Le courage d'aimer

Chapitre 15

Ses yeux couleur bleu froid pétillent comme les gouttes d'un diabolo menthe. Elle a ce petit sourire délicat, innocent, timide, le fameux sourire qu'ont les jeunes filles sages, et inoffensives, mais Kélya n'est pas cette fille-là ; je le sais. Je le sens. Kélya est un mystère, une énigme, une attraction, un secret. Elle est la fille discrète, réservée, mais qu'on remarque. Elle est douce, fragile, taquine. Elle est celle que l'on voudrait connaître, mais qu'on ne cerne pas. Elle fait en sorte qu'on ne la connaisse pas, car elle pense que l'on ne l'a comprendra peut-être pas, ou alors elle a tout bonnement l'espoir qu'en n'en parlant pas, elle oubliera. Kélya est  ce genre de fille courageuse, mais sensible, qui n'assume plus de ressentir quoique ce soit de trop fort. Elle est déchirante et déchirée. Elle se veut intouchable, pour ne plus être touchée. Quand je l'ai vu pour la première fois, elle m'a intrigué, maintenant elle m'intéresse, et peut-être plus tard, elle me fascinera. 

Je me recule. 

- Je vais prendre une douche. Tu peux regarder la télé si tu veux, à moins que tu ne préfères m'accompagner ? la taquiné-je. 

Elle me considère un instant, avec cet air qui veut dire "sérieusement ?". 

- La télé est une meilleure option, je crois. 

- Mademoiselle est coincée, je note...dis-je sur un ton plaisantin.  

- Monsieur est chiant, je note...rétorque-t-elle avec un ton moqueur. 

Je lève les yeux au ciel, comme si j'étais exaspéré, alors qu'en réalité, j'adore qu'elle me taquine, j'adore qu'elle affirme son caractère, mais qu'elle ait malgré tout cette innocence et cette timidité, qui la rend si spéciale, si adorable.

- Comme tu voudras, mais un jour Kélya, c'est toi qui me suppliera de prendre une douche avec moi. 

Elle éclate de rire. 

- Prends pas tes désirs pour des réalités. 

- Désirs ?  ça m'intéresse. Quels sont les tiens, dis-moi ma chère Kélya ? 

- Inutile, tu es pas à la hauteur pour ça mon petit. 

- Dois-je le prendre comme un défi ? 

- Si les défis que tu ne peux pas relever te plaisent, alors prends-le comme un défi. 

- J'espère que tu n'es pas  mauvaise perdante Kélya, car je ne vais pas te laisser gagner. 

Sans lui laisser le temps de rétorquer, je me retourne, et m'éloigne rapidement en direction de la salle de bains.

Sous la douche, je réfléchis au sens des mots de Kélya. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par "je ne suis pas à la hauteur". J'imagine qu'elle a peut-être juste voulu me provoquer, mais peut-être aussi qu'elle a déjà couché avec beaucoup de garçons, non? J'ignore pourquoi, mais cette idée m'irrite un peu. 

Quand je sors de la douche, j'enroule une serviette de bain blanche autour de ma taille, et je me dirige vers ma chambre, afin de m'habiller. J'entends la télévision fonctionner dans le salon, je suppose que Kélya est donc en train de regarder la télé, comme je le lui avais suggéré. 

En arrivant à l'entrée de ma chambre, je me rends compte que la porte est ouverte.  Kélya est là, debout, posée appuyée sur le rebord de la fenêtre ouverte, admirant la vue sur la Tour Eiffel. Je suppose qu'elle ne m'a pas entendu, puisqu'elle ne s'est pas retournée. J'avance lentement dans sa direction, très lentement, de manière à ce qu'elle ne m'entende pas. Bon sang, que c'est difficile de ne pas faire attention à ses fesses, alors qu'elles sont à peine couvertes, par sa culotte et mon t-shirt. M'empêcher de les toucher est d'ailleurs une frustration douloureuse à surmonter, sachant que je ne suis pas habitué aux filles qui refusent que je les touche, bien au contraire.  Je suis vraiment planté à trente centimètre du postérieur de la fille avec qui j'ai dormi cette nuit, que j'ai rêvé d'embrasser, et que j'ai embrassée à deux reprises, en moins de vingt-quatre heures, et tout ce que je trouve à faire, c'est attendre qu'elle se retourne. Je ne sais pas si je dois me féliciter d'être aussi sage et poli, ou me baffer pour ne pas oser toucher le plus beau fessier que j'ai maté jusque ici. C'est un supplice.