Imagine un rêve

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Les deux jeunes hommes étaient toujours allongés l'un à côté de l'autre. La tête de Noël reposait désormais sur l'épaule d'Elliot. Ils passaient un bon moment calme. Soudain, le châtain se releva, pensant à nouveau à la phrase blessante qu'Elliot avait formulée peu avant. Et si les choses pouvaient s'arrêter ainsi à tout moment ?

— Imagine que... Nous sommes dans un rêve collectif.

Le blond le regarde, interloqué. Il avait l'habitude que Noël soit aussi nerveux, et parte dans tous les sens en quelques secondes, ou change d'idée instantanément, mais il cherchait toujours à le comprendre.

— Qu'est-ce que tu veux dire Nono ?

— Que nous rêvons que nous imaginons que nous sommes dans un rêve collectif. Que tout ça n'est qu'une longue illusion. Qu'en une nuit on aurait vécu tout cela, et qu'au petit matin, aux premières lueurs de l'aube, on disparaitrait chacun de la mémoire de l'autre, et...

— Dans ce cas, je ne voudrais jamais me réveiller.

La réponse avait été instantanée de la part d'Elliot. Même si la question aurait été incompréhensible pour leurs camarades, il l'avait comprise. Et si tout était un rêve, tout ce qu'il vivait avec Noël, il voudrait jamais que ça s'arrête. Absolument jamais.

— Pourquoi ? Les rêves ne sont-ils pas faits uniquement pour peupler nos nuits ?

C'était la question complexe que le plus grand des deux redoutait toujours. C'était toujours compliqué pour lui d'approfondir ses propos. Surtout devant le regard si craquant de Noël, qui le fixait en attente d'une réponse et d'arguments de réponse.

— Parce que j'ai rencontré des personnes exceptionnelles ! J'ai noué des amitiés et j'aimerai encore pouvoir nouer un amour. Apprendre à adorer, apprendre à admirer, apprendre à aimer ; ça, je ne veux pas le rater. Si c'était un rêve, est-ce que nos souvenirs seraient immarcescibles ? J'en doute fort et je ne veux pas oublier ce monde que j'ai chéri.

Oui, il en avait rencontré des personnes exceptionnelles dans sa vie. À commencer par ses parents. Mais là, à ce moment précis, il ne pensait ni à ses parents, ni à ses professeurs, ni à toutes les personnes qui lui avaient tant apporté. Il pensait à Noël. Celui-ci d'ailleurs, sembla se satisfaire de sa réponse, et y apporta sa touche personnelle.

— Je te comprends totalement ! Qu'est-ce qu'on ferait, que deviendrait-on l'un sans l'autre ? Est-ce qu'on aurait seulement un avenir en dehors de ce rêve s'il était réel ?

Le châtain avait toujours aimé agréer les dires d'Elliot. Ça lui donnait l'impression d'arriver à sa hauteur. À son niveau. À ses yeux, Elliot était un titan situé en haut du classement, et lui, il était le pauvre maudit grimpant avec effort la moindre marche.

Et... Si c'était un rêve, le réveil signifiait la perte d'Elliot. Et c'était inimaginable pour lui. Tout était bon pour rester debout. Tout.

— Tu fais encore des rêves, toi ?

La question sortit Noël de ses pensées.

— Oui, ça m'arrive encore... Je rêve de toi, enfin, de nous deux, allongés ici, comme d'habitude... J'imagine les questions qu'on pourrait se poser et je sombre chez Morphée. Enfin... Pourquoi m'as-tu posé cette question ? Tu ne fais plus de rêves ?

Oh que si, il en faisait des rêves, mais ce n'était plus les petits oursons de son enfance qui berçaient ses nuits. Elliot n'aimait pas se l'avouer, mais il était vraiment complètement obsédé par son ami. Et complètement était peut-être un mot encore trop léger par rapport à ses brusques battements de cœur.

Quelle situation de merde.

— Tu disais rêver de nous... C'est tout ? Je veux dire, je suis si intéressant que j'occupe toutes tes nuits c'est ça ?

Le châtain ne réagit pas au fait que son ami avait complètement esquivé ses questions. Il avait l'habitude.

— Non ! Je rêve aussi d'autres mondes, d'univers parallèles...

Et surtout, il rêvait d'Elliot.
Elliot. Beaucoup d'Elliot.
Rah.

C'était bien trop complexe.
Bien trop prise de tête.
Il revenait toujours à sa situation de départ.

Et il reposa donc sa tête sur l'épaule du blond, humant discrètement le parfum de sa peau...

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