4. Père et roi

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Le convoi parcourut sans encombre une partie de la distance qui le séparait du royaume d'Ereyne. Ils croisèrent plusieurs patrouilles de soldats royaux, mais également quelques groupes de personnes issues des deux mondes. Celles en provenance du monde de Zelyan étaient terrorisées, paralysées par une technologie en rade. Pour l'heure, les réseaux des alentours étaient saturés.

— C'est une chance que Thomas ait pu joindre Mary tout à l'heure, avant que le réseau ne tombe, commenta l'adolescent en voyant un homme pleurer sur son pc au bord d'une route déchiquetée. J'espère que ça va revenir, ajouta-t-il en glissant une main dans sa poche pour serrer son portable.

— J'espère surtout que le château n'est pas trop endommagé, murmura Ereyne.

— Le château n'est pas touché altesse. Nous allons bientôt sortir de la zone endommagée, déclara le capitaine de la garde qui écoutait la conversation des deux jeunes. Les dégâts sont concentrés autour de la montagne interdite, le reste du royaume n'est pas affecté.

Ereyne grommela qu'ils n'étaient pas pour autant tirés d'affaire, mais parut soulagée en entendant cette nouvelle. Zelyan le fut également lorsqu'il réalisa que le phénomène était également très certainement restreint de son côté et que, par conséquent, ses parents étaient saufs.

— Tu souris comme un benêt Zelyan, les mondes entrent en collision et toi tu souris.

— Mes parents vont bien, répondit Zelyan, c'est le plus important.

Ereyne ne peut qu'acquiescer.

Ils marchèrent une bonne heure, Ereyne ayant refusé qu'un garde lui prête sa monture, puis ils arrivèrent sur une terre sacrée. Il s'agissait d'une petite place de pierre, ornée en son centre par deux piliers gravés d'un symbole à multiples pointes. Le dieu des vents et des voyages accordait sa bénédiction à cette terre. Les gardes n'allèrent pas plus loin, les terres sacrées n'accueillaient qu'une poignée d'élus. Ereyne sortit de sa tunique deux chaînes d'or, au bout desquelles scintillaient deux pierres précieuses.

— Heureusement que je les ai toujours avec moi, dit-elle alors qu'elle ôtait l'un des bijoux pour le mettre au cou de Zelyan. Tiens.

— Je sais enfin à qui sut ce cadeau que m'a fait ta marraine la bonne fée.

— Elle devait se douter qu'un jour cela nous serait utile.

Ereyne s'approcha des piliers qui brillèrent en résonance avec la pierre de la jeune femme. Elle appuya sur quelques symboles puis se retourna et tendit une main à Zelyan qui la saisit.

— Prêt à découvrir le château ?

— Enfin !

Ils avaient, enfants, vécu de nombreuses aventures, mais Z Lyon n'avait jamais pénétré le château, ni même la ville principale. Ereyne ne l'y avait pas emmené. Leurs périples se déroulaient souvent aux alentours d'un petit village dont les habitants étaient les plus malchanceux du monde. Ils subissaient régulièrement attaques de trolls, pluies de glace rose, rapts des stocks de nourriture et de paillettes, morsures de loups-garous et autres divines. Le village du trèfle à quatre feuilles portait bien mal son nom. Ereyne traversa le portail la première, rapidement suivie par son ami. Zelyan découvrit une terre sacrée semblable à celle qu'il venait de quitter, mais la vue, oh la vue ! Elle était à couper le souffle. La ville et le palais qui s'étendaient sous ses yeux étaient purs merveilles. Çà et là, il demeurait des restes d'un mur de ronces, mais tout le reste était une ode à la beauté, à l'ordre et à la propreté.

— crois-moi ou non, déclara Zelyan une fois qu'il eut recouvert ses est. Mais nous avons exactement le même château chez moi. Vous avez vous aussi un petit train qui fait le tour du parc ?

Ereyne le regarde d'un air incrédule, que baragouinait-il ? Elle haussa ces épaules, l'attraper par le bras et l'entraîna vers les escaliers. Ils descendirent quelques centaines de marches et arrivèrent dans la plaine royale où tout n'était que verdure. Ils suivirent une route pavée qui les mena jusqu'à la porte ouest de la cité. Les soldats, qui montaient là la garde, insistèrent pour fournirent une escorte à leur princesse. Son arrivée ayant en effet été annoncée par un faucon envoyé plus tôt par les gardes royaux présents aux abords de la montagne interdite.

— Ces piafs volent décidément trop vite, soupira Ereyne. J'avais espéré que nous arrivions avant à destination avant lui.

Elle obtempéra sans plus broncher, chercher à prendre la poudre d'escampette ne lui attirerait que des ennuis. Ils furent conduits jusqu'aux portes du château. Là, ils furent séparés. Deux gardes se saisirent de Zelyan, sourds aux injonctions d'Ereyne, et l'emmenèrent en direction des cachots. Les lieux étaient sombres, humides, nauséabonds, bien loin de la propreté affichée de la ville.

— Entre là-dedans ! lui cria l'un des geôliers.

La cellule ne pouvait être qualifiée de chaleureuse, c'était plus une cage qu'autre chose. Même les chambres d'étudiants étaient plus grandes. Mais Zelyan n'eut pas le temps de faire la connaissance avec ses colocataires rats que déjà la porte se rouvrait. On lui fit traverser des couloirs de pierres nues, puis d'autres, nettement plus décorés. Enfin, il fut accepté dans la salle du trône. Ereyne se tenait de tout là-bas, à l'autre bout de la pièce, non loin de deux trônes de bois précieux, d'or et de pierreries. S'y tenaient assis un homme et une femme que Zelyan identifia sans peine comme les parents d'Ereyne. Son amie avait le visage et la chevelure de sa mère, mais les yeux de son père.

— Je suis vraiment désolée Zelyan, j'ai vraiment.

— Silence ! lui ordonna le roi avant de s'adresser à l'adolescent. Je suis le roi Philippe, souverain des royaumes unifiés. Et voici mon épouse, la reine Aurore.

Cette dernière pencha la tête en signe de salut alors que son époux continuait.

— C'est un honneur de faire votre connaissance Zelyan, Ereyne nous a tant parlé de vous, ainsi que de vos aventures.

— C'est pour cela qu'à peine arrivé, vous l'enfermez au donjon, grommela Ereyne sous le regard noir de sa mère.

Philippe ne l'écouta pas et posa une série de questions à Zelyan qui peina à répondu. Le cataclysme était un phénomène dont il ignorait les causes, de même pour la taille des armées de son pays.

L'adolescent lui parut bien faible. Il ne savait ni tenir une épée, ni se battre. A l'inverse, le roi eut un effet bien plus terrifiant sur le plus jeune. Il avait tout du héros de conte de fée, sans peur et sans reproche. Il était à coup sûr né avec une dague à la main, terrassait des dragons dès le berceau et jamais n'avait questionné sa destinée royale. Philippe était droit devant lui, fier et imposant.

— Un macho de première, murmura Zelyan à voix basse.


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Bonne année ! 

Merci d'avoir lu ce chapitre ! 

Axel.  

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 07, 2019 ⏰

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