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Il y avait cette fille assise sur le banc face à l'école primaire.

Cette fille qui semblait ailleurs,
perdue.

Figée dans le temps.

Souvent,
elle était là.
Assise,
une clope à la main,
les écouteurs dans les oreilles.
Elle était là,
comme chaque soir depuis un mois. Même heure,
même banc,
même fille.

Et puis il y avait moi,
ce garçon apocalyptique dont elle ne soupçonnait même pas l'existence.

Je l'observais du haut de ma fenêtre me demandant pourquoi elle était là, pourquoi elle était seule.
Me demandant quel genre de musique elle écoutait,
quel genre d'études elle faisait.

P o u r q u o i ?

Je ne sais pas mais elle était là et j'aimais ça,
la regarder.

Ce soir c'était différent.

Tandis que je la contemplais du haut du troisième étage une envie soudaine et irréversible m'a surpris : je voulais la rejoindre.

J'avais pourtant peur.
Elle était si belle lorsque je l'étudiais de loin.
Son teint blanc,
ses joues rosées,
ses lèvres gercées...
quel prodige de la nature.

Cette fille s'appelle Aurore,
elle aime le paysage de nuit,
la solitude.

Ce soir-là elle écoutait du jazz et ses cigarettes étaient mentholées,
ses préférées.

Désormais chaque crépuscule nous nous retrouvons sur ce même banc, face à l'école primaire et nous y restons en silence.

Sûrement il y a-t-il quelqu'un qui nous observe du haut de son immeuble, qui sait.

Cigarettes mentholéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant