Chapitre 8

112 13 0
                                    

Frank et Gerard avaient plié bagages et s'étaient échappés de la maison abandonnée par les toits, croisant les doigts pour ne pas faire trop de bruit et se faire tuer. Leur évasion s'était déroulée à merveille, ils avaient atteint la dernière rue du village qui menait à un pont qu'ils étaient obligés de traverser, le courant du fleuve étant trop fort.

L'américain était fasciné par la façon dont l'italien prenait les décisions, il était à l'affût du moindre bruit, de la moindre ombre suspecte. Il arrivait à rester sur la pointe des pieds sans se fatiguer, tandis que Gerard frappait le sol de ses grosses rangers.

Sur le bord du fleuve, Frank remarqua que quelque chose brillait sous la pleine lune, il pensa d'abord à des yeux ou une arme et ordonna à Gerard de se baisser. Mais en plissant les yeux et en s'approchant, il vit que ce n'était rien de cela, ces choses brillantes ressemblaient à des pots. La faim lui remua le ventre. C'était bien des pots, remplis de confitures. Il les mit dans son sac et ils se mirent à courir pour passer le plus rapidement le pont et arriver dans le bois à quelques mètres de celui-ci.

« Les Allemands aiment bien tuer ceux qui se cachent dans les forêts, murmura Gerard.

- T'as une meilleure idée de cachette ? On ne peut pas passer par les champs, on sera à découvert, on est plus sur le front je te rappelle. »

Gerard leva les yeux au ciel et suivit l'Italien jusqu'à l'orée du bois. Ils s'engouffrèrent dans l'obscurité des branches et des feuilles. La lune les éclairait, leur donnant un chemin loin du sentier fait par les allers-retours des hommes. Ils se frayaient un passage dans les buissons, leurs poignets et leurs joues se faisaient griffer par les branches et les ronces, mais la douleur n'était pas comparable avec ce qu'ils avaient enduré.

Ils s'arrêtèrent dans une clairière où une énorme chêne était placé en son milieu. Cette clairière pouvait leur faire office d'abris pour deux-trois jours, mais pas plus. Ils y passèrent la nuit, épuisés.

Black Rain [frerard]Место, где живут истории. Откройте их для себя