Chapitre 48 - Une vérité

6.6K 447 184
                                    

Je ne sais pas s'ils ont entendu ce que j'ai dit à mon père. Je ne sais pas non plus s'ils connaissent toute l'histoire. 

Mais s'ils sont là, ce soir,  c'est qu'ils ont été informés de l'arrestation d'Idriss. 

Je m'avance de quelques pas. J'avale ma salive avec difficulté. Je tente, toutefois, de m'exprimer du mieux que je peux : 

-"Les garçons."

-"Je le savais."

Hakim est quelqu'un de naturellement impressionnant. J'essaie toujours de lui tenir tête, mais, il y a des moments, où c'est difficile pour moi de le regarder dans le blanc des yeux.

Le grand frère a toujours été méfiant envers moi, mais, aussi paradoxalement protecteur.

Il bouillonne, comme la première fois où il est venu chercher d'Idriss... Sauf que ses sentiments sont, ici, décuplés. 

Les poings serrés, il reprend la parole :

-"J'ai dit que tu devais pas t'attacher à mon reuf, mais, c'est lui qui aurait dû se méfier de toi."

Je le comprends. 

-"Écoute..." je tente. 

Mais, il ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase. 

-"Tu vas dégager au plus vite. Je m'occuperai de ton cas plus tard. Mon frère m'attend."

Il se rapproche et m'oblige à reculer d'un pas. C'est une façon pour lui de montrer qu'il me domine largement. Je sais qu'il est en colère. Je pense, qu'au fond de lui, il a envie de m'en mettre une. Malgré tout, j'ai l'intime conviction qu'il ne le fera pas. Ce n'est pas son genre de s'attaquer aux femmes. 

Je me racle la gorge et tente de parler d'une voix distincte pour que chacun puisse m'entendre : 

-"Je ne vous ai pas dit qui était mon père. Mais, tout ce que j'ai fait pour Idriss, je l'ai fait pour son bien. J'ai trahi ma famille pour vous aider. Je suis d'accord que cela n'excuse rien... Je suis,  également, d'accord si vous ne souhaitez  plus jamais revoir ma tête."

Je relève la tête vers Hakim. Ses sourcils se froncent et ses yeux semblent dégager plus d'inquiétude pour son frère que de haine envers moi. 

Comme il l'a si bien dit : chaque chose en son temps. Il s'occupera de moi plus tard. 

Il remonte la capuche de son sweat noir sur la tête, comme pour éviter que je le dévisage. 

Il s'apprête à passer devant moi. Ce n'est, pourtant,  pas le moment qu'il s'éloigne. J'ai besoin de son aide pour sortir Idriss de là. 

Je m'intercale afin de l'empêcher d'avancer. 

-"Je suis désolée. Mais je suis là pour vous aider à le faire sortir. Mon portable est chez Idriss. Si quelqu'un pouvait m'y emmener, je pourrais regarder les dernières photos de BigBoo. Il y a peut-être des informations importantes. J'ai pris ses clés avant de partir."

Je sors le trousseau de ma poche. C'est un moyen, pour moi, d'appuyer mes propos. 

-" Comment t'as eu ça  ?" me questionne Ivan en relevant ses lunettes noires, comme s'il voulait vérifier qu'il n'était pas en train de rêver. 

Le visage d'Hakim se durcit davantage : 

-"Ils s'envoyaient en l'air. "

Chacun y va de son petit commentaire. J'aperçois, du coin de l'oeil, Ken et Théo qui se questionnent l'un l'autre. Ils n'ont jamais rien soupçonné. 

J'irai jusqu'au bout (Framal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant