1-Sport

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Je dois me dépêcher, je suis en retard au handball. Je ne retrouve pas mon tee-shirt. Dans ma chambre, c'est un bazard monstre. Il faut dire qu'elle est assez petite et que j'ai très peu de meubles. J'entends ma mère m'appeler dans les escaliers:

-Pénélope! Dépêche toi! On va être encore en retard...

Je ne partirai pas sans ce foutu maillot! Bon au pire tant pis... J'enfile rapidement un tee-shirt blanc tout simple. Ce n'est pas celui de mon club, mon équipe ne va pas être contente.
Je monte dans la voiture. Ma mère ne m'adresse pas un mot pendant le trajet, non pas qu'elle me fasse la gueule, mais elle n'est juste pas bavarde. En plus, elle est enceinte de 8 mois, la fatigue se ressent de plus en plus dans son comportement.

J'arrive enfin au gymnase. Le coach, Nicolas, me fait la bise et me titille sur le fait que j'arrive toujours en retard, et que je n'ai pas mis le maillot du club.

-Bon aller, file, va courir avec les filles.

Il n'y a quasiment personne aujourd'hui, mis à part les trois pestes: Judith, Nina et Mélissa.
Elles ne m'aiment pas. Moi je m'en fous. Qu'elles viennent me parler quand elles auront fini de me faire la gueule pour je ne sais quelle raison.

Dans l'équipe, il y a aussi Chloé, Sarah, Louise, et une de mes seules potes, Jeanne. Mais elles ne sont pas là aujourd'hui.

Après 10 minutes d'échauffement, le coach nous fait signe d'approcher.

-Les filles, le match de ce week-end était nul à chier, je suis très déçu de vous. J'espère que vous viendrez toutes le week-end prochain, c'est le match le plus important de l'année.

Encore à nous stresser celui là... Moi, si je fais du hand, c'est uniquement pour avoir ma dose de sport dans la semaine, c'est tout.

-D'autant plus qu'on a perdu une joueuse. Jeanne ne viendra plus pour cette année.

What???

Mélissa s'empresse de s'écrier:

-Hein?? Pourquoi elle vient plus celle-là?

-Ça, je ne peux pas te le dire ma belle, lui répond Nicolas.

Nicolas et Mélissa sortent ensemble, j'en suis quasiment sûre. Ils n'ont seulement que 4 ans d'écart après tout. Mélissa en a 17, et elle n'arrête pas de fantasmer sur lui et d'en parler quand on est dans les vestiaires.
Après tout, ils font ce qu'ils veulent, mais je trouve pas ça correct qu'il la privilégie. Par exemple, quand elle fait une faute sur le terrain il dit rien alors que nous ils nous engueule.

Bref...

-On va faire un match.

Évidemment, je suis choisie en dernière pour les équipes. Quelle plaie ces filles... Cet environnement n'est pas le mien, mais heureusement, l'année scolaire se finit dans 3 mois et je n'aurai plus à les supporter pendant les vacances. Avant, j'étais dans un autre club de handball, et c'était largement mieux. Mais il a fermé, et j'ai été contrainte de rejoindre ce club, aussi nul qu'il est.

Sur le terrain, les filles ne me passent jamais la balle alors que je suis toujours bien placée. Je suis une assez bonne joueuse à la base, donc ça me soule

-Allez, on se bouge le cul!, me dit Nina en ricanant.

Pfff, quelle connasse. Je lui gueule:

-Mais putin, envoie la balle!!

Mais bon, ça ne serre pas à grand chose. Mes allers-retours sur le terrain ne servent à rien dans le match. Au moins, c'est comme du footing.

Une fois l'entraînement fini, on va se changer. J'arrive la dernière dans les vestiaires, avant de remarquer que toutes mes affaires sont dans la douche, trempées. Furieuse, je me retourne vers les filles.

-Oupsi, me dit Mélissa avec un grand sourire.

Je m'approche d'elle à grand pas et sans que je n'aie le temps de réfléchir à quoi que ce soit, ma main vient se claquer sur son visage, laissant une grosse trace rouge.

-T'es vraiment une salope! Toi et tes potes d'ailleurs!!

Je file ramasser mes affaires trempées et j'entends Mélissa pleurer comme une gosse, ses potes m'insultant en chuchotant. Judith sort du vestiaire.

C'est pas vrai... Mes nouvelles chaussures... J'ai envie de pleurer quand je vois qu'elles sont imbibées d'eau. Mais je ne peux me retenir quand je vois... Non, impossible, elles n'auraient pas osé... Pourtant si. J'aperçois mon téléphone, complètement foutu. Il ne s'allume même plus.
Je retiens mes larmes. Je ne veux pas qu'elles voient que je suis faible. Je me vengerai plus tard. Mes vêtements étant trempés, je reste en tenue de sport.

C'est alors que Nicolas et Judith débarquent. Nicolas m'engueule comme du poisson pourri. Je lui explique ce que les filles ont fait de mes affaires.

-Ce n'est pas une raison! Et puis tu n'as aucune preuve d'abord.

L.O.L. On est les seules au gymnase à cette heure là.
Il me dit:

-Tu devrais être renvoyée pour tes actes, Pénélope. Mais j'ai besoin de toi pour le match de ce week-end, donc je t'autorise à rester. Tu peux me remercier.

C'est du foutage de gueule???

-T'es sérieux Nico? Ce club c'est de la merde! Compte pas sur moi pour ce week-end, vous ne me reverrez plus!

Il me regarde avec des yeux ronds, choqué de ma rébellion, et je m'enfuis en courant.

Ma mère ne me récupère pas le soir, je rentre à pied. J'arrive en moins de 5 minutes en courant.
Je m'affale sur mon lit en rigolant. Puis je me souviens de mes affaires. Merde! Je les étend sur mon radiateur et je mes mon portable dans un bol de riz, en espérant sauver la situation.

Je ne dirai rien à mes parents, ils seraient désespérés. Et ils ne peuvent ni me racheter des chaussures, ni un portable.

L'arrivée future du bébé entraîne des coûts importants, et l'argent est en ce moment source de stress dans cette famille.

PÉNÉLOPEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant