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des perles salées, une rue inhabitée,
un corps inerte, des coups tirés.
déambulant dans l'air lourd, mon corps transpercé.

je souffre.

brun et grand, il se penche, me trifouille de ses iris et passe ses doigts ornés de bijoux devant mes mirettes demi-clauses. je souris.
embrumés d'un voile de regrets, ses océans pénètrent mon tissu corporel d'un mal-être déroutant.

« merci. »

un autre rythme binaire – ou presque – et mes paupières, portes de mes yeux, portes de mon âme, se ferment à tout jamais aux hommes d'ici-bas.
elles claquent au vent qui les emporte. je ne puis me résigner à cela. j'ai mal. je souffre.

et se rejouent les scènes que tu m'as faites subir, ces tableaux auxquels j'ai prêté mon corps pour un rôle qui t'amusait de me faire jouer. j'étais la punition de tes malheurs, l'obscurité de ton âme, la nonchalance de ton égoïsme.

ton corps penché sur le mien me faisait frémir. de peur. tes doigts, tes doigts si longs, vibraient contre ma peau nue. ils semblaient lui vouloir du mal : ils l'abîmaient. tes ongles pénétraient ma chair, les cris bloqués dans ma gorge ; mon âme, seul témoin de mon affliction ; et tes yeux seul spectacteur desquels découlait un plaisir certain.

annie m'avait fait quelques éloges à ton égard. mais annie n'était plus annie. annie n'était plus que le miroir de ton âme, le pantin de tes pensées, le reflet de ton absence d'humanité. annie était déchirée. annie t'aimait.

et je t'aimais aussi. tu étais cette pupille dilatée ; mes heures de songes volées ; le spectateur de mes supplices le plus fidèle qui venait m'offrir un sourire après mon corps épuisé sous le tien ; le rythme effréné de mon cœur ; le rouge de mon sang ; le plaisir de mon exquise tentation – tu étais cette tentation – ; le pourpre de mes joues.

tu étais l'Adonis de mon Shelley ; le feu de mes colères ; la clé de mon écroulement.

je t'avais aimé si fort, d'un amour égalant la clarté de la lune, pleine comme un jour de pleine lune.
mais tu m'avais changée. jetée. abîmée. déshumanisée.

et pour cette place d'Antigone que je tenais dans ton cœur de Créon, je m'en vais saluer annie, te laissant seul au cœur d'âmes bien plus obscures que la tienne, mon cher.

au revoir, Augustin.
ou bien non, je crains ne jamais revoir tes pupilles brûlantes, si bien que je te dis adieu – si par une chance qui te soit accordée – j'en doute – tu rejoins les cieux.
un salut officiel alors : à jamais.

moi aimée,
t'ai aimé
plus que le ciel n'aimait ses astres
et plus que la lune n'éclairait la terre.
et avant ce dernier battement, je ne te souhaite qu'une seule chose : jouer l'Antigone dans le cœur d'un Créon.

aimée.













































alors, Augustin aimait-il vraiment aimée ou avait-il juste aimé aimer aimée ?

augustinWhere stories live. Discover now