L'arrivée

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« - S'il vous plaît, veuillez retourner dans votre dortoir M.Kim. »

La voix féminine à ma droite m'extirpe de mes pensées, je tourne la tête et me lève en prenant appui sur le fauteuil. J'acquiesce, de toute manière je suis obligé, c'est tout ce que je peux faire. La femme forte se trouvant devant moi m'adresse un sourire, comme pour combler le vide. Mon visage reste néanmoins neutre face à ce geste (affectif ?) que j'ai vu, sans exagérer, bien trop de fois. Je traîne des pieds, mes pantoufles provoquent sûrement un bruit insupportable, mais actuellement, je m'en moque. Je continue d'avancer dans ce couloir triste, les mains dans les poches, baladant mon regard sur les cadres poussiéreux et hideux de temps à autres.

Arrivé à la chambre 20, ma chambre, j'abaisse avec paresse la poignée, pénètre dans la pièce et ferme, de manière lente, la porte, qui produisit un couinement semblable à ceux dans les films d'horreur. J'appuie sur l'interrupteur et la lumière m'aveugle pendant une courte seconde. Je cherche mon téléphone pour consulter l'heure.

22h49.

Il est déjà si tard ? Pourtant il faisait encore jour il y a un quart d'heure. Cette réflexion me fait froncer les sourcils. L'été, je n'aime pas trop, et en plus de ça, cette saison me fait perdre la notion de l'heure. Je tourne la tête vers la fenêtre, donnant sur un sentier battu et deux arbres formant des formes flippantes à cause de l'obscurité de la nuit.

Je ne prends pas de douche, j'ai la flemme, Je saute le brossage de dents, je le ferais demain, et me contente de mon caleçon comme pyjama. Je me glisse dans mes draps, mon coussin est frais (très agréable en été), et je ferme les yeux, habitué aux bruits ambiants et glauques de cet endroit morbide, quoique « chaleureux » si l'on en croit les avis du site.

Je m'endors, j'espère profondément ne jamais me réveiller.

*

Et merde. J'ai ouvert les yeux. Je me maudit intérieurement pour ne pas avoir fait un arrêt cardiaque pendant la nuit et m'assoit sur mon lit. Je pue putain, je sent la transpiration à plein nez. Je grimace en voyant mes draps, salis par des tâches plutôt douteuses, et m'empresse d'aller à la salle de bain.

Une fois sorti de la cabine de douche, nu comme un ver, je frissonne en sentant la brise fraîche du climatiseur. Quelle merveilleuse idée de l'avoir allumé. Je me hâte d'enfiler un peignoir blanc et mes chaussons. Je frotte le miroir recouvert de buée et m'observe attentivement. Mes cernes peuvent témoigner mes nuits éreintante, complètes, certes, mais tout de mêmes inutiles. Toujours aussi beau gosse haha. J'attrape ma brosse à dent et fait partir mon haleine du matin, cette éternelle odeur fétide. Je ne suis pas de nature dépréciatif, mais non loin de vouloir me dévaloriser, je ne me trouve pas attirant du tout, mais quand on pense de cette façon, on trouve ça normal de ne pas être aimé, on ne sent pas blessé à la moindre remarque. Je souris ironiquement en pensant aux fois où je pleurais lorsque les filles me mettaient un râteau en primaire. Je raconte vraiment de la merde, je suis un fragile c'est tout.

Je souffle en entendant des coups à ma chambre, je suis jamais tranquille dans cet endroit de merde ! Je me dirige, énervé, vers la porte et ouvre cette dernière. Je coule un regard blasé à l'homme se trouvant en face de moi. Il jauge ma tenue, ouai mec, je sors de la douche, il y a un problème ?

« - Taehyung ça fait 15 minutes qu'on t'attends pour la séance...»

Ah oui mince, la séance de rééducation, j'avais oublié. Il tente de ne pas montrer son agacement mais je sais que l'envie de me donner une claque le démange. Il me souffle un 'dépêche-toi' et repart d'un pas désabusé. Je referme la porte en la claquant et prends mon temps pour m'habiller.

Walk and talkWhere stories live. Discover now