Chapitre 3. Face aux feux du soleil

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La Briscarde finit par porter la magiezoologue pour lui permettre d'avancer plus vite dans la poudreuse, nonobstant son entorse. La jeune sorcière se tint fermement à elle, essayant de passer outre la douleur qui la tenaillait malgré l'adrénaline. Derrière elles, elle entendit le puissant battement d'ailes de plusieurs Valraven, accompagné par leur rugissement caractéristique. Les fortifications n'étaient plus très loin, elles y étaient presque. Elles avaient quasiment réussi. Elles pourraient bientôt rentrer chez elles.

Malheureusement, presque, quasiment et bientôt n'étaient jamais suffisants.

Un Valraven se posa à quelques mètres devant, obstruant le passage vers la sortie. Il se cabra sur ses pattes arrières et fendit l'air de ses serres colossales. Faucett s'arrêta, essoufflée, la respiration bruyante. Elle se tourna dans toutes les directions pour trouver une sortie, mais Luna savait que c'était inutile : il n'y en avait aucune. Rapidement, d'autres créatures vinrent rejoindre leur congénère, adoptant la même position menaçante. C'était fini.

« Slapaf1! somma Kjeldsen qui les avait rejoints dans un bruissement de cape. Je suis impressionné, confessa-t-il à l'adresse de ses prisonnières. Je ne pensais pas que vous survivriez aussi longtemps. Ni que vous réussiriez à atteindre la muraille sans être tuées.

— Je suis encore pleine de ressources ! feinta Faucett d'un ton menaçant.

— Malheureusement, nous n'aurons pas l'occasion d'assister à vos talents. »

Sans qu'aucun des deux Britanniques ne puisse réagir, le Maître du Haut Château leva sa baguette et aussitôt, Luna sombra dans l'obscurité.

Lorsqu'elle émergea, elle se trouvait dans une petite cellule – probablement au cœur de la montagne, elle aussi –, attachée au mur par une lourde chaîne. Elle sentait à ses côtés la présence athlétique de Faucett, dont l'immobilité témoignait de son inconscience. Devant elle se tenait, droit sur ses pattes, un majestueux Valraven. Elle reconnut la robe et le motif de celui que Kjeldsen avait présenté comme étant Solloway. En essayant de croiser le regard de la créature, elle y perçut la même tristesse constatée lors de leur première rencontre.

Une idée germa dans son esprit.

« Sarah ! appela-t-elle. Sarah ! Réveille-toi !

— Hum... Quoi... Où est-ce qu'on est ? s'enquit-elle d'une voix pâteuse.

— Nous sommes prisonniers de Kjeldsen, exposa la jeune sorcière. Il faut qu'on sorte d'ici avant de finir comme ces créatures.

— Si tu as la moindre idée, je suis preneuse. Tu comptes t'évader en emportant la montagne avec toi ? railla-t-elle en montrant ses mains liées.

— Non, j'ai beaucoup plus simple », assura la magiezoologue.

Luna se tourna alors vers la noble créature et fixa son regard de ses grands yeux bleus. Elle essaya d'y décrypter un message particulier, de sonder cet esprit maudit. Mais elle ne vit rien d'autre qu'une pure et simple tristesse.

« Aidez-nous à sortir de là, sollicita-t-elle.

— Tu as perdu la tête ! s'effara la Briscarde. Jamais ils ne nous aideront ! Ce sont ses créatures !

— Ne sous-estime jamais le pouvoir de l'envie de liberté, lui conseilla la magiezoologue.

— Et puis, de toute façon, comment veux-tu te faire comprendre, ou même les comprendre eux ?

— Aidez-nous, répéta la jeune sorcière. S'il vous plait.

— Votre amie a raison, approuva alors la créature d'une voix caverneuse. Je ne peux pas vous aider. »

Le Maître du Haut ChâteauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant