4 ~ Le temps des retrouvailles

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 1

Nothing Else Matters
(« Rien d'autre ne compte », Chanson de Metallica, 1991)

Chapitre 4

Le temps des retrouvailles

Publié pour la première fois le 6 octobre 2011

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

O~O~O~O~O~O

La Lune des Illusions brillait dans le ciel d'été. Le mois de la Lune d'Or, telle la couleur des blés, offrait des nuits courtes, certes, mais chaudes. L'ambiance était festive au bord du lac, les soldats célébraient une campagne brève et sans victime. Le lendemain, ils seraient de retour dans leur foyer.
Pour eux, la carrière de militaires était surtout plaisante quand il s'agissait juste de faire une démonstration de force à quelques membres d'une tribu indigène qui s'étaient aventurés hors de leur territoire. Et le meilleur moment demeurait celui où ils riaient de voir l'ennemi, dépassé par les forces en présence, s'enfuir sans demander son reste.

À l'écart des réjouissances, trois personnes ressentaient un étrange malaise : un jeune homme affalé entre deux tonneaux, une bouteille à la main, une femme qui lavait du linge dans le lac et un autre homme assis en retrait sur un rocher.
Sur le torse de ce dernier, à travers ses vêtements, une petite lueur rosée apparût. Alors, il leva les yeux vers le ciel, comme le firent les deux autres au même instant.

Une colonne de lumière venait d'apparaître non loin d'eux...

O~O

L'arrière-train coincé dans un buisson, Meinmet hurlait des jurons dans toutes les langues qu'il connaissait. Alexandre, bien tombé pour sa part, tentait désespérément de l'extirper de cette situation inconfortable.
Un peu plus loin, Hitomi reprenait ses esprits. Indifférente à ses deux compagnons de voyage, elle regardait fixement la Terre et la lune au milieu des étoiles et cette vision la faisait trembler.

Se dégageant enfin du buisson qui l'avait réceptionné, Meinmet remarqua ironiquement :

— Diantre, mon monde m'accueille bien !
— Le moins que l'on puisse dire, c'est que tu as fait un atterrissage original ! plaisanta Alexandre. Remarque, cela aurait été pire s'il y avait eu des épines !

Visualisant cette possibilité dans son esprit, le vieil homme eut une étrange grimace. Puis, profitant d'être à nouveau debout sur ses pieds, il finit de secouer ses vêtements et d'enlever les feuilles de sa barbe et sa chevelure.

De son côté, Alexandre se mit à observer autour de lui, perplexe. En effet, il éprouvait une déstabilisante impression de déjà-vu. Dans un lieu inconnu et qui ne devrait même pas exister, il aurait dû avoir au moins quelques inquiétudes, or, ce n'était pas le cas. Il ressentait une étrange paix face à cette forêt qui bordait un lac éclairé par la Terre et la Lune :

— Je suis chez moi ? pensa-t-il à voix haute.

Hitomi se tourna vers lui avec un sourire. Elle espérait sincèrement qu'il trouverait les réponses à ses questions sur Gaea. Sans doute était-ce en grande partie dû à son apparence si familière, elle éprouvait une sincère sympathie pour le jeune homme.
Regardant une nouvelle fois sa planète natale, Hitomi s'interrogeait sur la suite des événements. De ce qu'elle se rappelait, les colonnes de lumière n'atterrissaient jamais au hasard. Sans trop s'avancer, vu les aspirations des voyageurs, ils ne devaient pas être loin de Fanelia.

Fanelia...

Hitomi songea à nouveau à Van, tentant d'imaginer à quoi il pouvait ressembler, ce qu'il était devenu...

— Bon, les jeunes, expliqua Meinmet en détaillant soigneusement le ciel étoilé, de ce que je me souviens, ce lac est sur le territoire de Fanelia. Je serais d'avis de le contourner en allant vers le nord, il me semble qu'il devait y avoir un village de pêcheurs dans le coin.

Dérangés dans leur méditation, Hitomi et Alexandre acquiescèrent et se mirent à suivre le vieil homme, qui avançait d'un pas décidé sur la rive.

— Hitomi, je suis désolé de vous avoir entrainée ici, reprit-il, je ne crois pas que vous vouliez revenir. Cette fois, je pense que l'on ne pourra plus rien tirer de mon caillou. Cependant, j'ai bon espoir que quelqu'un puisse nous aider. En attendant, je vous assure tout mon soutien. Et c'est valable aussi pour toi, Alexandre !
— Du soutien, je sens que je vais en avoir besoin... murmura ce dernier, bagages en mains, en se rappelant sa ressemblance avec le Prince décédé de Fanelia.

Hitomi, par contre, restait muette, l'esprit ailleurs, les mains crispées sur son sac à main, seul bien qu'elle avait avec elle, largement plus dérisoire que le sac de sport qui l'avait accompagné la première fois...

O~O

À force de marcher, le petit groupe finit par repérer un vrai sentier. Ils l'empruntèrent. Tout en avançant, Meinmet déclamait un monologue sur ses souvenirs de jeunesse. Cependant, ni Hitomi, ni Alexandre, qui fermait la marche plusieurs mètres en arrière, ne l'écoutaient vraiment.
Tout à coup, le vieil homme s'arrêta et tendit son bras sur le côté pour faire signe aux autres de faire de même :

— Quelqu'un vient à notre rencontre ! dit-il d'une voix méfiante.

Devant eux se dessinèrent trois silhouettes. Alors qu'elles approchaient, les voyageurs distinguèrent sur la gauche, un immense jeune homme fin, portant une tunique noire, avec des borderies dorées au cou et aux bras, et un pantalon assorti, qui titubait un peu. Cela ne l'empêchait pas d'arborer une dague fixée sur chaque cuisse.
Sur la droite, il y avait une personne plus petite, portant un bas noir et un haut rouge, qui tenait un long bâton pour marcher.
Au centre, un autre jeune homme, moins grand que l'autre, avançait d'un pas ferme et décidé. II portait un pantalon beige et une tunique violette au bords brodés d'or, dans le style de celle de l'autre individu, nouée au côté par une ceinture rayée, ainsi qu'une épée dans son fourreau.

Hitomi avait les yeux fixés sur lui. Plus il approchait, plus la clarté apportée par le reflet de la Lune des Illusions lui éclairait le visage. Émue, la jeune femme croisa ses mains sur sa bouche avant de les laisser tomber, ballantes, comme si ses forces la quittaient. Elle voulait crier. Quoi, elle l'ignorait. Et, brusquement, l'air lui manquait. Ses jambes tremblaient.

Il était brun, ses mèches de cheveux les plus longues étaient retenues dans un catogan, les autres tombaient de façon anarchique sur son visage. Il arborait une barbe de trois jours et ses grands yeux marrons, aux reflets rosés d'energist, semblaient remplis d'étincelles.

Malgré elle, comme poussée par une main invisible, Hitomi sortit de l'ombre de l'arbre où elle s'était arrêtée et se trouva éclairée par un rayon de lumière.
La voyant, le jeune homme du milieu s'élança vers elle :

— Hitomi, je ne rêve pas, c'est bien toi !

Il l'enlaça si fort qu'elle en eu du mal à respirer comprimée contre son torse. Elle n'osait pas y croire et, pourtant, le parfum de cette peau, celui de la prairie, elle le connaissait.
Des images de Van défilaient dans son esprit, aucun doute, c'était bien lui qui la serrait dans ses bras.
L'étonnement et la peur s'en allèrent, elle se détendit et des larmes coulèrent sur ses joues. L'entendant sangloter, le jeune homme desserra un peu son étreinte et lui releva le visage tout doucement avec une de ses mains.

Ce sourire... Oui, c'était Van ! La barbe fine lui donnait vraiment l'allure d'un homme et Hitomi constata qu'il la dominait presque d'une tête de plus alors qu'autrefois, il était à peine plus grand.

— Tu es revenue ! dit le Roi d'une voix émue. Depuis dix ans, je l'ai espéré et, là, enfin, mon vœu se réalise ! J'étais en train de rêvasser et, soudain, j'ai eu une étrange sensation. C'est là que j'ai vu la colonne de lumière se former. Alors, je me suis sentie comme irrésistiblement attiré, il fallait que j'aille dans sa direction.
Mon pressentiment était bon, je t'ai trouvée... Tu sais, je n'ai jamais cessé de penser à toi et, regarde, dit-il en tirant une chaîne de sa tunique, j'ai toujours avec moi le pendentif que tu m'as donné.

Voyant cela, Hitomi fut touchée en plein cœur. Alors qu'elle avait tout fait pour l'oublier, lui ne vivait que pour la revoir, elle se sentait embarrassée et ne savait que répondre.

Brusquement, les retrouvailles furent interrompues. L'une des personnes accompagnant Van se rua vers Alexandre. Sa voix, chaude, un peu grave, avec un accent très marqué, trahissait qu'il s'agissait en fait d'une femme :

— Non, c'est pas vrai, les fantômes ça n'existe pas !

Utilisant son bâton comme une arme, elle mit le jeune homme à terre en une fraction de seconde. Surpris, celui-ci n'eut pas le temps de tenter la moindre défense.

Incrédule, Alexandre la dévisagea, elle avait un visage de cauchemar. Une large coupure traversait son visage, au teint halé, diagonalement, laissant son œil droit injecté de sang pour s'arrêter à la commissure des lèvres, et d'innombrables autres entailles la marquaient.
Ses cheveux d'un blond presque solaire, certains noués en petites tresses, étaient, avec ses lèvres restées bien dessinées et pulpeuses, pourtant charmeurs.
Cela dit, les balafres et l'expression déterminée contribuaient à dégager un sentiment étrange. Son regard bigarré vert, avec l'œil sous la cicatrice bien plus foncé que l'autre, avait quelque chose de magnétique, il faisait oublier les cicatrices et le nez un peu trop marqué.

Sans aucune difficulté, elle maintenait sa proie au sol, lui écrasant la gorge de son pied, tout en appuyant une extrémité de son bâton juste sous ses côtes. Sous cette contrainte, respirer était douloureux. La démonstration de force était surprenante venant d'une femme si petite.
La fixant les yeux dans les yeux, Alexandre ressentit à nouveau une étrange sensation de déjà-vu tandis qu'elle soutenait son regard avec une expression témoignant d'un visible agacement.

Perplexe devant la violence de la scène à laquelle il venait d'assister, Van mit fin au face-à-face :

— Yiris, calme-toi ! Qu'est-ce qui se passe ?
— Ce n'est rien, Votre Majesté, ma sœur doit être dans une mauvaise période. Elle devait avoir envie de taper le premier venu ! plaisanta le jeune homme accompagnant le Roi en sortant de la pénombre.

Hitomi le regarda. Aussi brun que son acolyte était blonde, sa maigreur et sa peau diaphane rendaient ses traits d'autant plus anguleux. Ses cheveux sombres étaient attachés et deux mèches libres encadraient le visage. Quant à ses yeux, leur bleu glacial contribuait à lui donner un air froid et quelque peu sournois.
Face à lui, la jeune femme éprouva une sorte d'angoisse.

Regardant d'un œil mauvais celui qui se disait son frère, Yiris relâcha un peu la pression sur le cou d'Alexandre. Meinmet en profita pour s'approcher de Van et s'adresser à lui :

— Excusez-moi, jeune homme, mais votre amie est en train de commettre une méprise. Mon compagnon de voyage est tout ce qu'il y a de plus calme et inoffensif. Je vous en prie, dites-lui de le lâcher.

Interloqué, le Souverain détailla son interlocuteur dont le visage lui semblait étrangement familier :

— Et à qui ai-je l'honneur ?
— Meinmet Alzacour de Fanel, Prince de Fanelia, enfin de retour au pays après plus de quarante ans à voyager sur la Lune de Illusions ! répondit fièrement le vieil homme en tendant un poignard dont le manche était marqué de l'emblème de Fanelia.

Le jeune Roi saisit l'objet et le détailla. En plus du blason, figuraient sur la lame des inscriptions usées, celles-ci donnaient, dans la langue de Gaea, le nom du leur propriétaire, en l'occurrence Meinmet, le tout adjoint à son titre de Prince de Fanelia.
Van observa à nouveau son supposé parent. Il était certain que la ressemblance avec son propre père était impressionnante, mais les circonstances restaient particulières.
Cependant, il y avait une règle qui le rassurait sur le risque de se trouver face à un fausse-personne : une fois l'apparence de leur victime prise, ils ne vieillissaient plus. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il leur était difficile de garder longtemps le même corps.
Ainsi, il aurait fallu que l'usurpateur s'empare récemment du corps, chose peu probable s'il venait de la Lune des Illusions.

— Une dague royale, en effet ! confirma finalement le jeune homme. Alors, vous seriez le frère de mon père ? Je savais que ce dernier avait disparu il y a longtemps. Qui aurait cru qu'il était allé sur la Lune des Illusions ? En tout cas, je suis ravi de faire votre connaissance, mon oncle donc !
— Moi de même, mon neveu !

Les deux hommes se sourirent mutuellement. Amusée, Hitomi observa l'interaction entre eux : aucun doute, ils étaient bien du même sang.

— Décidément, c'est une nuit bien enrichissante ! Non seulement, mon Hitomi m'est revenue mais, en plus, je rencontre mon oncle...
— Et le fantôme de votre frère ! ajouta la dénommée Yiris, avec son étrange accent, tenant toujours Alexandre en joug.
— Je tiens à te dire que je n'apprécie pas la plaisanterie ! rétorqua sèchement le Roi à l'attention de la jeune femme.
— Et bien venez constater de vos yeux !

Doucement, Van laissa Hitomi et la pria de rester auprès de Meinmet. Puis, se dirigeant vers Yiris, il ordonna au frère de cette dernière :

— Konstantinos, veille sur eux !

Hitomi dévisagea à nouveau le jeune homme maigre. Clairement, il ne lui inspirait pas confiance. Le petit sourire qu'il lui fit lui arracha un frisson d'angoisse...

Arrivé auprès d'Alexandre, Van resta figé par la stupeur :

— Qui es-tu ? Comment peux-tu autant ressembler à mon défunt frère ? Les couleurs de cheveux et d'yeux ne correspondent pas, mais le reste... Quel genre de magicien es-tu ?
— Je n'ai rien d'un sorcier ! Je m'appelle Alexandre. Je suis un homme normal, je vous en prie, croyez-moi ! répondit difficilement l'intéressé.
— Il te dit la vérité ! affirmèrent Meinmet et Hitomi.

Tous deux commencèrent alors à expliquer l'histoire d'Alexandre à Van. Yiris et lui semblèrent fort sceptiques face à un tel récit. Le frère lui, semblait presque en rire.

— Soit, je vous crois ! reprit le Roi. Après tout ce qui s'est passé avec Zaibach, je dois être méfiant. Cet individu nous accompagne au campement, nous aviserons en retournant à la cité. Konstantinos, Yiris, surveillez-le bien et n'hésitez pas à intervenir au moindre geste suspect !

Toujours à terre, Alexandre fixa longuement Van, encore cette étrange sensation de connaître sans connaître...

Jetant un dernier regard, visiblement agacé, sur celui qui lui rappelait tant Folken, Van se dirigea ensuite vers Hitomi et lui posa la main sur l'épaule, l'invitant, elle et Meinmet, à le suivre. Le grand brun pâle leur emboita le pas.

De son côté, Yiris laissa enfin Alexandre se relever et rassembler ses affaires. Prêt à se mettre en route, il lui face. De part sa taille, il la dominait largement mais, sans la moindre crainte, elle leva les yeux vers lui et lui tint tête.
Alors, sans réfléchir, Alexandre lui sourit.

Sous l'effet de l'étonnement, le regard de Yiris s'adoucit quelques instants avant de reprendre sa dureté :

— Allez le fantôme, on avance ! dit-elle sur un ton autoritaire en brandissant son bâton.

O~O

Malgré l'heure tardive, le campement de l'armée de Fanelia était toujours aussi joyeux. Les invités avaient été installés autour une petite table. Van avait laissé Hitomi, Meinmet et Alexandre aux bons soins du cuisinier militaire.
Ce dernier ne s'était pas contenté de leur apporter un simple encas, il leur avait servi un repas conséquent. L'ambiance était agréable, à ceci près qu'une dizaine de soldats surveillait du regard Alexandre, prêts à bondir.

Tandis que Hitomi goutait à chaque plat avec curiosité, Meinmet se gavait avec un enthousiasme à peine dissimulé, ce qui n'était pas le cas d'Alexandre.
Visiblement mal-à l'aise, celui-ci avait juste bu un peu d'eau et mangé un petit bout de pain.

À proximité, se tenaient des duels opposants les soldats entre eux. Avant chaque affrontement, les paris étaient pris et chaque combattant était ardemment soutenu jusqu'à ce qu'il finisse acclamé en cas de victoire ou sifflé en cas de défaite.
D'un coup, les clameurs s'amplifièrent. Konstantinos s'avança au milieu du terrain. Clairement éméché désormais, il déclama solennellement :

— Madame, et oui, aujourd'hui, je peux le dire, annonça-t-il, amusé, à l'image de l'assemblée, et Messieurs, nous allons terminer cette petite fête par un affrontement spécial comme il s'en tient rarement !
En effet, les adversaires qui vont s'affronter devant vous comptent parmi les plus grands combattants de Gaea. Ainsi, à chaque fois, la victoire est in extremis pour celui qui triomphe.
Voici donc, pour conclure cette campagne, qui fut bien trop tranquille, un vrai combat ! Camarades, et Madame, dit-il avec un clin d'œil à Hitomi qui la déstabilisa, voici Sa Majesté, Van Fanel, notre bien aimé Souverain contre ma terrible sœur, Générale de l'Armée de Défense, Yiris Aryenxiapoulos, chef de la tribu d'Irini !

La foule criait des encouragements aux deux participants. Les invités furent surpris par la ferveur à son comble.

— Une femme générale ! releva Meinmet. Et bien, ça a changé ici ! Il faut dire qu'elle n'a pas l'air commode la petite balafrée... Mais quand même... Cela dit, J'ai hâte de voir ce qu'elle vaut au combat !

Hitomi regarda vers sa droite et Van apparut, torse nu, une simple épée à la main. Encore une fois, elle fut surprise de voir comme il avait changé. Certes, il était loin d'être parmi les plus grands mais sa silhouette athlétique et élancée en imposait, rien à voir avec l'adolescent gringalet qu'elle avait connu.

Face à lui, se tenait Yiris, tenant toujours solidement son bâton. Son arme était un grand bout de bois parfaitement rectiligne, taillé en cylindre. Il était aussi grand qu'elle, et donc égal à l'envergure de ses bras, ce qui le rendait facilement maniable.
L'instrument était recouvert d'étranges symboles, dont la teinte oscillait entre le violacé et le bordeaux, ressemblant à du sang séché.

Concernant la générale elle-même, sa silhouette était somme toute très féminine avec des courbes rebondies sans trop l'être. Bien que très musclée, elle était assez petite ce qui ne l'empêchait pas de dégager une forte présence.
Elle était vêtue d'un pantalon noir court et d'une tunique rouge à décolleté croisé dont la grande majorité était recouverte d'un corset sombre. Ses bras nus étaient autant couverts de cicatrices que son visage.
À ses pieds, de simples petites ballerines et, comme amusante trace de coquetterie féminine, une épaisse ceinture de tissu coloré était nouée autour de sa taille.

— Bon, dit Van à son adversaire, je suppose que ce sera encore un combat épée contre bâton. On ne varie pas... Le public risque d'être déçu !
— Votre Majesté sait que si elle me défie au bâton, je gagnerais trop facilement ! plaisanta Yiris. Et là, les soldats seraient vraiment frustrés !
— Tu pourrais tout aussi bien tenir une épée ! s'amusa le Roi.
— Certes, Monseigneur, mais vous savez, mes petites mains, qui restent celles d'une femme, préfèrent mon vieux bâton.

Après ce petit échange, les deux guerriers affichèrent de larges sourires avant de se mettre en position de combat. Ce fut rapide. D'abord, ils coururent l'un vers l'autre. Van s'élança l'épée sur le côté tandis que Yiris lui bondissait dessus.
Ramenant sa lame devant lui, le jeune homme para le bâton avec force. Chacun recula de plusieurs pas après la violence du choc, le public applaudit. Meinmet commenta l'habileté de Yiris avec enthousiasme, Hitomi était étonnée, quant à Alexandre, il était captivé par la scène.

Les hostilités se poursuivirent avec de nombreuses escarmouches. Les attaques étaient rapides et parfois acrobatiques. Il n'était pas rare que des coups s'échangent en l'air.
Au terme de plusieurs minutes, Van parvint à faire chuter Yiris à terre.

Au moment où il croyait avoir gagné, la jeune femme se cabra violemment dans un geste d'une souplesse quasi inhumaine et le fit tomber sur elle, avant de se rouler sur le côté et de se relever d'un bond.
D'une vivacité incroyable, elle mit en joug le jeune Roi avec son bâton sur la gorge et un pied appuyant sur le bas ventre :

— Si Votre Majesté avait l'obligeance d'avouer sa défaite, je n'aurais pas à risquer de priver le Royaume d'un héritier si, par malheur, mon pied venait à glisser ! demanda Yiris sur un ton moqueur.

Bien que déçu d'avoir perdu, Van sourit et frappa trois coups au sol avec sa main signant sa défaite. Yiris l'aida aussitôt à se relever et ils furent tous deux acclamés.
Puis, un soldat apporta une chemise au Roi. Hitomi fut amusée, le vêtement était rouge, fermé d'un ruban blanc, comme autrefois.

Ensuite, le Souverain vint voir ses invités leur proposant d'aller se reposer et se rafraîchir dans une tente préparée à leur intention car, le lendemain, au lever du soleil, les troupes se mettraient en route pour retourner à Fanelia.
Avant de s'éloigner, Van adressa un regard plein de tendresse à Hitomi qui lui répondit en esquissant un léger sourire embarrassé.

O~O

Voulant prendre un bain après ses acolytes, Alexandre ne put que constater qu'il n'y avait plus d'eau chaude dans les cruches. Si Hitomi avait fait vite, il soupçonnait Meinmet d'avoir profité de la situation. Il regagna donc la pièce principale avec dépit...

— Tu devrais demander aux gardes, suggéra le vieil homme, ils pourraient t'apporter une autre cruche !

Alexandre ne le disait pas mais, parfois, il ressentait une envie difficilement réprimée de dire à son compagnon de voyage à quel point son sans-gêne l'agaçait.
Soupirant, il se dirigea vers l'entrée de la tente. Repoussant la grande toile qui faisait office de porte, il s'adressa à l'un des gardes :

— Excusez-moi, pourrais-je avoir une cruche d'eau chaude s'il vous plaît ? J'aurais apprécié de prendre un bain mais, malheureusement, mes camarades ont fini nos réserves.
— Ce n'est pas que je ne veux pas, expliqua le soldat, mal à l'aise, mais là, on a démonté tous les fours où l'on place les cruches pour les chauffer.
— Cela ne fait rien... répondit le jeune homme, s'apprêtant à regagner l'intérieur.
— Attendez, je connais un endroit où le four n'a pas été démonté... osa un autre garde en se mordant la lèvre inférieure. Cependant, je vous préviens, ce n'est pas moi qui vais demander !
— Comment ça ? interrogea Alexandre, sceptique.
— Bien, c'est la tente de Konstantinos. Et, avec tout le respect qui lui est dû en tant que garde du corps du Roi, la plupart d'entre nous n'aime pas trop avoir affaire à lui. Il est... Comment dire... Cinglé... Il est trop effrayant quand il joue avec ses couteaux !

Les autres soldats approuvèrent la remarque de leur collègue. Plus par curiosité que par envie de se laver, Alexandre leur demanda de le conduire à la tente en question.
Elle se trouvait sur un bord du campement, à proximité du lac. La fumée qui s'échappait de la petite cheminée de fortune montrait qu'effectivement le four fonctionnait encore.

Les gardes qui escortaient Alexandre stoppèrent quelques pas avant la résidence de Konstantinos. Le jeune homme était encore davantage intrigué par leur attitude. Il s'avança alors vers la porte de toile et commença à s'expliquer :

— Pardon de vous déranger. Je suis Alexandre, celui qui votre sœur a mis à terre. On m'a dit que vous aviez encore de quoi chauffer une cruche d'eau. Si tel est le cas, pourriez-vous avoir l'amabilité de m'en fournir une ?
— Entre ! répondit sèchement l'intéressé depuis sa tente.

Alexandre poussa le rideau et se trouva confronté à une vision insolite. Dans une grande barrique de bois se tenaient Konstantinos et sa sœur, face à face, chacun les jambes hors de l'eau.

— Excusez-moi, j'ai dû mal comprendre... dit-il, gêné, commençant à se retourner pour sortir.
— Oh, ça va ! s'exclama Yiris. Ne va pas imaginer des choses, Monsieur Fantôme, ce n'est que mon petit frère ! J'ai changé ses couches, donc partager son bain, ça n'a rien de si étonnant !

Tout en parlant, elle était sortie de la barrique, sans aucun souci de pudeur. Juste avant de détourner le regard par correction, Alexandre constata qu'elle avait largement autant de blessures qu'on pouvait imaginer en voir sur un grand vétéran. Étrange pour quelqu'un qui semblait âgé d'une trentaine d'années, qui plus est une femme.

Toujours aussi nue, elle remit une cruche chaude à l'anse protégée d'un linge à son visiteur :

— Et surtout, ne te brûles pas !

Se penchant, le regard du jeune homme croisa celui de la générale et elle lui fit un petit clin d'œil malicieux.

Alexandre sortit de la tente, il n'avait rien compris...

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : Dans la série, les colonnes de lumière conduisaient leurs élus à des endroits particuliers et étaient ainsi les instruments du destin. Je me suis donc servie de ce fait pour expliquer que la colonne de lumière amène ses trois passagers à Fanelia, lieu souhaité par Meinmet.
Concernant l'évocation du calendrier, certains mois, selon les guides, ont reçu une « couleur de Lune » avec un équivalent de calendrier terrien. Le mois d'avril était l'objet d'un litige entre le blanc et le vert (À mon avis, le vert était une erreur... Le blanc semblait plus logique est plus souvent évoqué dans les livres officiels). J'ai pensé que l'or rendrait justice à un mois de juillet en rappelant le blé prêt à être moissonné.


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