11 ~ Fragments du passé et de l'avenir

101 2 0
                                    

Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

Instagram @ahmavros

Rating / Classement [+18]

Livre 1

Nothing Else Matters
(« Rien d'autre ne compte », Chanson de Metallica, 1991)

Chapitre 11

Fragments du passé et de l'avenir

Publié pour la première fois le 29 novembre 2011

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

O~O~O~O~O~O

La lumière du jour éveilla Hitomi. Quand ses yeux s'ouvrirent, elle s'aperçut que Van la regardait tendrement, la tête appuyée sur son bras.

— Bonjour... Tu es réveillé depuis longtemps ? murmura-t-elle d'une petite voix.
— Non, rassure-toi !

Il mentait. Cela fait un moment qu'il ne dormait plus, s'il avait dormi... Voyant qu'il n'avait pas rêvé et que Hitomi était bien étendue, nue, dans son lit, il l'avait simplement regardé dormir, l'effleurant à peine, profitant pleinement de l'avoir enfin près de lui...

Doucement, il caressa le visage de la jeune femme, encore somnolente, avant de s'allonger sur elle pour l'embrasser :

— Je suis désolé, mes responsabilités de Roi m'obligent à te laisser. Le Conseil va se tenir d'ici un peu moins d'une heure, je ne peux pas me permettre d'être en retard.
— Je comprends...
— Aussi, il faut que...

Le ton hésitant qu'il avait employé avait laissé Hitomi perplexe :

— Il faut que ? demanda-t-elle, un peu inquiète.
— En fait, reprit-il, je ne peux pas te laisser ici. Au bout du couloir, les domestiques guettent le moment où je quitte mes appartements pour venir faire le nettoyage quotidien. Donc, si tu restes là...
— Tout le Royaume saura pour cette nuit...

D'un petit signe de tête, Van confirma l'intuition qu'elle avait, ce qui la mit profondément mal à l'aise. Après un dernier long baiser pour la rassurer, le jeune homme se leva et ramassa leurs vêtements, tendant les siens à Hitomi.
Tout en s'habillant, le jeune Roi regarda par la fenêtre : les habitants commençaient à peine à nettoyer la cité suite aux réjouissances de la veille.

Puis, n'entendant plus Hitomi bouger, il se retourna vers elle. Muette, elle était assise sur le bord du lit, figée, regardant une tache de sang sur les draps.
Doucement, il s'approcha d'elle et la releva avant de la serrer dans ses bras :

— Je suis désolé, j'ai été trop brutal la nuit dernière... J'espère que tu ne souffres pas...
— Non, sois rassuré, je vais bien... Il paraît que c'est fréquent... La première fois... Mais, concernant les traces...
— Ne t'en fais pas ! Je te promets de m'occuper de ça avec la plus grande discrétion avant de me rendre au Conseil. Par chance, la réserve de linge de lit est dans la chambre même !

Quand tous deux furent habillés, Van emmena Hitomi dans une petite pièce annexe de ses appartements. La jeune femme fut surprise de le voir faire glisser une paroi.
Un passage secret donc, il menait dans une petite pièce juste éclairée par une grille haute qui devait donner sur l'extérieur.
À nouveau, il fit glisser, difficilement, un autre mur, et, cette fois, cela donnait sur une des annexes de l'appartement d'Hitomi.

Avec un petit air embarrassé, il s'expliqua :

— Il existe le même passage pour la dépendance côté jardin. Il est crucial qu'un Souverain ne soit jamais pris au piège dans ses appartements, de nombreuses histoires macabres plaident en ce sens... Cela dit, tu peux constater, au fait que ce soit coincé, que celui-là n'a jamais servi pour t'espionner !

De sa main, Hitomi étouffa un petit rire avant de passer le seuil de la porte dérobée. Lui prenant les mains, Van s'adressa à elle :

— Tu es certaine que tout va bien ?
— Je te jure, ça va !
— Soit ! Sache une chose, cette nuit passée ensemble n'appartient qu'à nous seuls. Je te promets que tu n'auras pas à en redouter les conséquences, je ne t'imposerai rien. Je sais que tu as besoin de réfléchir, je te laisserai tout le temps nécessaire. Cela dit, je n'oublierai jamais ce que nous venons de partager.

Puis, retournant à sa chambre, Van défit le lit et jeta le drap taché dans la cheminée où il alluma un bref feu, incongru en cet été. Mais il n'y avait pas méthode plus radicale.
Et, tandis que le bout de tissu compromettant brûlait, il le remplaça par un nouveau avant enfin de sortir dans le couloir.

Passant brièvement par son bureau, son chemin croisa celui de Merle. Regardant alentour et voyant qu'ils étaient seuls, il la serra dans ses bras en lui murmurant :

— Merle... Est-ce que...

L'interrompant, la jeune femme se détacha doucement de lui et sourit avant de répondre :

— Ne parlons plus jamais de cela ! Sachez juste que vous ne m'avez jamais blessée... Mon unique souhait est, et sera toujours, de te voir heureux !
— Merci d'avoir toujours été là... ajouta-t-il en lui caressant la joue avant de partir.

Il n'aurait jamais cru qu'en l'espace de moins d'une journée, son monde ait complètement changé. Un sourire rayonnant inhabituel au visage, il se rendit à la salle du Conseil.

De son côté, Hitomi était allongée sur son lit, pensive. Ce qu'elle venait de vivre était surréaliste, mais c'était sans doute le plus beau moment qu'elle ait jamais connu.

O~O

La journée n'était pas pour autant à la rêverie car une information venue d'Asturia avait provoqué la panique parmi les militaires du palais. Un nouveau convoi d'energist avait été attaqué près de la frontière avec Fanelia, mais, cette fois, le massacre avait pris une autre tournure.

En effet, en plus du vol de la marchandise et de l'exécution de l'escorte, les mystérieux ennemis avaient ajouté une mise en scène macabre en pendant tous les corps par les pieds aux branches des arbres environnants.
Cette escalade dans la violence était bien évidemment le sujet de toutes les conversations et, bien sûr, le thème du Conseil.

À nouveau, l'ambiance était à l'orage. Depuis peu, Van avait convié son oncle Meinmet aux réunions afin d'avoir l'éclairage d'un ancien et, surtout, une cinquième force pour trancher les débats acerbes qui opposaient les jeunes généraux aux plus âgés.

Suivant une tradition immuable, Mayek et Yiris monopolisaient la parole, passant leur temps à s'invectiver :

— Votre Majesté, nous devons mobiliser toutes nos forces. Il faut recruter et, s'il le faut, mettre cinq cents hommes sur un convoi !
— Pour avoir massacré et pendu cent cinquante hommes à Asturia sur un laps de temps très court, ils sont aussi nombreux qu'efficaces... Je suis plutôt d'avis de mettre en place des escortes avec des éclaireurs furtifs, qui donneraient l'alerte au plus tôt.
— Bien sûr, comme ça, nos soldats pourront attendre tranquillement d'être égorgés en jouant aux cartes !

Une fois de plus, la table ne suffit pas à empêcher les généraux de s'étriper. Ainsi Hylden maintenait Yiris tandis que le pauvre Luyren s'épuisait à contenir la force de Mayek. Les noms d'oiseaux volaient bon train.

Pour la peine, Van ne souriait plus du tout. Au contraire, assis, ne regardant même pas la puérile bagarre, il soupirait de désespoir face à la stupidité manifeste de ceux qui étaient censés incarnés l'élite du pays.

Resté un moment muet face à l'étonnante altercation, pour la première fois, Meinmet osa prendre la parole :

— Et si on faisait un mélange des deux ?

Les belligérants s'arrêtèrent net et tous les regards convergèrent vers le vieil homme assis en bout de table, face à Van :

— Comment ça ? demanda le jeune Roi, en relevant la tête.
— Et bien, faisons un test sur un convoi. Une grande armée, comme le suggère Mayek, encadrée par des éclaireurs discrets de Yiris...
— En voilà une excellente idée ! J'ai tellement l'habitude de voir ces deux-là s'opposer que j'ai du mal à associer leurs propositions ! s'amusa Van.

Il n'était pas le seul à rire, Hylden et Luyren ne pouvaient s'empêcher de trouver la situation drôle : Mayek et Yiris étaient paradoxalement pour une fois d'accord !

— Bien, annonça le Roi en se levant, j'ai reçu un message de Ruhm : il est rentré à Arzas et supervise les préparatifs du convoi. Nous encadrerons celui-ci de deux cents hommes et d'une troupe d'élite. Ainsi, nous allons tester ce concept d'escorte mixte et faire d'une pierre deux coups en envoyant Alexandre rencontrer Ruhm.
— Dans quel but ? s'étonna Meinmet.
— Ruhm était l'ami d'enfance de Folken, ils avaient le même âge. Personne ne connaît aussi bien l'histoire et la personnalité de mon frère que lui. Alors je pense que lui faire rencontrer Alexandre pourrait être une aide précieuse...
— N'y a-t-il pas un risque d'incident si cet Alexandre s'avérait être un traître et se trouvait confondu ? interrogea Luyren en remettant ses précieuses lunettes qu'il avait la prudence d'enlever avant les bagarres.
— Le risque sera encadré. Ruhm sait se défendre et Yiris sera là au cas où. D'ailleurs, elle assurera le commandement entre la forteresse de Metel et Arzas, tandis que Mayek supervisera l'autre moitié du trajet.
— Voilà un voyage qui promet d'être instructif ! dit l'ainé des généraux, en partageant un sourire moqueur avec Hylden.

Mayek ne contesta pas la décision royale. Quant à Yiris, elle ne pensait pas vraiment au convoi, plutôt à Alexandre...

À la fin de la réunion, Meinmet remarqua que la jeune générale traînait des pieds pour aller reprendre son poste de surveillance :

— Et bien, pas envie de travailler, Yiris ?
— Je ne considère pas la surveillance des fantômes comme un travail. C'est une corvée dépourvue de sens !
— À mon avis, c'est plus profond que ça...

La générale s'arrêta et détailla, intriguée, le vieil homme qui lui souriait :

— Décidément, ma vie vous passionne !
— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
— Hylden m'a rapporté votre petite discussion.
— Aurait-il trop parlé ?
— Il sait tout ce qu'il y a savoir...
— Sachez néanmoins que si j'avais eu une fille, avoua le vieil homme avec un sourire, j'aurais voulu qu'elle soit déterminée et franche comme vous !
— Et vous, vous ressemblez à mon Papa ! répondit la générale avec une inhabituelle émotion.

Yiris parla brièvement de son père, professeur avec lequel elle s'entendait très bien, contrairement à sa mère dont l'attitude la poussait souvent à s'isoler dans un coin.

— Cela va vous paraître drôle, mais je nous trouve des points communs. Nous avons tenté de fuir quelque chose, et nous avons finalement réussi malgré nous, même si le prix à payer fut lourd ! remarqua Meinmet.
— Qu'est-ce que vous insinuez ?
— Je pense que l'on ne se trouve jamais pris par une colonne de lumière par hasard, il faut une volonté !

Piquée au vif, Yiris stoppa sa marche et leva la tête au plafond :

— J'aimerais que la réponse à cette question soit si simple... dit-elle. Si, effectivement, j'ai voulu fuir, je trouve le prix payé disproportionné. Cette Hitomi a vécu les tourments de la guerre, vous avez perdu le droit de revoir votre frère, mais moi, ce que j'ai perdu va bien au-delà... Il en est de même pour Konstantinos...
— Ce n'est qu'une hypothèse, mais peut-être as-tu payé le prix d'autre chose ? interrogea Meinmet.

À l'autre bout de la cour, Hitomi se retourna brutalement vers la générale et le vieux Prince.
Une vision...
Yiris, vêtue d'une robe d'apparat, bordée de fourrure, assise sur des marches...
Étourdie, Hitomi secoua la tête. C'était la première fois depuis très longtemps qu'elle voyait quelque chose d'aussi net.

Soudain, elle eut une autre hallucination, elle-même dans le noir, face à Yiris. Derrière celle-ci, toutes sortes d'images floues défilaient :

— Cette fois, ça suffit, personne ne fouille dans ma tête ! rétorqua sèchement la générale dans la vision même.

Prise d'une violente douleur aux tempes, Hitomi faillit s'effondrer. Elle tourna la tête vers Yiris dans la réalité, cette dernière lui adressait un regard furieux.

Meinmet, qui avait assisté à la scène, n'avait pas tout saisi. En dépit de l'aspect insensé, il lui avait semblé percevoir une brève interaction entre les esprits des deux jeunes femmes.

Agacée, Yiris hâta le pas. Meinmet la suivit, n'osant pas poursuivre la conversation.
De son côté, Hitomi était secouée. Des serviteurs, l'ayant vu mal en point, s'étaient empressés de l'emmener dans un coin ombragé pour s'asseoir et de lui apporter un peu d'eau.

Rapidement, Merle était arrivée auprès d'elle :

— Que s'est-il passé ?
— Je crois que j'ai du mal avec votre climat... Tout ce soleil et cette chaleur... préféra-t-elle mentir.

O~O

Prévenu du malaise dont Hitomi avait souffert, Van avait délaissé son armée pour se rendre auprès d'elle. Afin qu'elle se sente mieux, il lui avait proposé une promenade dans les jardins protégés du soleil par le feuillage des arbres et rafraîchi par la petite rivière qui les parcourait.
Appuyée sur le bras du jeune homme, elle savoura cette petite balade.

Après un moment, à marcher dans le silence, Van se décida à prendre la parole :

— Aujourd'hui, j'ai pris plusieurs décisions importantes et je dois t'en faire part !
— Lesquelles ? demanda Hitomi, légèrement inquiète.
— Pour commencer, j'ai décidé de confronter Alexandre à Ruhm. Je pense que ce dernier pourra nous aider à trancher son cas.
— Tu penses que cela pourrait apporter des réponses ?
— Je n'ai aucune idée de ce que Ruhm va conclure. Nous aviserons ensuite. De toute façon, Yiris a pour ordre de préserver à tout prix la vie de cet homme tant que je ne lui dirais pas le contraire. Cela me laisse le temps de réfléchir. Je ne pense pas qu'il puisse fuir si jamais il s'avérait être un ennemi.
— Yiris...
— On dirait que cela te pose un problème qu'elle s'occupe de cette affaire...
— En fait, je ne sais pas pourquoi, elle me met mal à l'aise.
— Yiris est ce qu'elle est ! Bien que venant de la même planète que toi, elle est très différente. Cependant, c'est une personne fiable, j'ai une totale confiance en elle.
— Et en son frère ?
— Le concernant, je suis plus sceptique. Cependant, il est un garde du corps très efficace.
— Est-ce bien raisonnable de confier sa vie à quelqu'un dont on se méfie ?
— Ne t'en fais pas ! Sans trop me vanter, si Konstantinos est plus fort que la moyenne, il n'a aucune chance contre moi, ni contre sa sœur d'ailleurs !
— Néanmoins, je ne te sens pas en sécurité.
— Par rapport à Yiris et Konstantinos ?
— Yiris, je ne sais pas... Il y a quelque chose de perturbant qui émane d'elle. Konstantinos, lui, me fait vraiment peur.
— Je comprends... Mais ne t'inquiète pas pour moi, je reste toujours sur mes gardes ! dit le Roi avec un sourire.

Leurs pas les conduisirent à un petit kiosque construit sur pilotis au-dessus d'un bassin. Hitomi s'assit sur la rambarde et ferma les yeux pour mieux profiter de la fraîcheur de la forêt environnante.

Installé face à elle, Van la dévisageait d'un air tendre :

— Je voulais aussi te dire autre chose...
— Quoi donc ? interrogea-t-elle, perplexe.
— À propos de... la nuit dernière... je maintiens ce que j'ai dit. Tu as tout le temps qu'il faut pour faire ton choix mais, tu t'en doutes, je suis décidé à tout faire pour te garder près de moi.

Hitomi resta interdite, le sujet lui semblait délicat à aborder :

— Disons que, expliqua Van, un peu gêné, déjà, si tu choisis de rester à Fanelia, sache que tu ne seras pas accaparée par aucune obligation officielle. Si tu veux t'investir dans quelque chose, tu seras libre de le faire, à ton rythme...

La jeune femme posa ses mains sur ses genoux et respira profondément avant de s'exprimer :

— Je te remercie... Là, j'avoue que j'ai encore du mal à savoir ce que je veux et...
— Je crois savoir ce que tu vas dire, tu t'inquiètes pour ta famille.
— Oui, j'aimerais tellement pouvoir rassurer mes parents...
— Sur ce point, je pense justement pouvoir t'aider ! dit-il en enlevant le pendentif de son cou. Écris-leur un message et je suis sûr qu'il rejoindra sa destination !

Hitomi toucha du bout du doigt la pierre de son pendentif, se souvenant de la façon dont le journal du père d'Allen avait rejoint son foyer. Aussi, l'idée de Van lui apparut excellente.

Alors, il la conduisit dans la bibliothèque. Et là, pour la première fois, la jeune femme se servit d'une plume pour écrire.
Un long moment, elle resta bloquée sur les premières lignes. Comment expliquer ce qui se passait...
Après réflexion, elle choisit de faire simple :

« Chère Maman, cher Papa,

Ne vous inquiétez pas pour moi. Tout ce qui m'arrive serait bien trop long à expliquer, mais sachez que je vais bien et suis en sécurité ! Prenez soin de vous et de Mamoru !

Je vous embrasse très fort,

Hitomi »

Avant de faire partir le message, la jeune femme eut l'idée d'aller chercher quelque chose dans sa chambre.
Il s'agissait de sa montre. Elle l'avait déjà lors de son premier voyage sur Gaea mais, cette fois, elle avait envie d'oublier le temps.

Sachant que cet objet, cadeau que lui avait fait son père pour ses dix ans, serait immédiatement reconnu par ses proches, elle laissa le message s'en aller avec.
Et, pour cela, il suffit simplement de poser le pendentif dessus. Le bout de papier et la montre se trouvèrent entourés d'un halo lumineux avant de disparaître.

O~O

Quand Aya Kanzaki se leva ce matin-là, elle remarqua dès sa descente de l'escalier la présence de quelque chose sur la table de sa cuisine.

Elle était pourtant certaine de l'avoir lavée la veille. Mamoru était allé dormir chez un ami, son mari était d'astreinte à l'hôpital pendant encore une heure, alors, d'où cela pouvait-il venir ?
Un peu hésitante, elle s'approcha et c'est alors qu'elle reconnut la montre de sa fille. Elle tourna la tête alentour, Hitomi n'était pas là.

Elle déplia la feuille et lut le message. Quelques larmes coulèrent au coin de ses joues :

— Ainsi donc, ma puce, tu es repartie dans le mystérieux monde où ta grand-mère était allée il y a bien longtemps... J'espère que tu trouveras le bonheur là-bas...

O~O

À Fanelia, les jours suivants, Hitomi fut l'objet de toutes les attentions, encore plus que d'ordinaire. Van lui avait réservé toutes ses fins de journées.

Le reste du temps, elle apprenait divers jeux de sociétés étranges avec Merle ou allait s'amuser dans l'atelier d'inventions où Meinmet œuvrait, assisté d'Alexandre.
La présence de ce dernier supposant souvent celle de Yiris, Hitomi avait du mal à être détendue...
Parfois, elle repensait qu'elle connaissait son monde, ou du moins pas mal de ses aspects car Yiris était arrivée sur Gaea avant même sa propre naissance, sans parler que sa culture devait sans doute être différente. Aussi, la générale et son frère avaient finalement vécu sur la Lune des Illusions plus longtemps que sur leur monde natal.
Et systématiquement, quand elle réfléchissait trop au sujet, Hitomi avait des frissons, donc elle préférait ne pas se concentrer dessus et se focaliser sur les choses agréables, et non sur les personnes déplaisantes.

Ce qui était certain, c'est que la jeune femme vivait son plus bel été. Chaque soir, elle discutait des heures avec Van. Celui-ci lui avait même enseigné des rudiments de lecture des langues de Gaea et s'amusait à lui faire lire toutes sortes de récits fantastiques.

Et puis, il y avait ces moments à deux, comme seuls au monde. Hitomi avait appris à connaître le corps de son amant et Van à tempérer sa fougue.
Ainsi, ils partageaient des nuits à la fois tendres et torrides.

Cette situation nourrissait énormément les cancans de Fanelia qui, parfois s'amusaient à faire le parallèle avec le duo Yiris/Alexandre qui incarnait un couple mal assorti au possible.
Madame Générale et Monsieur Fantôme étaient l'objet de beaucoup de railleries.

Il faut dire que leur cohabitation totalement forcée devenait lourde à supporter.
Yiris n'avait aucun savoir vivre, ronchonnait toute la journée... Alexandre n'osait pas lui parler de peur de se prendre un coup de bâton, même si jusqu'à présent, elle s'était limitée à la menace...

Hylden non plus n'appréciait pas ce ménage improvisé. Bien que ne le reconnaissant pas publiquement, il tendait à considérer Yiris comme sienne et leurs longues discussions la nuit, allongés sur le toit du palais, lui manquaient.
Qui plus est, il supportait de moins en moins sa femme qui ne ratait jamais une occasion de lui faire une remarque désagréable...

À force, Hylden s'en trouvait à espérer un nouvel esclandre de Konstantinos au bordel pour avoir une conversation avec Yiris.
Concernant le fameux Konstantinos, il s'était assagi. Toujours alcoolique, il avait élu domicile dans l'appartement de fonction inoccupé de sa sœur, auparavant, il tendait à squatter çà et là, à l'écart des gens.
Revendeurs de substances hallucinogènes et filles de petite vertu arpentaient les couloirs la nuit, au grand désespoir du personnel du palais.

Le Roi avait quand même effectué un rappel à l'ordre, Konstantinos avait alors commencé à faire venir ses mauvaises fréquentations par les arrières. Connaissant le caractère du jeune homme, Van avait finalement décidé de le laisser tranquille, préférant le savoir dans un logement que le voir errer dans les rues en quête de bagarre.
Parfois, il se demandait pourquoi il gardait ce sinistre individu à son service. La remarque d'Hitomi l'avait fait réfléchir.

Cependant, tout aussi fou et médisant qu'il soit, Konstantinos était une force de dissuasion non négligeable contre une éventuelle attaque envers la personne du Roi et ses rares interventions avaient été d'une efficacité redoutable...

O~O

Ce matin-là, un homme-loup à cheval arriva dans la cour, il était très attendu. À cette occasion, il fut reçu dans la Salle du Trône.
Van siégeait sur un piédestal, tandis qu'au niveau inférieur, sur sa droite, se tenaient les généraux en armures. Hitomi, quant à elle, était dans l'allée, assise, ce qui était une grande distinction selon le protocole royal. En effet, seule elle et Meinmet disposaient de ce privilège, tous les autres étant debout.

— Votre Majesté, Seigneur de la forêt protégée par les dragons, je viens à vous de la part de mon Maître Ruhm, qui vous salue et vous souhaite bonheur et prospérité ! annonça le visiteur en s'inclinant.
— Ruhm a-t-il enfin une date pour le convoi ?
— Certainement, Monseigneur, il est prêt et sera conséquent.
— La surveillance actuelle est-elle suffisante ?
— Nous pensons que oui, plusieurs gardes des villages environnants sont venus nous aider. Nous avons dressé plusieurs barrières de surveillance avec des éclaireurs. Votre précieux chargement d'energist est en sécurité à Arzas.

Dans la salle, l'aparté provoqua son effet dans les rangs militaires :

— Comme quoi mon idée des éclaireurs n'est pas si pourrie que ça ! N'est-ce pas Mayek ? chuchota Yiris.

Le général grogna tandis que tous ceux qui avaient entendu la pique pouffaient de rire. Furieux, Van se retourna brièvement vers les militaires.
Parfois, il trouvait ses généraux consternants avec leurs petites querelles...

— Ruhm a-t-il aussi pris connaissance de mon autre demande ? continua le Roi.
— Oui, il attend l'homme en question.
— Soit ! Tu lui diras donc que le convoi d'escorte partira demain. Il arrivera donc le jour suivant à Arzas.
— Bien, Votre Majesté ! Je vais rentrer au plus vite afin que nous finalisions les préparatifs.

Sur ce, l'homme-loup prit congé. Van s'appuya la tête sur le dossier de son trône avant de reprendre :

— Comme nous avions anticipé cette opération de longue date, l'armée s'ébranlera demain. Des hommes des sections de Crâne et de Défense la composeront. Je laisse à Yiris et Mayek le soin de choisir leurs soldats.
De Fanelia à l'étape de nuit de Metel, le commandement sera assuré par Mayek, qui restera à la forteresse afin d'y remettre un peu d'ordre, car j'ai appris que les manquements au devoir s'y multipliaient.
Le lendemain, Yiris continuera jusqu'à Arzas et dirigera le convoi sur ce trajet puis sur la première partie du retour. Comme cela, chacun pourra voir les limites de sa méthode dans la pratique. Cependant, je vous rappelle que ceci n'est pas un jeu. La récente attaque montre que l'ennemi est aussi fort que cruel, donc soyez sur vos gardes !
Ce chargement est précieux, tout comme la vie de nos soldats !

Cette déclaration terminée, Van se leva et quitta la pièce. Sur son passage, tous s'inclinèrent, sauf Hitomi qui, ne connaissant pas le protocole, garda la tête levée, ce qui fit sourire le jeune Roi.

O~O

La suite de la journée fut entièrement consacrée aux préparatifs de l'escorte. Van devait gérer les disputes incessantes entre Mayek et Yiris qui, comme toujours, avaient du mal à composer.

Aux côtés de Merle, Hitomi observait avec fascination les mouvements de troupes. La jeune femme-chat lui expliquait les rudiments du fonctionnement de l'armée.
Alexandre, lui, avait la gorge nouée. Meinmet se rendait compte que son protégé arrivait à une échéance cruciale :

— Comment te sens-tu ?
— Très mal est un euphémisme...
— Tu redoutes quoi au juste ?
— Je ne sais pas... Enfin si, la confrontation avec ce Ruhm m'angoisse.
— La peur de savoir qui tu es...
— Et celle de ce que l'on va me faire...
— Tu devrais faire confiance à Yiris sur ce point !
— J'ai du mal... Si elle doit me tuer, elle le fera.
— À ta place, je ne serais pas aussi catégorique.
— Ah ? s'exclama Alexandre, intrigué.
— À force de bavarder avec tout le monde, j'ai appris une chose étonnante : de ce que l'on connaît d'elle, Yiris n'a jamais tué de sa main. Étrange pour un soldat...
— Il y a-t-il quelque chose de normal chez elle ?
— Excellente question ! s'amusa Meinmet.

Les deux hommes poursuivirent leur balade dans la caserne en silence. Soudain, passant près d'une caisse d'armes, Alexandre se saisit d'une épée sans réfléchir et commença à la manipuler.
Ceux qui furent témoins de ce fait restèrent bouche-bée. Le jeune homme semblait étonnement bien utiliser l'instrument, le faisant passer d'une main à l'autre aisément.

Une fois de plus, de toute évidence, il était en proie à une forme de transe. Et ce fut le fracas d'un bâton frappant brutalement le sol qui le ramena à lui :

— Hé le fantôme, tu joues à quoi ? s'énerva Yiris.

Secouant brièvement la tête, Alexandre jeta immédiatement l'épée au sol, sans rien dire :

— Je présume que, encore une fois, c'est venu instinctivement... conclut-elle sèchement.

Le jeune homme ne répondit pas. Agacée, la générale se baissa, ramassa l'épée et, la prenant soigneusement par le plat de la lame, la tendit à Alexandre :

— Dans cette caserne, il y a plus d'un millier de soldats. Si besoin, ils pourront intervenir. Tu veux jouer au bretteur, soit ! Ce sera moi ton adversaire !

Haymlar s'apprêtait à s'interposer. D'un geste net de la main, Yiris lui fit clairement signe de ne rien faire.
Meinmet était inquiet. L'échange à voix basse entre le second et l'aide de camp de la générale le rassura un peu :

— Yrkas, va chercher le Roi, je sens que ça risque de dégénérer !

Aussitôt, le soldat s'exécuta et quitta la salle.

Pendant ce temps, Alexandre et Yiris se faisaient toujours face. À la surprise de tous, le jeune homme finit par saisir l'épée.

Son regard se fit froid, il serra sa main sur la poignée et tendit la lame perpendiculairement face à lui. Amusée, Yiris recula de quelques pas.
Elle savait que c'était une invitation à frapper la première et elle ne pouvait la refuser.

Mettant son bâton en travers, elle se lança sur Alexandre. Le bout de bois rencontra la lame et glissa de biais jusqu'à se caler sur la garde sans que le jeune homme n'eût bouger d'un pouce.
Stupeur générale, Yiris comprise, certes, elle n'en montra rien. Délaissant ses habituelles envolées, elle frappa juste avec force. Alexandre para chaque attaque avec une rapidité et une technique qui n'était l'apanage que des épéistes expérimentés.

Au bout de seulement quelques passes d'armes supplémentaires, Van vint interrompre l'affrontement :

— Cessez immédiatement !

Les deux combattants s'écartèrent.

— Jetez vos armes !

Alexandre s'exécuta de suite. Yiris se contenta de relâcher le bras tenant son bâton, se mettant clairement en position de repos.

— J'ai dit « Jetez vos armes !».

Profondément contrariée, la jeune femme finit par obéir. Pliant les genoux, elle déposa son bâton au sol avec délicatesse.
Satisfait de la voir obtempérer, Van poursuivit :

— Yiris, je présume que tu as encore ressenti le besoin de t'amuser. J'en ai assez de tes provocations ! Je t'ai chargée de surveiller cet homme, pas de t'en servir pour te défouler ! Cette fois, c'est le dernier avertissement avant la mise aux arrêts ! Compris ?
— Oui, Votre Majesté ! répondit l'intéressée en inclinant la tête.
— Bien ! Ne me déçois pas... Sinon, reprit le Souverain, Alexandre, je t'interdis de toucher à nouveau une arme. N'importe qui a désormais ordre de te neutraliser immédiatement si tu récidives ! J'espère que pour toi aussi, c'est clair !

Le jeune homme hocha positivement la tête. Puis, jetant un regard glaçant autour de lui, le Roi fit comprendre aux curieux que le spectacle était fini et qu'ils devaient se dépêcher de retourner vaquer à leur occupation.

À quelques pas de là, Hitomi observait Alexandre et Yiris. Son regard s'attarda particulièrement sur le fourreau qu'elle tenait au côté. Après quelques doutes, son intuition des débuts se confirma, il s'agissait bien de celui de l'épée de Folken. Celle-là même qui avait tué le jeune homme.

Hitomi avait entendu parler de l'histoire selon laquelle la générale aurait récupéré la fameuse lame. Là, le détail prenait une autre dimension.

Une vision, comme si la jeune femme assistait à la rencontre de Folken et Yiris dans les ruines de Fanelia...
Puis, Hitomi vit que la générale tenait quelque chose près de son cœur, comme un trésor dissimulé dans une bourse en tissu : le morceau de lame qui avait tué Folken, encore maculé de sang.

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : J'ai dû pas mal broder sur l'intrigue de l'energist volé. Dans la série, on a très peu d'informations sur l'origine de la ressource, sa répartition et son commerce. On sait juste qu'elle est exploitée dans des cimetières de dragons, dont les pierres sont les cœurs fossilisés, et qu'elle est une ressource clef en cas de guerre car melefs et engins volants fonctionnent grâce à elle.

O~O~O~O~O~O

Merci d'avoir lu ce chapitre ! Si vous l'avez apprécié, n'hésitez pas à commenter et partager !

Instagram @ahmavros

O~O~O~O~O~OMerci d'avoir lu ce chapitre ! Si vous               l'avez apprécié, n'hésitez pas à commenter et partager ! Instagram @ahmavros

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.




Escaflowne, Leur dernier rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant