La crise dura bien plus longtemps que celle de Darius. Leeroy se tordait de douleur, le souffle court. De fines gouttes commençaient à perler sur son front crispé.

— Darius... c'est... c'est...

Darius n'avait pas besoin d'entendre la suite. Il savait que les conclusions de Leeroy rejoignaient les siennes. Il se sentait impuissant. Il ne savait pas comment faire cesser sa peine ni comment le rassurer. Il avait tenté d'occulter l'origine du mal lorsque la crise l'avait frappé la veille. Mais si Leeroy connaissait les mêmes tourments, il ne pouvait l'ignorer.

— Nous devons parler au Roi.

***

Une audience leur fut accordée moins d'une heure après. Darius était certain que le Roi s'était libéré pour les recevoir. Leeroy s'était rétabli après de longues minutes de douleur. Il avait décrit l'expérience avec les mêmes mots que ceux employés par Darius. Cela n'avait fait que nourrir son inquiétude.

Dans la salle d'audience, plus petite et moins cérémonielle que celle du trône, le Roi Farhang Navdar les attendait.

On raconte que la pièce n'avait pas toujours été aussi accueillante. Sous le règne de Maadi Navdar, tout était plus froid et plus austère. Aujourd'hui, avec ses fresques aux couleurs chaudes, ses tapis aux motifs géométriques et ses fenêtres bordées d'épais rideaux de soie, la salle d'audience était à l'image du règne de Farhang : rassurante et conviviale. Elle avait presque réussi à apaiser l'âme tourmentée du jeune homme impétueux qu'il était la première fois qu'il avait foulé les tapis brodés de fils d'or.

— Bonjour à vous, Darius et Leeroy. Rien ne me fait plus plaisir que de vous voir aujourd'hui, mais j'ai cru comprendre que le message était plutôt déplaisant.

Comme à son habitude, Leeroy ne s'agenouilla pas devant le Roi comme le voulait pourtant le protocole. De manière générale, Leeroy était peu respectueux des règles de bienséance. Darius se crispait toujours à chaque manquement à l'étiquette, mais Farhang ne semblait pas s'en offusquer.

Darius s'avança de quelques pas vers le siège royal et décrit à Farhang les crises survenues dans la matinée et la veille. La mine du Roi se troubla quelque peu. Par précaution, le monarque fit venir son médecin personnel, Esegar Haref. Il voulait écarter toute forme de maladie connue à ce jour. Esagar leur posa quelques questions sur les symptômes. Après un bref examen médical, il vint à la conclusion que cela dépassait ses compétences. Darius et Leeroy avaient besoin d'une prêtresse.

Ils furent conduits au temple principal, celui qui les avait accueillis la veille. Farhang avait tenu à les accompagner. Leeroy paraissait plutôt agacé à l'idée de retourner au temple. Darius supposait qu'il n'honorait pas vraiment les dieux.

— Que vont-elles nous faire ? interrogea Leeroy.

Ils avaient été invités à s'assoir sur des bancs de pierre assez longs et larges pour qu'ils puissent s'y coucher. Sous leurs pieds, un mince filet d'eau coulait avec calme. Le Roi avait ordonné à ses gardes d'attendre hors du temple. Il se tenait à quelques mètres d'eux, inquiet.

— Ce ne sera pas douloureux, voulut rassurer Darius.

Il avait dit cela d'un ton impatient, mais il n'était pas sûr lui-même de ce qu'ils s'apprêtaient à subir. Ils allaient bientôt le savoir ; deux femmes venaient d'apparaitre dans de petites alcôves de pierre lisse. De fins voiles recouvraient leur visage, à l'exception de la bouche qui était peinte de bleu et d'or.

— Nous sommes les prêtresses du temple de Shayim et de Rahun, les deux déesses-mères de la cité.

— L'une insuffla la vie aux Mariids, l'autre fait régner l'ordre et l'harmonie. Nous les servons et les honorons. Nous avons été informées que l'équilibre de vos flux a été perturbé. Nous allons détecter l'origine du déséquilibre. L'opération peut s'avérer douloureuse.

Hurleblast - Tome 2 : Les descendants des MeidhirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant