Hurleblast - Tome 2 : Les descendants des Meidhir

Chapitre 3

Darius devait bien admettre qu'il était agréable de se réveiller en présence de Leeroy. Par le passé, il avait déjà connu les réveils en compagnie d'amants. Tous n'avaient été là que pour abreuver le besoin qu'il avait de vivre pleinement, sans jamais parvenir à étancher sa soif. Cette époque paraissait si lointaine à présent, presque d'une autre vie.

Il prit le temps de contempler le visage harmonieux de Leeroy. Lors de leur première rencontre, il avait trouvé sa beauté insolente et méprisable. Au fil du temps, Darius avait appris à voir un autre visage de Leeroy. Ses traits s'en étaient retrouvés plus tendres, plus vulnérables. Si bien que Darius avait du mal à détourner son regard de lui.

À ses côtés, Leeroy s'étirait et reprenait ses esprits en douceur.

— As-tu refait un cauchemar ? demanda Darius.

Leeroy, encore à moitié endormi, se tourna vers lui. Il se contenta d'un signe de négation pour toute réponse.

Darius lui sourit. Leeroy lui rendit son sourire avant de refermer ses paupières. Darius se décida enfin à détourner son regard du visage somnolent de Leeroy. Une longue journée l'attendait et il n'avait pas le temps de lambiner.

— Où vas-tu ? demanda la voix engourdie de Leeroy. Je pense que nous devrions rester toute la journée dans ce lit. C'est un repos bien mérité après avoir repoussé un monstre, tout ça...

Darius eut un rire semblable à un grognement.

— Nous nous sommes assez reposés ces derniers jours. À présent, je compte reprendre mon poste en tant que chef de garde. Je reprends les entrainements aujourd'hui.

Leeroy pesta sans pour autant ouvrir les yeux.

— C'est un vrai travail ? Je pensais qu'il s'agissait plutôt d'un titre honorifique, quelque chose dans ce genre-là.

— Le poste de chef de garde prend tout son sens une fois sur l'ile. Sur un navire, la fonction est réduite. Sur terre, je me dois de défendre la cité avec mes hommes.

— Tout cela à l'air particulièrement intéressant, souleva Leeroy d'un ton sarcastique.

— C'est une fonction très importante et je suis très fier que le Roi ait accepté que je poursuive mon travail de chef de garde.

— Bien sûr, bien sûr. Je suis sûr que tu es très honoré d'accompagner tes hommes pendant leur tour de garde. Rester plus de quatre heures à observer la cité du haut d'une tour doit être un travail tellement gratifiant, quel bonheur de servir...

Darius attendait la suite de sa tirade avec une pointe d'agacement. Leeroy ne prenait pas au sérieux la plupart des coutumes mariides, le protocole ou même les personnalités les plus éminentes de Kutar Verhami. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il perdait encore son temps à expliquer à Leeroy en quoi toutes ces règles étaient importantes pour le maintien de l'équilibre et de l'harmonie. Après tout, les actes dissidents de Leeroy lui donnaient raison et discréditaient les tentatives de Darius.

Mais la suite ne vint pas. À la place, un cri étranglé inquiéta Darius.

— Leeroy ?

Il se tourna vers lui et le vit se tordre de douleur, les mains plaquées sur son ventre. Paniqué, il retourna dans le lit et passa une main dans les cheveux décoiffés de Leeroy.

— Leeroy ? répéta-t-il. Est-ce que ça va ?

Cette soudaine crise de douleur lui rappela celle qui l'avait frappé la veille. Il espérait de tout cœur que le même mal ne se soit pas emparé de Leeroy. La sensation avait été horrible. Au-delà de la douleur à peine supportable, c'était cette impression que des parasites devenus trop gros grouillaient dans ses organes qui lui avait retourné l'estomac. Pire encore, il savait ce que cette sensation lui rappelait et cela n'annonçait rien de bon.