1 ~ Une rencontre improbable

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Leur dernier rêve

Édition Finale Souvenirs de Plume(s)

Fanfiction Escaflowne écrite par Andromeda Hibiscus Mavros

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Rating / Classement [+18]

Livre 1

Nothing Else Matters
(« Rien d'autre ne compte », Chanson de Metallica, 1991)

Chapitre 1

Une rencontre improbable

Publié pour la première fois le 29 septembre 2011

Crédits : L'univers de The Vision Of Escaflowne est la propriété de Shoji Kawamori et du studio Sunrise, je ne fais que l'emprunter pour cette histoire.
Exception faite pour quelques personnages et lieux que j'ai créés pour l'occasion.

O~O~O~O~O~O

Puisque l'imagination des hommes est sans limite et que Gaea est issue de leurs rêves, alors, en ce monde, rien n'est impossible...

O~O

— Le rouge est superbe, mais... non ! À vrai dire, il faut être réaliste, le rouge, ça fait vraiment trop flash... Hum, je crois que je vais devoir me résigner à un truc pastel... Peut-être que celui-ci, le vert avec les broderies de fleurs roses et mauves, ferait l'affaire, parce que le blanc, c'est non !
Pas vrai Hitomi ?

Aucune réponse.

La jeune femme aux yeux marrons et cheveux écarlates s'agaça devant les glaces :

— Hitomi ?

Toujours pas de réponse...

Cette fois-ci, elle se retourna et frappa le vêtement sur les genoux de son amie assoupie :

— Hitomi, réveille-toi !

Un sursaut, Hitomi sortit brutalement de sa léthargie. Elle était assise sur un fauteuil entouré d'un champ de kimonos jetés au sol.
Devant elle, son amie Yukari, mains sur les hanches, l'air contrarié :

— Et bien, c'est utile d'emmener une amie pour choisir sa tenue de mariage... Tu dors depuis combien de temps ?
— Heu... Je ne sais pas...
— Mouais... Bon, maintenant que tu es réveillée, dis-moi ce que tu en penses !

Cessant de ronchonner, Yukari enfila le fameux kimono vert et fit mine de le fermer avec un joli obi jaune pâle avant de s'admirer dans un paravent à miroirs.

Et cela faisait trois heures que le spectacle durait. Après tout ce temps à entendre sa meilleure amie commenter et re-commenter un à un les kimonos de la boutique, il était difficile de rester éveillée...
C'est pour cela que Hitomi, malgré elle, s'était endormie, le confort de son fauteuil aidant.

— Hein, quoi, celui-là, le vert ? Oui, il est pas mal... acquiesça-t-elle, toujours vaseuse.
— Pas mal ou bien ?
— Franchement, il est beau ! Et comme tu ne veux pas de blanc, ça devrait aller... Un bon compromis...

Apparemment satisfaite de la réponse, Yukari lâcha le kimono sèchement sur un siège, tandis que les vendeuses ramassaient le désordre vestimentaire laissé par l'interminable essayage.
Puis, elle s'affala sur un fauteuil et soupira en regardant le plafond. Dans cette boutique dédiée aux tenues traditionnelles de cérémonie, une des plus huppées de Tokyo, elle n'était pas du tout dans son élément.

Il fallait dire que ses cheveux flamboyants, attachés en chignon ébouriffé et débordant de piques fantaisistes, contrastaient avec l'ambiance sobre et chic de l'établissement.
Quant à son attitude... Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle dénotait aussi sérieusement avec celle calme et posée des employées.

— Tu sais quoi Hitomi ? J'en ai marre ! lâcha Yukari en se vautrant encore davantage, bras ballant sur les côtés.
— Ah bon ? s'étonna son amie en tournant la tête vers elle.
— Oui, tout cela, ça m'exaspère. Le père de Susumu a exigé qu'il finisse ses études de gestion et de commerce international avant que l'on puisse se marier.
Moi, ça fait dix ans que je l'aime et j'ai patienté tout ce temps... Néanmoins, maintenant que l'échéance tant attendue arrive, et bien...
— Quoi ?
— Je ne sais pas, je ne suis plus trop sûre. Attention, ce n'est pas que je n'aime plus Susumu, mais...
— Mais ? insista Hitomi en se redressant.

Yukari soupira. Puis, s'appuyant sur ses bras, elle s'assit correctement. Quelques instants, elle releva la tête avant de se mettre à fixer le sol avec un air triste :

— Je crois que ce qui m'attend ne me plaît pas vraiment. La famille Amano est du genre traditionnel. Bien qu'ils aient tous énormément voyagé, ils restent des japonais tout ce qu'il y a de plus classiques. La grand-mère de Susumu a beau être anglaise, quand je la vois, il n'y a que ses yeux non bridés qui trahissent ses origines.
— Et évidemment, toi, tu fais contraste, c'est ça ?
— Ah ça ! déclara Yukari avec un air plus amusé. Tu te rappelles le récit de ma première rencontre avec la famille ?
— Oui, ils regardaient tous fixement ta flamboyante chevelure.
— En effet, ils ont beau être deux ou trois à avoir naturellement les cheveux châtains à cause de la grand-mère, ma couleur les a tous traumatisé !
— En même temps, Yukari, le rouge écarlate, ce n'est pas naturel comme teinte ! s'amusa Hitomi.
— Certes, mais de là à croire voir un dragon débarquer chez soi ! De toute façon, tu disais déjà cela du temps où mes cheveux étaient châtains à reflets roses... Alors que toi, tu es blonde cendrée, très japonais aussi...
— Je te rappelle que, moi, c'est naturel ! Cela vient de mon arrière-grand-mère côté maman...
— Qui était russe... Et qui a connu l'arrière-grand-père lorsqu'il était allé chercher du poisson à Sakhaline pour son restaurant parce que cette branche de la famille est originaire d'Hokkaido...
— Ma parole, tu connais mieux ma propre famille que moi ! ironisa Hitomi entre deux bâillements.
— Trêve de plaisanteries, je crois que ce kimono vert fera bien l'affaire ! Allez, on y va, j'ai vraiment besoin de me dégourdir les jambes !

Sur ce, Yukari se releva enfin et récupéra ses affaires avant de s'adresser à une des vendeuses, encore traumatisées par l'après-midi qu'elles venaient de passer :

— Je crois que je vais opter pour le vert pastel avec le obi jaune. Je reviendrai pour l'essayer à nouveau de toute façon, d'accord ? J'ai encore un peu de temps avant le mariage et l'habilleuse est déjà réservée !
— Bien, Mademoiselle ! répondit poliment la dame sur un ton crispé, visiblement terrorisée à l'idée de voir revenir la tornade ravager son magasin.

Profitant d'une glace, la jeune femme rajusta les baguettes ornant ses cheveux rouges, redescendit un peu le jupon bouffant de sa robe multicolore et se dirigea vers la sortie pour enfiler ses ballerines, tout aussi colorées que le reste de sa tenue.
Hitomi, de son côté, se leva et ramassa son sac, qu'elle renversa maladroitement, laissant tomber quelques livres. Elle se hâta de les récupérer tandis que son amie rigolait discrètement de sa maladresse.

Les vendeuses les saluèrent, leur ouvrirent la porte, et les regardèrent s'éloigner, visiblement soulagées. Maintenant, il ne leur restait plus qu'à ranger !

O~O

Au fil des pas des deux amies, les rues de Tokyo s'enchaînaient. Le quartier traditionnel laissa place aux immeubles de verres de Shibuya, l'endroit branché de la capitale japonaise.
Yukari se sentit instantanément dans son élément. Libérée, elle avançait légère au milieu de la foule, sautillant presque.

Amusée, Hitomi la suivait, mais d'un pas plus calme. Ses cheveux blond cendré lui arrivaient désormais aux épaules. De nature assez raide, ils flottaient librement au gré du vent. Quant à ses yeux, vert tilleul, il émanait d'eux une certaine mélancolie.
Vêtue d'une robe bleue, agrémentée de bordures volantées, de discrètes petites chaussures assorties, seul son sac cabas chargé de livres trahissait qu'elle pensait avant tout à ses études.

Après plusieurs minutes à s'arrêter devant les vitrines et à observer les nouveaux gadgets, suivies d'un salut à la statue du chien Hachiko, Yukari poursuivit son chemin plus calmement et reprit un air plus sérieux :

— Il paraît qu'en Europe, il ne pleut pas en été, plutôt en automne. Pas de chance pour moi, on devrait partir en septembre pour Londres ! râla-t-elle en piétinant.
— Si vite ?
— Oui, donc examens le 23 juillet, résultats le 30, fête d'été le 31 et on part dans les préparatifs du mariage, qui aura lieu le 15 août. Après la famille nous laisse une semaine de répit avant de faire nos bagages pour l'Europe. Je crois que là, Susumu a juste un stage de formation. On devrait revenir au Japon pour la fin octobre. Cependant, le prochain voyage risque d'être plus long...
— Tu ne devrais pas te plaindre, tu vas voyager ! remarqua Hitomi, surprise du dépit qu'elle percevait chez son amie.
— Oui, ce n'est pas faux. Néanmoins, Susumu m'a prévenue : être Madame Amano consistera surtout à l'attendre car il va énormément travailler... Ainsi, je serais seule la plupart du temps... Tu vas beaucoup me manquer. Tu sais, je t'emmènerais bien avec moi... répondit Yukari avec un petit sourire triste en se retournant vers sa meilleure amie.

S'imaginant tenir la chandelle entre ses deux camarades et être trimballée devant tous les monuments d'Europe par une Yukari débordante d'énergie, qui ferait aussi le tour des boutiques, Hitomi éclata de rire.

— Visiblement ça t'amuse... Ah la la... Mais sérieusement, Hitomi, tu comptes faire quoi de ton côté ?

La question toucha l'intéressée en plein cœur. Cette fois, la jeune femme ne souriait plus et se mit à fuir le regard de sa complice de toujours :

— Si, je réussis à avoir cette année, je crois qu'il ne me restera plus qu'à commencer mon internat. Mon père m'a assurée qu'il m'obtiendrait une bonne place dans un service tranquille. Il m'a parlé de laboratoires de recherches. Il est si content que j'ai choisi d'étudier la médecine pour marcher dans ses traces... À la base, il plaçait beaucoup d'espoir en mon frère...
— Bah, tu sais, Mamoru, les études, ça n'a jamais été son truc... Dès l'école primaire, il ne foutait pas grand chose...
— Oui, Papa a fini par se résigner à ce que son fils ne fasse pas de grandes études. Alors, maintenant, il reporte tout sur moi, tandis que Mamoru se vautre devant la console dès son retour du lycée, tant que ses notes approchent la moyenne et qu'il ne prend aucun avertissement...
— Tu devrais être plutôt contente, ton papa croit en toi. On n'encourage pas sa fille dans un cursus universitaire long et difficile pour ensuite lui dire de se marier et de rester sagement à la maison !
Moi, avant que je ne rencontre Susumu, mes parents voulaient que je fasse un truc simple, genre vendeuse en boutique, puis une fois mariée, hop, au foyer !
— Ils t'ont sous-estimée ! releva Hitomi. Je trouve quand même que tu as bien suivi en médecine...
— Oui, mais moi, j'ai choisi cette branche uniquement pour être avec toi. Parce que vu que je n'étudie que dans l'attente de ce mariage, il fallait bien que je m'occupe et, au moins, c'était avec ma meilleure amie ! Et puis, tu exagères, le semestre dernier, j'ai encore été cliente pour le rattrapage et je suis finalement passée limite de chez limite...
— Tu sais Yukari, ce n'est pas parce que mon père est cardiologue que je fais médecine...
— Ah bon ?
— Oui, il y a longtemps, j'ai rencontré une personne qui n'avait pas du tout besoin de travailler. Elle avait choisi de devenir médecin par conviction... J'aimerais y arriver pour réaliser son rêve car elle n'a pas pu le mener à bien...

À ces mots succéda un silence. Yukari comprit que son amie faisait référence à sa disparition, dix ans auparavant.

Plongée dans ses pensées, Hitomi revoyait Millerna. Ses mimiques et son excentricité lui rappelaient assez celles de Yukari. Comme elle, son amie, allait devoir elle aussi assumer un mariage qui lui ôterait une bonne partie de sa liberté.

Hitomi se rendit compte que cela faisait des années qu'elle n'avait pas songé à son voyage sur Gaea. Cependant, force était de constater que cela restait au chaud dans un coin de sa mémoire.
Puis, brièvement, le visage de Van lui apparût. Portant la main à son cou, elle voulut serrer son pendentif, mais ses doigts se refermèrent sur eux-mêmes lui rappelant qu'elle ne l'avait plus depuis bien longtemps.

Afin de chasser tous ses souvenirs de Gaea de son esprit, la jeune femme secoua vivement la tête, sous le regard étonné et inquiet de Yukari :

— Dis Hitomi, tu te sens bien ?
— Oui, oui ! répondit cette dernière dans un large sourire forcé.

Yukari n'était pas stupide, elle sentait bien que son amie avait soudainement changé d'attitude. Depuis cette mystérieuse année où elle avait disparu et dont elle prétendait ne pas se souvenir, Hitomi avait parfois ce genre de petits moments d'absence.
En effet, en dépit des propositions d'écoute bienveillante de sa maman et de sa meilleure amie, Hitomi était persuadée que l'oubli apparaissait comme la meilleure solution pour avancer.

— On va rentrer ! reprit la jeune femme blonde, en changeant volontairement de sujet. Tu ne m'avais pas dit que tu avais justement un dîner avec la famille Amano ce soir ? Sache que tu ne dois pas être en retard si tu ne veux pas que la grand-mère te serve son fameux regard !

Ce que venait de dire son amie rendit soudainement Yukari complètement livide :

— Quelle heure est-il ?
— 16 h 30, pourquoi ?
— Parce que la famille a aussi prévu une sorte de « tea-time », encore une idée de la grand-mère anglaise ! Mon Dieu, je viens de me rappeler maintenant que ces fichus britanniques boivent leur thé à 17 h ! hurla Yukari en se tenant la tête dans ses mains.

Aussi sec, au bord de la panique, elle saisit la main de son amie et se mit à courir vers la bouche de métro la plus proche, bousculant de nombreux passants.
Retenant difficilement son cabas de livres pour l'empêcher de se renverser en pleine rue, Hitomi peinait à suivre le rythme.

Soudain, Yukari s'arrêta aussi net qu'elle avait démarré :

— Hitomi, j'ai un problème ! Enfin, un autre !
— Lequel ?
— J'ai emprunté des livres à la bibliothèque universitaire, le délai expire ce soir ! Et comme j'ai accumulé les retards, je crois que je vais avoir un mot dans mon dossier ! À quelques jours des examens, je le sens très mal ! Déjà, que je ne suis pas très douée... Je n'ai pas besoin de ce diplôme, mais si je rate ma session, ça ne va pas le faire avec la belle-famille !
— Donc, je dois aller les rendre à ta place, c'est ça ? déduisit Hitomi, amusée.
— Oui, s'il te plaît ! supplia Yukari avec des grands yeux larmoyants. Sauve-moi !
— OK... soupira la jeune femme blonde en souriant. Passe-les-moi, comme si je n'étais pas assez chargée comme ça !
— Merci, tu es un amour ! dit son amie lui faisant une bise sur la joue.

Très pressée, Yukari sortit en toute hâte deux livres aux pages cornées de son sac, les lâcha sur les bras tendus de son amie, lui refit une bise et s'enfuit à vitesse grand V.

— Tu m'étonnes... se dit à Hitomi à elle-même, perplexe. Toi, qui était la Reine de la logistique, mon « manager », comme tu disais quand je courrais, tu as vraiment la tête ailleurs avec ce mariage... Ma pauvre Yukari, cette attitude négligente ne te ressemble pas... Enfin...

Sur ce, lâchant un soupir ironique, la jeune femme se dirigea alors vers la faculté, la démarche hâtive, car les portes étaient closes à 17 h les vendredis soirs...

O~O

— 17 h 15 ! Et zut ! ronchonna Hitomi en regardant l'horloge qui dominait la bibliothèque universitaire. Trop tard ! Décidément, ce n'est vraiment pas ma journée ! Je n'ai pas pu réviser à cause des essayages et, maintenant, voilà que j'arrive trop tard...

Énervée, elle s'apprêtait à faire demi-tour, cependant, une brusque brise stoppa ses pas. Alors, elle se retourna vers l'établissement. Le vent se levait et, venus de nulle part, des nuages commencèrent à obscurcir le ciel estival, jusque-là d'un bleu limpide.

Hitomi ne fit pas vraiment attention à ce changement brutal de temps, elle se sentait comme attirée par le murmure du vent. Comme si ce dernier lui demandait d'entrer dans la bibliothèque.
L'attraction était trop forte, Hitomi s'avança presque malgré elle. Gravissant les marches, elle s'aperçut que la porte était encore ouverte et, passant le seuil, retrouva aussitôt ses esprits :

— Oh, miracle ! Je vais peut-être pouvoir rendre ces livres finalement ! s'exclama-t-elle, soulagée.

Une fois dans le hall d'entrée, elle se dirigea vers le seul endroit encore éclairé : le comptoir. Le vieux gardien était encore aux prises avec son ordinateur.
Dans son uniforme noir, sa casquette gavroche assortie vissée sur ses courts cheveux, il lissait sa moustache grise, tentant sans doute de résoudre un énième bug de ce système qu'il ne comprenait pas, mais auquel il devait s'accommoder en fin de carrière.

Pour l'avoir plusieurs fois sorti de l'embarras en résolvant ses problèmes informatiques, Hitomi le connaissait bien. Ainsi, elle s'approcha de son bureau sans crainte de se faire réprimander.

— Et bien, jeune fille, tu sais que c'est fermé à cette heure ! remarqua le vieil homme sans lever les yeux de son écran.
— Je sais, Monsieur Tanaka, seulement, mon amie avait oublié de rendre ses livres.
— Ton amie, Mademoiselle Uchida aux cheveux rouges, c'est ça ? Elle a perdu la tête ou quoi ? Ces derniers temps, elle est toujours hors délai pour rapporter ses emprunts.
— C'est vrai, mais elle se marie très bientôt ! répondit Hitomi, amusée. Et plus la date approche, plus elle devient distraite !

Le vieil homme releva la tête et la secoua, l'air blasé :

— Ah ces jeunes filles, une fête avec une belle robe, et elles en oublient tout le reste... Enfin, c'est bon, je note qu'elle est à jour. Par contre, je suis moi-aussi en retard et je n'ai pas envie d'attendre mon train trop longtemps car ma femme n'est pas du genre patiente, accepterais-tu de me rendre un service ?
— Oui, Monsieur, si je peux !
— Je n'ai pas le temps d'aller ranger les livres et si le bibliothécaire en chef les voit trainer, il va soupçonner qu'ils ont été ramenés après la date butoir. Donc, il faudrait que tu montes à l'étage. Il y a un stagiaire, un grand gars tout pâle, un Russe, je crois. Il s'appelle Alexandre, avec un nom imprononçable. Va le voir et donne-lui les livres de ton amie. Il les rangera ni vu ni connu. C'est un chic type, même si, au début, son allure me faisait aussi peur que celle de Mademoiselle Uchida la Flamboyante !
— Ah bon ? demanda Hitomi, l'air intriguée. Qu'a-t-il de si particulier ?
— Et bien, il est blanc comme la neige et haut comme un arbre. Et pour en rajouter un peu plus dans l'originalité, il a les oreilles percées, les cheveux gris et des vêtements... sans commentaire... Enfin, comme le chef l'a trouvé très érudit et qu'il était de toute façon bien trop grand pour nos uniformes, il le laisse faire... Surtout qu'avec sa hauteur, il range vite les livres car il n'a pas besoin d'échelle. Et puis, il ne travaille pas devant le public, donc l'apparence... Bon, ceci dit, conclut le gardien en éteignant enfin son ordinateur, j'y vais ! À une prochaine fois, Mademoiselle Kanzaki !
— Merci encore à vous ! dit la jeune femme en s'inclinant.
— De rien, après toutes les pannes que tu m'as réparées, je te devais bien ça ! Au revoir, et passe le bonjour à Mademoiselle Uchida en lui rappelant de penser à garder sa tête fixée sur ses épaules au lieu de rêvasser à son grand jour !

Sur ces dernières paroles, le vieil homme quitta les lieux, Hitomi le regarda s'éloigner. Lorsqu'il disparut de son champ de vision, le vent se fit à nouveau entendre et l'atmosphère devint oppressante.
Cette fois, le murmure semblait provenir de l'étage. Se sentant encore une fois comme happée, Hitomi se mit à gravir l'escalier.

Au niveau supérieur, une seule lampe allumée trahissait une présence. On entendait aussi quelques bruits de livres cognant les étagères ou tombant sur le sol ainsi que quelques jurons incompréhensibles, probablement en russe.

Hitomi était intriguée par cette voix. Cependant, elle était incapable de savoir pourquoi. Elle avait déjà entendu des étrangers parler, elle n'aurait donc pas dû être surprise outre mesure, mais là, il y avait quelque chose de plus subtil.

Au détour d'une allée, elle trouva celui qu'elle cherchait. Perché sur une chaise pour atteindre le dernier rayon pour poser un livre malgré sa taille, c'était un homme effectivement immense.
Tournant le dos, il semblait visiblement très affairé à sa tâche.

Son look accrocha le regard d'Hitomi : jean sombre, débardeur psychédélique... À cela s'ajoutait une coiffure excentrique, des cheveux gris à la coupe anarchique, et même des boucles d'oreilles.
Cette simple observation appelait un constat évident : il n'avait effectivement rien de l'aide bibliothécaire traditionnel.

Quand elle vit qu'il avait achevé de ranger son dernier livre, la jeune femme s'autorisa à l'interrompre :

— Excusez-moi, Monsieur Tanaka m'a permis à rapporter des livres pour une amie après la fermeture. Il m'a dit que vous pourriez vous occuper de les ranger. Cela ne vous dérange pas ?
— Absolument pas ! Attendez, je descends et on regarde ça.

Il s'était exprimé dans un japonais maladroit, néanmoins parfaitement compréhensible. Son intonation était étrangement suave, ce qui troubla la jeune femme.

Cette fois, c'était sûr et certain, cette voix, elle la connaissait.
Mais d'où ?

Elle n'eut pas le temps de réfléchir que le jeune homme se retourna. En le voyant, Hitomi se figea, laissant tomber les ouvrages à terre :

— Non, ce n'est pas possible, ça ne peut pas... bredouilla-t-elle.

Terrorisée, la jeune femme dévisagea l'homme aux traits fins et allongés. Ses cheveux étaient gris, sans nuance verte, ses yeux bleus, en partie cachés par des lunettes rectangulaires à montures fines et, surtout, son bras droit de chair et de sang.
Abstraction faite de ces quelques différences, Hitomi croyait voir Folken.

Alors, toutes sortes d'images défilèrent dans sa tête : la première fois qu'elle l'avait vu rendant son épée à Van dans la forteresse flottante du Vione, leur conversation dans les ruines de Fanelia... Et puis sa mort...
Elle revoyait même sa tombe.

Devant cette vision irréaliste d'un mort qui lui souriait, Hitomi perdit connaissance.

O~O~O~O~O~O

Notes de l'auteur : La statue du chien Hachiko existe réellement à Shibuya, le quartier branché de Tokyo. Ce chien fidèle a continué d'attendre son maître encore des années après la mort de ce dernier.
Aussi, le prénom du frère d'Hitomi n'est pas mentionné dans la série mais dans le manga shojo, aussi je le reprends ici.
Enfin, je me suis rendue compte de la particularité des années scolaire au Japon, elle finisse fin mars, un mois de vacances et nouvelle année en avril... Il y a aussi un mois de vacances en août.
J'avoue que pour les universités, je ne connais pas le fonctionnement exact, à ceci près que le début d'année reste en avril. Faute de trouver des informations certaines, j'ai « calé » une session intermédiaire d'examen calquée sur les trimestres scolaires (dont l'un se termine avant des vacances en août) pour les besoins de l'histoire.


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