° EAU ° ET • FEU • | Nouvelle

IV - Espoir

Consigne :

Un récit d'aventures vécues avec 《l'autre》 comportant : des péripéties narratives organisées (une ou plusieurs), des descriptions de lieux, l'évocation de l'évolution de la relation à 《l'autre》 lors de ces aventures.

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Perdue est le bon mot pour me définir actuellement. Je suis assise, mais mes mains ne cessent de trembler. Toute ma réalité s’effondre secondes par secondes. Premièrement, je découvre que ma mère, décédée à ma naissance, était de la Tribu de Feu. Je m’enfuis donc pour découvrir qui sont vraiment les habitants de la Tribu de Feu. Je rencontre ensuite Kay, qui m’aide à comprendre sa Tribu. Cependant, maintenant, il me dit que ceux qui se disent gardiens de la paix, ma Tribu, celle de l’eau, a en réalité un tout autre visage.

Si je dois croire en ses propos, nous serions à l’origine de la guerre qui a détruit notre monde pendant des milliers d’années et que mes ancêtres étaient donc les plus cruels et vicieux. Je pourrais bien sûre ne pas le croire, penser qu’il ne fait que déblatérer des mensonges. Malgré tout, il y a quelque chose qui me pousse à lui faire confiance. Derrière son regard brûlant et ses pupilles rouges rubis, à mon plus grand malheur, je ne décèle aucun mensonge. C’est pourquoi, je ne sais plus quoi penser, dire ou faire. Je suis perdue entre deux Tribus, entre deux destins, prisonnière de mes propres pensées. Tout à l’heure, suite à sa révélation, je me suis enfuie, je ne pouvais rester figée en face de lui, les larmes aux yeux. J’ai préféré courir, signe que je fuyais toute responsabilité, ainsi que la vérité. Il m’a rattrapé alors que je paniquais au beau milieu d’une foule, et m’a ensuite amené ici.

Maintenant je suis là, assise, les yeux dans le vide, à me ressasser les récents événements. Devrais-je lui demander ? Lui poser des questions ?  Me taire ? Fuire à nouveau ? Je tourne un instant ma tête pour le regarder. Il semble indifférent, comme lui aussi happé par ses pensées lugubres et moroses. L’endroit où nous sommes me fait penser à un jardin en train de périr. Les plantes sont toutes sèches et manquent visiblement d’eau. Cela me fait un pincement au coeur.

Nous sommes assis sur un banc en pierre, et sur le sol, comme au marché, se promène de la poussière qui me pique les yeux lorsque le vent se lève. Je lève les yeux au ciel, cherchant du regard un ciel bleu. Cependant, je n’en vois pas. Il fait gris, mais très chaud, l’air est tout aussi étouffant que ce matin. Je reporte mon attention sur les quelques parterres d’herbes sèches au loin, rien ne pousse ici. Je trouve ça particulièrement triste, comme si tout était voué à l’échec, pas d’espoir. Je décide enfin de couper court au silence. Voulant des réponses, d’un ton plat mais inquiet je lui demande alors  :

- Puis-je vraiment te croire ?

    Au son de ma voix il se retourne vers moi et me fait face. Je ne détourne pas les yeux et soutiens son regard. Il se décide à me répondre après quelque secondes d’attente :

- As-tu ressentie ne serait-ce qu’une once de mensonge dans ce que j’ai dit ?

    Je me torture quelques instants l’esprit, oscillant entre deux réponses.

- Non, je finis par répondre à voix basse.

    Mes inquiétudes se grandissent au fur et à mesure que je comprends la grandeur et l’importance des mots qu’il m’a dit.