gust

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et puis et puis
tu ris
bien sûr que tu ris

tes dents blanches se dévoilent à moi
ton rire souvenir naissant de tes innombrables flatteries à profit
tu ris encore
d'elle, de cette fille d'Ève aux rondeurs dégoulinantes et pourtant
sublibement belles
et de lui de qui les joues rougies transportent un torrent.
« tafiole. »
le torrent redouble; le torrent est remonté.

« aimée, arrête de manger. c'est pour ton bien. »

j'ai voulu t'épargner les supplications. j'ai voulu, oui.
alors un repas restreint, puis éliminé et finalement envié. le torrent redouble; cette fois sur mes joues.

ne provoques-tu chez autri que le premier des moments enfouis si profondément en toi que même les séquelles passent inaperçues ? ne fais-tu à autri que le reflet de tes douleurs ? ne dis-tu à autri que les murmures incessants de ton aube s'écrasant contre tes tympans aussi furieusement que le plus fort des appels d'un paquebot ?

oui, blessé tu as été, tu es et toujours tu seras.
oui, maudite soit ton enfance, vilaine soit la vie et médiocres soient tes créateurs, mais
pourquoi ?
pourquoi Augustin ?
dis-moi pourquoi désavouer à d'autres les qualités de ton âme, la finesse de ton esprit et la grandeur de tes pensées ? pourquoi étouffer ton savoir par ce sourire apocryphe auquel seul ton bout de miroir – aussi brisé que toi – croit ?
pourquoi Augustin ?
pourquoi ?

augustinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant