Non stop - Extrait

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Jour n°25 :

[...]

Je me demande ce qu'elle fait à présent ? Elle avait déménagé vers Toulouse il me semble. Nous n'avons pas reparlé depuis. J'espère qu'elle va bien. A quoi pense-t-elle en ce moment ? Dans quelle position est-elle ? Se rapproche-t-elle, elle aussi, du rêve qu'elle chérissait au temps de notre enfance ? Enfance pas si lointaine à vrai dire... Mais j'aimerais la revoir. Même lui parler si c'est possible... Elle me manque. Mais s'accrocher désespérément au passé n'apporte rien de bon. Il faut s'en souvenir mais pas le laisser nous envahir, voire même nous posséder.Je pense que ce sera encore plus agréable lorsque, par hasard, dans dix ans, on se croisera dans la rue tous les deux. On ira boire un café ensemble. Elle, comme toujours, elle semblera caresser le blanc de sa tasse brûlante, son habituel pull remonté jusqu'aux paumes de ses mains délicates. Lorsque je la ferais rire, elle baissera la tête, me laissera entrevoir ses dents blanches, parfaitement alignées, coincera une mèche de cheveux derrière son oreille et évitera mon regard. Je pourrais même apercevoir quelques couleurs sur ses pommettes. Attendrie de la voir, je ne pourrais détacher mon regard de cette nymphe. Je reconnaîtrai la fossette présente sur sa joue gauche lorsqu'elle sourit et je ne pourrais m'empêcher un rictus, moi aussi. Enfant, elle ne pouvait s'empêcher de tripoter tous les petits bouts de papiers, les verres, les couverts à tables... Elle alignait tout parfaitement. Quand je mangeais chez elle et que je le remarquais, je riais silencieusement. Si ses mains n'ont pas d'objets à embêter, elle les coince entre ses cuisses,remonte ses manches pour les cacher ou tire sur le bas de ses vêtements. Peut-être a-t-elle grandi au point d'être plus grande que moi ? Les boucles de ses cheveux noirs ont-elles changé ?Je n'espère pas. J'adore ses cheveux. Vraiment désobéissants,probablement un calvaire pour elle, mais si beaux à regarder, si doux au toucher. Sa peau métissée lui aura valu un nombre d'insultes invraisemblable en primaire. On se moquait d'elle.Pourtant, sa teinte caramel m'a toujours fasciné. J'ai toujours trouvé que cela faisait sa différence, en primaire du moins. Je ne peux pas dire qu'elle était plus belle grâce à cela. Évidemment que non. Personne n'est plus beau grâce à un trait physique, ça fait partie de nous c'est tout. Elle était belle, dans son entièreté. Si nous l'avions connu sans sa peau chocolatée, ça n'aurait tout simplement pas été la même personne. Elle est elle parce qu'elle est comme elle est. Je m'embrouille...

« A quoi tu penses ? me demande Martin, ennuyé.

-Chocolat.

-Lequel ?

-Le meilleur. Car c'est le plus beau, le plus attirant, mais on ne peut pas se permettre de le manger, ça gâcherait tout. Tu comprends ? » 

Il m'a répondu que non.


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