24 ~ La peur

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 2

Numb
(« Paralysé », Chanson de Linkin Park, 2003)

Chapitre 24

La peur

Publié pour la première fois le 13 mars 2012

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

O~O~O~O~O~O

Après l'intervention de Yiris, la conférence traina en longueur. Si tous étaient désormais d'accord sur l'idée de préserver leur défense nationale, le consensus fut difficile à obtenir sur la proportion des troupes qui finalement seraient envoyée au front.
Au terme d'interminables négociations, les protagonistes se mirent d'accord sur le fait d'engager chacun environ la moitié de leurs soldats, soit un total d'environ cent mille hommes.

Le regroupement au lieu indiqué par Basram était prévu trois semaines plus tard. Face à la confirmation de ce conflit imminent, Hitomi se sentait très mal.
La perspective de voir Van partir au combat ravivait de douloureux souvenirs... Elle avait l'impression qu'elle ne connaîtrait jamais Gaea en paix.

Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, elle remarqua une jeune femme blonde, qui se dissimulait dans le cadre d'une fenêtre. La foule et l'agitation ambiante semblaient particulièrement l'intimider.
Tentant visiblement de se calmer, elle faisait tourner les mèches de ses cheveux bouclés coupés au carré avec ses doigts.

Vêtue d'une robe à corsage mauve et jupe blanche toute simple, elle observait sans oser sortir de son coin et se cachait parfois derrière les rideaux. La détaillant attentivement, Hitomi finit par la reconnaître et s'approcha d'elle :

— Bonjour, vous êtes bien Celena Schezar, la sœur d'Allen ?
— Oui ! confirma la jeune femme, un peu confuse.

Comme une enfant, elle dévisagea son interlocutrice de la tête au pied avec de grands yeux curieux. Intriguée, Hitomi resta silencieuse.
Soudain, un sourire enfantin illumina le visage de Celena :

— Ah, ça y est ! Je vous reconnais, vous êtes Hitomi, la fille de la Lune des Illusions !
— En effet...
— Alors, vous êtes revenue ! Grand Frère disait que cela faisait tellement longtemps que vous étiez partie que vous ne reviendriez pas, il a eu tort ! remarqua-t-elle, toujours avec cette expression puérile.
— Oui, je suis revenue... bredouilla Hitomi, désemparée face à l'attitude de Celena. Mais, dites-moi, pourquoi vous cachez vous ici ?
— En fait, je n'étais pas censée venir ! Cependant comme, ce soir, Gaddes était d'astreinte, j'ai voulu m'amuser un peu et assister aux festivités... Je déteste être enfermée toute seule, je l'ai assez été...
— Ah bon ?
— Oui, Grand Frère m'a couvée comme un œuf quand je suis rentrée ! Il était complètement paranoïaque, alors je ne sortais pas... Me marier et partir de la maison a été toute une histoire...

Contente d'avoir quelqu'un à qui parler, Celena aura bien continué son récit, néanmoins, voyant Allen sortir de la salle de conférence, elle paniqua :

— Désolée, Mademoiselle Hitomi, je dois partir ! Si Grand Frère me voit ici, alors que je ne suis pas invitée, c'est encore Gaddes qui se fera sermonner à ma place ! Au plaisir de vous revoir !

Souriante, l'étrange blonde partit en courant, rapide et légère. Sans comprendre vraiment pourquoi, Hitomi était troublée. À son sens, Celena dissimulait quelque chose de plus subtil que le laissait à penser ses petits airs de fillette effarouchée.
La voyant passée près d'un miroir, il sembla à Hitomi qu'un autre visage se reflétait, celui de Dilandau...

O~O

Sur le balcon de sa chambre, Folken, en peignoir, regardait vers la mer. Par moment, il se tournait vers Yiris qui dormait profondément.

En arrivant dans la pièce, la générale avait commencé à retirer ses vêtements trempés en plein milieu de la pièce, créant une énorme flaque sur le beau tapis qui décorait le sol. Plus assez claire pour se débrouiller seule, elle avait réussi à enlever la veste, cependant, elle chancelait en se tordant pour défaire le laçage du corset dans son dos.
Folken lui avait proposé son aide. À sa grande surprise, elle avait accepté sans hésiter. Aucun tremblement, elle s'était laissé faire, sans doute contente de se débarrasser de ce carcan.

Hypnotisé par la vision du trajet des gouttes d'eau sur la peau, venant se confondre avec le tissu de la robe, le Prince avait pris son temps pour desserrer les croisillons.
Un bref instant, une envie lui avait traversé l'esprit, mais il l'avait réprimée aussitôt. C'était parce qu'elle était saoule que Yiris se laissait déshabiller sans protester.

Malgré tout, une fois dégagée de sa robe, nue, dos à lui, la jeune femme tourna la tête. Elle affichait une expression particulière, assez sérieuse. Se mordant la lèvre du bas, elle finit par dire, avec une intonation étrangement sensuelle :

— Vous savez, l'alcool me met juste de bonne humeur et me rend un peu maladroite ! Ce n'est pas une bouteille qui va me faire perdre la tête ! Je bois, je me drogue, j'ai dû essayer toutes les substances toxiques de cette planète, juste pour me sentir bien quelques minutes et oublier ce que j'avais vécu... Et si, pour une fois, je me changeais les idées autrement ? Quitte à avoir franchi, enfin, le pas, autant en profiter, non ?

Son regard était franc, brillant, Folken s'approcha doucement et se blottit contre son dos, l'enserrant par la taille de ses bras. Totalement détendue, elle semblait même s'appuyer contre lui. Alors, il l'embrassa dans le cou, elle frissonna, mais pas de peur.
Il chercha à nouveau ses yeux, elle avait toujours l'air sûre d'elle, plus de scrupules, il se laissa aller lui aussi...

Loin de sa passivité de la première fois, Yiris était plus confiante, et chacun y prit d'autant plus de plaisir, sans échanger le moindre mot. Folken était étonné par l'attitude de sa femme, néanmoins, il préféra ne pas se poser davantage de questions, et juste savourer l'instant.
Et, enfin, tandis qu'il s'était blotti contre la poitrine de son épouse, elle s'assoupit tandis qu'elle tenait sa main. Lui, en revanche, ne trouva pas le sommeil. Mais, quand il se leva pour prendre l'air, un détail attira son attention : Yiris souriait en dormant.

Passée cette petite joie, il contemplait la nuit, préoccupé. Sans trop comprendre pourquoi, il était inquiet. Au cours de la conférence, il avait ressenti une présence à la fois inquiétante et étrangement familière...
Maintenant, il avait la conviction que la situation allait se compliquer.

O~O

Des cris dans les couloirs éveillèrent tout le palais en quelques minutes. La réception était finie depuis longtemps, chacun avait été tiré de son sommeil à la hâte.
Pour la plupart en vêtements de nuit, les membres de délégation convergeaient vers les jardins du palais.

Les premiers arrivés découvrirent un macabre spectacle, un membre de la délégation de Basram, le principal conseiller du Président, avait été retrouvé égorgé, pendu par les pieds à un arbre.
Tandis que, soigneusement, ses compatriotes décrochaient le corps, la panique s'empara des gens et les rumeurs les plus folles virent le jour.

Tenue à l'écart de l'écœurante scène par Van, Hitomi avait été rejointe par Merle, puis Folken et Yiris, qui s'étaient habillés à la hâte. La mise en scène était étrangement familière et rappelait clairement le récent tournant violent pris par les voleurs d'energist lors de leurs dernières attaques.

Soudain, la générale sentit une étrange brise et se tourna vers le toit. Traversée par la même sensation, Hitomi leva aussi la tête. Tout ce qu'elles virent fut une silhouette aérienne, aux cheveux clairs, éclairés par la lumière de la Lune des Illusions.
Rapide, les effets de l'alcool s'étant dissipé, Yiris se projeta dans la direction de la présence. Malheureusement, arrivée sur les toits du palais, plus aucune trace. La mystérieuse personne avait disparu dans la nuit.

Ce constat agaça la jeune femme. Un individu furtif comme cela n'avait pour elle rien d'innocent. Sa seule assurance, ce n'était pas un fausse-personne. En effet, le niveau de sorcellerie qu'elle avait atteint lui permettait de ressentir les siens.
Alors, qui pouvait ainsi fuir ?

À terre, Hitomi força le passage vers Van. Au passage, elle aperçut le corps du dignitaire de Basram, étendu un brancard et couvert d'un drap blanc, qui se teintait peu à peu de rouge.
Détournant le regard, la jeune femme prit son compagnon par le bras :

— Van, j'ai senti que quelqu'un nous observait, Yiris aussi ! Je suis sûre que c'était l'assassin ! Il était tout proche, il attendait que l'on découvre sa victime !

Surpris, le Roi se tourna vers elle :

— Tu as eu une vision ?
— Non, mais j'ai perçu une aura malfaisante ! Et Yiris est partie sur les hauteurs du bâtiment...

La jeune femme n'eut pas le temps de poursuivre, la générale venait d'arriver près du Souverain et enchaina :

— Je confirme, il y avait un suspect ! Pas de chance, il s'est volatilisé ! Ce n'est pas un fausse-personne, c'est certain ! Il est rapide, très rapide, et, surtout, semble maitriser une sorte de magie ! Non seulement, j'aurai dû discerner plus nettement qu'il était dans les environs, et, aussi, ne pas perdre sa trace aussi facilement ! Sans me vanter, il y a peu de sorciers plus puissants que moi ! Les derniers à m'avoir joué ce genre de tour, ce sont les voleurs d'energist, en particulier leur commando d'élite !

Cette fois, le message était clair, nul n'était à l'abri, nulle part ! Le fait qu'il y ait eu des survivants à la dernière attaque, la conférence, la décision d'intervention, tant de raisons pour l'ennemi de rappeler sa force sournoise.

Débordé par la foule, Allen parcourait les rangs, tentant de calmer les esprits. Il s'apprêtait à faire intervenir la garde, quand, soudain, un coup de feu se fit entendre.
De façon surprenante, c'était Meinmet qui avait actionné l'arme, empruntée à un soldat d'Asturia :

— Calmez-vous ! Rien de positif ne peut sortir de cette pagaille ! Je propose que l'on se retrouve dans la salle où a eu lieu la conférence, on s'entendra mieux qu'au milieu des jardins !

C'était étonnant de voir un tel sérieux de la part du vieux Prince. Même s'il aurait préféré pouvoir calmer la situation lui-même, Allen profita de l'opportunité en conviant tout le monde dans la salle de bal.
Par chance, les locaux, en cours de nettoyage par les serviteurs, n'avaient pas été vidés de leurs chaises, ainsi, la réunion improvisée se tint dans des conditions correctes au vu des circonstances. Le moins que l'on pouvait dire, c'est que la fin de la nuit fut particulièrement bruyante. Les dirigeants de grandes nations de Gaea ne cessaient de s'invectiver.

Certains étaient partisans d'une intervention immédiate sur le foyer présumé, d'autres, paranoïaques, ne pensaient qu'à rentrer chez eux et se terrer dans leur forteresse. De rares plus réfléchis suggéraient de maintenir le calendrier.
Au milieu de tout ça, Allen, aidé de Van, tentait ramener un semblant de calme. L'ambiance était tellement tendue que des bagarres avaient failli éclater. Un frileux délégué de Daedalus avait été brutalement pris à partie par des membres de la délégation de Basram. Puis, Yiris avait un eu un échange à la limite des coups avec un responsable de Cesario, lui ayant fait une remarque machiste, la poussant au point d'ébullition.

Pendant ce temps, l'armée d'Asturia avait renforcé la surveillance de la ville. Il y avait un soldat à chaque coin de rue. Dans le palais, c'était presque un devant chaque porte !
Pourtant, ce dispositif grandiloquent semblait à peine rassurer les gens et les remarques sur ce point commençaient à fuser :

— C'est quand même incroyable ! Allen, vous n'avez même pas été capable d'assurer la sécurité de vos invités, c'est pathétique ! s'enflamma le Président de Basram.
— Nous avions prévu des forces conséquentes étant donné l'importance de l'événement ! répondit le chevalier. Cette attaque ciblée est une immense surprise !
— C'est surtout un avertissement ! insista un délégué de Cesario. Ils ont compris que nous avions décidé de les châtier enfin, et ils nous font savoir qu'ils nous attendent ! Il faut agir vite !
— Oui, surtout qu'ils sont à nos frontières ! s'inquiéta un représentant d'Egzardia.
— On ne peut pas lever une armée en quelques jours ! s'indigna Van. Trois semaines est déjà un délai très court pour se préparer ! Le réduire se fera au détriment de la qualité de formation. Il faut préparer les vivres et les machines dans le calme, la précipitation pourrait se retourner contre nous !
— Le Roi de Fanelia n'a pas tort ! souligna le Roi de Daedalus.
— Vous, s'agaça le Président de Basram, vous êtes dans votre petite presque-île, loin de tout. Alors forcément, vous n'êtes pas pressé pour bouger !
— Je vous rappelle que nous aussi avons eu des vols ! répliqua le Souverain de Daedalus, courroucé.

À nouveau, la situation se remit à dégénérer. À l'estrade, Van, furieux, hurla pour évacuer sa colère :

— Vous ne pensez pas que c'est ce qu'ils attendent ! Que l'on se divise !

Tout autant que le ton sur lequel elle avait été dite, la justesse du propos calma le jeu :

— Soyons réaliste, reprit le Roi de Fanelia, il n'y a rien de mieux à faire actuellement que de se préparer comme convenu. Basram et Egzardia n'auront qu'à créer des zones tampons. En attendant de leur envoyer nos troupes, nous pouvons déjà leur envoyer une aide logistique : vivres, armes...

L'idée fit le tour de la salle et sembla plaire au plus grand nombre. La suite des débats fut donc plus axée sur qui ferait quoi... Chacun essayant d'en faire le minimum tout en critiquant la radinerie des autres... Tout un paradoxe !
Bien évidemment, il y eu encore des éclats de voix, néanmoins, au lever du soleil, les participants arrivèrent à un accord<

O~O

Le lendemain, avant de quitter Asturia, Folken tint à passer un moment dans ce qui avait été son laboratoire. L'onde, qui avait généré la colonne de lumière qui l'avait mené à sa mort, était toujours là.
Comme tout ce qui était machine de Dornkirk, personne n'osait y toucher. La crainte de réactiver un de ces engins était bien trop forte.

Pendant plus d'une heure, il avait tourné autour, seul. Ses derniers souvenirs lui revenaient de façon claire. Quand il avait décidé d'utiliser cet engin, il savait qu'il avait ouvert le passage vers sa propre mort.
Maintenant, il en arrivait à se demander comment il avait pu accepter cela avec tant de calme. Il se savait condamné et, au lieu de profiter ou de temporiser, comme l'aurait fait n'importe qui d'autre, il avait forcé sa propre fin.

— Sans doute, étions-nous idiots pour être aussi tranquille face à la mort !

À l'entrée de la pièce, appuyée au chambranle, Yiris l'observait. Son petit air cynique était accentué par un sourire calme, renforçant l'ironie de sa remarque.

— Que veux-tu dire ? demanda le Prince.
— Ce que vous faites avec cette chose, ce pèlerinage macabre, expliqua son épouse en venant vers lui, je l'ai moi-même fait des dizaines de fois ! De la même manière qu'un assassin revient sur le lieu de son crime, un ressuscité revient toujours sur celui de son trépas...
— C'est vrai que toi au moins, tu peux comprendre cela...
— En effet, nous ne sommes pas nombreux dans ce cas !
— Penses-tu avoir tiré un enseignement de cette expérience ?
— Personnellement, mon Maître m'a offert une nouvelle vie, une philosophie, un code de conduite...
— Non, je ne parle pas de ça... Moi, comment dire... J'avais fait ce que j'avais à faire... Alors, je ne vois pas pourquoi je suis là... Surtout que, contrairement à toi, je n'ai aucune idée de ce qui m'a ramené !
— N'allez pas nous faire un syndrome du survivant ! Inutile de vous torturez de questions, profitez ! Vous êtes encore jeune, si vous utilisez bien cette vie, vous accomplirez des tas de choses !
— C'est drôle de t'entendre dire cela ! Tu ne l'as pas appliqué à toi-même !

Pour le coup, la générale était embarrassée. La question avait le mérite d'être pertinente, il est vrai qu'elle n'avait pas vraiment profité de la grâce qui lui avait été accordée.

— Pour moi, c'était différent ! Je ne suis pas revenue toute belle toute neuve. Mon corps avait changé. Certes, il était couvert de cicatrices, mais il était devenu fort, plus résistant, rapide ! J'ai dû apprendre à apprivoiser ces talents. Sans l'enseignement de mon Maître, que serais-je devenue ? J'aurais fini par me terrer dans un coin, parce que ne maitrisait pas mes aptitudes... Ce n'est pas ce que l'on appelle profiter au sens connu, cependant cet apprentissage m'a été utile. L'art du bâton fut un vrai épanouissement pour moi, un défouloir immense ! Bien sûr, je garde des souvenirs de la vie que j'ai menée à ne manger que le strict minimum, à ne parler à personne, ou presque, et surtout des besognes que j'accomplissais. Je me rappelle une épidémie au sud de Freid, l'horreur d'enterrer les corps de jeunes enfants. Ces petits visages que je trouvais juste endormis, alors que je les enroulais d'un linceul, avant de les couvrir de terre, ne m'ont pas quittée. J'ai appris que la vie était sacrée. Ainsi, quand je me suis retrouvée seule, j'avais les armes pour essayer de procéder correctement, c'était déjà pas mal ! Je ne suis pas un modèle de vertu, cela dit, je pense que j'agis globalement correctement et de façon responsable !
— Oui, mais par rapport à toi-même, tu n'as pas cherché à faire ce qui te ferait plaisir ?
— Le thé et les gâteaux servent à ça ! Et sinon, j'avoue avoir eu du mal à me construire des rêves, parce que tous mes repères ont volé en éclat. Le pire, c'est que quand je suis arrivée sur Gaea, tout ce que je voulais, c'était rentrer à la maison, maintenant, j'en serais totalement incapable ! Pour moi, plus qu'être morte au bord de ce lac, mon vrai échec aura ce que j'ai laissé mon frère devenir. À cause de cela, je n'aurais jamais le courage de reparaître devant mes parents...

La honte de rentrer, c'était un sentiment que Folken comprenait. Quelque part, Yiris lui rappelait ce qu'il était à l'époque de Zaibach. Désormais, il ressentait une envie de vivre sa vie, mais pas comme il l'avait fait, adolescent, avant la chasse au dragon, à mener une vie dissolue uniquement pour contrarier Balgus, avec lequel il ne s'entendait pas.
Avec le recul, il se rendait compte qu'il avait été idiot. Si le vieux guerrier avait un point de vue obtus, axé uniquement sur le combat, lui avait été un gamin borné, dans le sens de le contredire en permanence. Cela dit, finalement, Balgus avait su composer, et s'était montré un bon père de substitution pour Van, preuve que l'on a parfois des capacités que l'on s'ignore.

Dans une vie libéré de la plupart des contraintes de sa jeunesse, le Prince se demandait ce qu'il pourrait découvrir qui changerait sa vision de l'existence.
Regardant Yiris, qui parcourait la pièce muette, curieuse, perdue dans ses pensées depuis les propos échangés, il se rendit compte qu'il tenait là un début de réponse.

Avant de quitter les lieux, Folken poussa délicatement une pierre du mur de la pièce et en dégagea un carnet qu'il emporta avec lui. Son épouse remarqua le geste, mais ne dit rien.

O~O

Le départ pour Fanelia approchait. Sur le port des engins flottants dominant Palas, l'activité battait son plein, sauf pour Meinmet qui bavardait avec les membres du Crusade Crew. Ces derniers lui contaient leurs souvenirs de bagnards, et aussi de soldats, des histoires hautes en couleurs !
Le vieux Prince était passionné par leurs récits riches en rebondissement. Pour une fois, c'était lui qui écoutait attentivement !

Au milieu des engins stationnés sur l'embarcadère, Folken se promenait, examinant les différentes innovations présentes sur les machines. En dix ans, les flottes volantes avaient fait de grands progrès. Cependant, à ses yeux, il avait encore matière à améliorations.
Soudain, sentant qu'il était observé, son regard se posa sur un arbre. Debout sur une branche, une jeune blonde vêtue d'une tunique mauve et d'un pantalon noir, l'observait, un étrange sourire aux lèvres. Sa cachette trouvée, elle descendit de son perchoir et se dirigea vers le Prince.

Voir approcher vers lui une version féminine de Dilandau déstabilisa Folken. Certes, il savait pour Celena, mais avait du mal à assimiler cette réalité dérangeante tandis que la sœur d'Allen s'approchait de lui.

— Dilandau vous connaît ! annonça la jeune femme, avec une voix de petite fille.
— En effet, comment le sais-tu ? demanda le Prince, intrigué.
— Il est encore là, j'ai ses souvenirs, et vous en faites partie ! expliqua-t-elle en tapotant son crâne de son index.

Toujours telle une enfant, elle tourna autour de son interlocuteur. Puis, mains dans le dos, air mutin, elle s'adressa à lui :

— On se reverra, soyez-en sûr !

Et, elle fit un petit signe avant de partir en courant, laissant Folken dubitatif.

— Ne lui en voulez pas, elle se comporte parfois bizarrement !

Le Prince se retourna, Gaddes se tenait derrière lui. Toujours vêtu de sa tenue informelle avec sa chemise blanche, sa veste verte et son pantalon marron, le sergent affichait un air décontracté, alors que la masse de rouleaux qu'il tenait dans les bras témoignait de son intense occupation, avec les départs des différentes délégations à gérer.

— À ce que j'ai entendu, c'est votre épouse maintenant, c'est bien cela ? interrogea Folken.
— Oui, Votre Altesse, elle est adorable ! Même si elle est... étrange...Quelque part, je crois que malgré ses vingt-cinq ans, elle reste une petite fille.
— En tout cas, elle se comporte comme telle !
— Le commandant a eu un peu trop tendance à la couver quand il l'a retrouvée. Très vite, elle a fait le mur et, encore aujourd'hui, elle aime juste se percher pour observer les gens !
— C'est original...
— Ah ça... Heureusement, bon joueur, le commandant nous paye les services d'une gouvernante, car Celena n'a aucun sens des réalités et est totalement incapable de tenir un foyer... Enfin, je ne vais pas me plaindre, je crois que votre femme ne doit pas, non plus, être l'incarnation de la parfaite maîtresse de maison !
— Effectivement non ! s'amusa le Prince en regardant Yiris, qui discutait plus loin avec Merle.

Gaddes et Folken sourirent de leur point commun inattendu. Cependant, même s'il s'en amusait, Folken était sceptique sur le cas de la sœur d'Allen. Il devinait une personnalité très instable.
Et, surtout, il sentait la présence de Dilandau trop proche à son goût.

Un peu plus loin, pensive, Hitomi avait le regard fixé vers l'océan. La jeune femme aimait la mer car elle était telle que sur la Lune des Illusions, et cela la rendait nostalgique de son monde.
À cet instant, elle songeait à ses proches restés là-bas. Yukari et Amano avaient dû se marier et devaient maintenant être installés en Europe... Quant à ses parents, malgré le message, ils devaient probablement la chercher partout, morts d'inquiétude...

Pour l'heure, une autre angoisse passait devant cela, celle de ce conflit à venir. Tournant la tête, elle remarqua Allen en grande discussion avec Van. Elle ne les entendait pas, mais se doutait qu'ils évoquaient l'attaque qu'ils préparaient.
En effet, les deux jeunes hommes partageaient leurs impressions. La tournure prise par les événements avec l'assassinat montrait qu'ils étaient observés. L'ennemi était bien plus proche, rusé et audacieux qu'ils ne l'avaient présumé.

— Ce meurtre était une provocation inattendue... constata le Roi.
— En effet, confirma le chevalier, ils nous espionnent et, apparemment, nous avons dû mettre le doigt où il ne fallait pas ! Je crois qu'ils nous montrent que nous serons bien reçus et s'amusent au passage, car Basram est le pays le proche de leur repaire présumé !
— Tu penses vraiment que l'information est fiable ?
— Oui, et je crois que ce qui s'est passé en est la preuve, ils nous narguent !
— Beaucoup pensent que ces trois semaines sont de trop, que cela va se retourner contre nous...
— Je le pense aussi, sur un angle ! Cependant, comme tu l'as dit, c'est déjà très court pour lever une armée conséquente et préparer les hommes... De toute façon, Basram a déjà massé d'importantes forces dans le secteur.
— Et si, au lieu de nous attendre, les ennemis fuyaient ?
— Vu le terrain, je reste sceptique sur leurs possibilités, surtout sachant qu'ils doivent avoir de grosses réserves d'energist à transporter dans ce cas... Enfin, nous verrons bien ! Nous en rediscuterons bientôt sur le champ de bataille !

Le Roi de Fanelia soupira, songeur. Pour l'avoir vécu jeune, il aurait tant aimé en avoir fini avec la guerre. Malheureusement, la boucle de la violence était amenée à se répéter, il avait régulièrement quelques conflits internes ou frontaliers à résoudre.
Néanmoins, cette fois, le problème était d'une toute autre ampleur. Son souhait : en finir le plus vite possible !

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : Après l'avoir évoquée, il était temps de faire apparaître Celena ! Il me semblait assez logique qu'elle garde des séquelles de sa transformation en Dilandau. On reparle bientôt de son union avec Gaddes !
C'est aussi intéressant de raconter comment fonctionnent les relations entre les différents pays alliés. Je pars du principe, assez réaliste, je pense, que aucun n'a tiré de leçons du précédent conflit.

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