donc la victime est une femme, et le meurtrier,  l'homme avec qui elle avait une aventure.", répète le lieutenant en prenant des notes.

"Qui a parlé de meurtre? Je ne choisis pas mes mots par hasard lieutenant."

"Alors selon vous il s'agit d'un accident?"

"Exact."

"Je vous avouerais que j'ai du mal à vous suivre. Cela ressemblait pourtant tellement à un acte délibérément criminel. Poursuivez vos explications."

"Ce n'est finalement pas bien compliqué, regardez. Notre victime, Anna Keller, âgée de 22 ans à peine d'après sa carte d'identité, devait se trouver sur son toit, d'après les traces couleur rouille que l'on peut voir sur son pantalon, au niveau de ses genoux et sous ses ongles. De plus, elle n'était pas seule et devait aider quelqu'un car elle ne porte aucun autre signe d'effort. Je suppose son mari puisque c'est lui qui a appelé la police. En comprenant qu'elle le trompait, celui-ci s'est énervé et elle a arrêté de l'aider. En voulant redescendre du toit trop rapidement à cause de l'énervement, elle est tombée de l'échelle en dérapant et en se cognant, ce qui explique la bosse sur le côté droit de son front ainsi que les nombreuses fractures. Je reste sur l'avis d'un accident même si elle n'était pas encore morte à ce moment là. Je pense, d'après les photos que vous m'avez donné de la scène de crime et les activités météorologiques récentes, que l'arbre qui est tombé sur la maison est le résultat du travail qu'ils faisaient ensemble sur le toit. La tornade de la veille doit justement être la raison de leur acte: l'arbre devait être fragilisé. Enfin, là n'est pas le sujet! Mais cela explique malgré tout la présence de cette arme du crime qui est, on peut le dire, plutôt peu commune. Je vais donc terminer l'explication de cet accident en y donnant le coup de grâce à mon tour. Notre victime descendait donc l'échelle les mains vides mais la colère de sa discussion l'a trahie et elle s'est cognée en glissant et a fini les quatre fer en l'air, sur le sol. Cependant, cela ne l'a pas tuée. Vous allez donc me demander «mais comment est-elle morte alors?». Et je vais vous répondre: encore une fois, il s'agit seulement d'un accident. En tombant, la victime a fait du bruit ce que son mari a entendu. Il s'est retourné, a posé ce qu'il tenait et cet objet est tombé. Il a fini sa chute en plein milieu du crane de la victime, d'où cette entaille énorme en plein milieu de son front."

"Au moins, j'avais deviné la cause de la mort."

"Certes, mais vous le voyez le crime peut être considéré comme passionnel, et on peut croire que le crime a donc été commis par le mari. Mais cette fois-ci, c'est tout simplement un accident."

"Mais comment vous pouvez savoir qu'ils se disputaient et la raison de cette dispute?"

"Cela me parait pourtant évident! Pourquoi serait-elle descendue, les mains vides, si ce n'est à cause d'une dispute? Quant à la raison de cette dispute, je vous l'ai dit, l'adultère. Il suffit de regarder son alliance. Elle est propre à l'intérieur mais sale à l'extérieur alors que les autres bijoux sont propres donc nettoyés souvent. Et la seule chose qui peut faire d'une bague un objet propre à l'intérieur mais pas  l'extérieur, c'est l'usure à force de l'enlever et de la remettre. Donc notre victime devait avoir plusieurs amants, qui eux n'étaient pas au courant qu'elle était mariée."

Le docteur Conan sourit au lieutenant comme si tout était normal tandis que le lieutenant reste bouche-bée face aux explications du médecin légiste.

"Désolé pour vous lieutenant, cette fois-ci vous n'avez personne à arrêter.", ajoute Dereck Conan en haussant les épaules pour clore l'affaire.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 25, 2023 ⏰

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