Chapitre 30

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Fried

Je ne prêtais plus attention à ce disaient les autres. Je repensais à notre discussion en arrivant à l'école, ce que Julius avait avancé me perturbait. Pourtant je savais qu'il avait raison.

Ma mère avait toujours été stricte avec moi, je considérais que c'était normal vu que la succession du pouvoir me revenait de droit. Elle n'avait cependant jamais usé de son pouvoir, j'aurais dû comprendre. J'avais évidemment remarqué qu'elle avait changé, mais jamais je n'aurais pu deviner que ce n'était pas la reine.

Ma mère descendait de la reine de la légende des Sentinelles, par conséquent, elle devait forcement avoir un lien de parenté avec Clade, mais lequel ? Pour le moment, je n'en parlais pas aux autres, je ne voulais pas les inquiéter, je me trompais peut-être.

J'étais perdu dans mes pensées, quand Adams effleura mon bras, je sursautai et le regarda droit dans les yeux. Cet homme m'inspirait confiance, je me sentais en sécurité avec lui malgré son passé de bandit. Son oeil vert, brillant d'un éclat insaisissable, me paraissait protecteur.

— Friedrich, tout va bien ? Vous avez l'air ailleurs ?

— Non, ne t'inquiète pas, tout va bien.

Je reportai mon regard sur Gwendolyn, puis sur Isabelle. Elles avaient un lien avec ma famille que je n'ignorais pas. C'était peut-être l'une des révélations qui avaient causé la fin du couple royale.

Les disputes étaient courantes et lors de l'une d'elles, ma mère a crié haut et fort qu'elle était au courant que mon père avait eu une relation avec Lady Shardhose. Quelque temps après cette dispute, mon père était mort assassiné par des démons et ma mère s'était effondrée. La tristesse l'avait plongée dans un tourment sans fin. Elle n'avait plus l'envie de rien, et mon éducation avait été confiée à l'un de ses conseillers : Damien. Ce n'était que peu après cet événement que son comportement avait changé.

Malgré l'assassinat violent de mon père, je n'avais jamais eu peur des démons, la preuve un de mes meilleurs amis était un des leurs et mon garde du corps avait hérité de leurs gènes. Je n'avais jamais eu d'amis très proches, mais le fait d'avoir rencontrer Kaede et Julius m'avait fait découvrir des choses nouvelles : l'amitié et la solidarité.

Je laissai mes pensées de côtés pour me concentrer sur la recherche des Marques. Ouvrir des brèches me demandait un effort considérable, mais avec les cours de relaxation, j'allais apprendre à contrôler ma fatigue et tout devrait se passer pour le mieux, du moins je l'espérais.

Arrivé à l'école, je remarquai un bassin planté en plein milieu de la cour, il était entouré d'une bordure pour que des gens puissent s'y asseoir. Je ne me souvenais pas l'avoir vu la dernière fois, il n'avait pourtant pas remplacé la fontaine.

— C'est quoi ce bassin ? demanda Kaede.

— Je suppose que c'est pour ceux qui maitrisent l'eau et la glace, expliqua Julius.

Alors que j'examinais l'eau cristalline, un mouvement attira mon regard à la fenêtre au-dessus de la porte principale. Le bureau du directeur. J'aperçus une ombre, et mon sang se glaça dans mes veines quand je reconnus ma mère, ses cheveux verts dont j'avais hérité, et le tailleur noire qu'elle affectionnait tant. Une main tira le rideau, mes mains se mirent à trembler alors que je me sentais pâlir à vue d'oeil, ce qui n'échappa pas à mes amis, en particulier à Adams.

— Friedrich, que se passe-t-il ?

— Je crois que j'ai aperçu ma mère dans le bureau du directeur...

— Quoi !

Tout le monde s'exclama en même temps, si bien que je ne réussis pas à distinguer lequel paraissait le plus surpris. Mon coeur s'était emballé, je n'arrivais plus à respirer. Mes mains s'étaient mises à trembloter alors que ma gorge semblait obstruée par une angoisse sourde.

— Tu penses que le directeur est de mèche avec Clade ? demanda Julius.

— Certainement.

— Le meilleur moyen d'être fixé c'est de vérifier son bureau, s'écria Kaede.

— Très drôle ! Comment rentre-t-on ? rigola Gwen.

J'essayais de réfléchir, mais je n'y arrivais pas. L'anxiété m'avait comme paralysé. J'inspirai un grand coup, et j'eus la sensation que mes poumons avaient explosé. Adams posa sa main sur mon épaule et me soutint pour que je ne tombe pas. Kaede passa une main dans ses cheveux avant de dire :

— J'ai une idée.

— Qu'est-ce donc ?

— Il suffit de se faire convoquer.

Julius écarquilla les yeux, stupéfait, il n'avait probablement pas l'habitude d'être collé. Je me contentai de hausser les épaules, tant que je pouvais retrouver ma mère, le reste importait peu.

— Et comment comptes-tu faire ? demanda Julius.

— Comme ceci.

D'un brusque mouvement, Kaede poussa Julius en arrière. Vacillant, le jeune homme tenta de se rattraper à quelque chose et agrippa mon bras, m'entrainant dans sa chute. Adams essaya de me retenir, mais il n'y parvint pas. Il regarda Kaede avec un petit sourire et lui envoya une accolade dans l'épaule, projetant Kaede en avant.

Coulant à mes côtés, le démon émergea rapidement. J'essayai de sortir la tête de l'eau, mais Kaede essaya de me noyer. Je ne savais pas si je devais rire ou au contraire me débattre. Du coin de l'oeil, j'aperçus Julius sortir du bassin. Avant même qu'il ne puisse faire un pas, il se prit le directeur de plein fouet et retomba dans l'eau sur Kaede et moi. Une fois encore, l'eau me submergea et s'infiltra dans mes poumons. J'avais la désagréable impression de me noyer, je tentai de ne pas paniquer et réussis à remonter à la surface. Je toussotai alors que je sortais la tête de l'eau. Les élèves s'étaient massivement regroupés autour du bassin et rigolaient.

— Vous trois, ça suffit maintenant. Sortez du bassin et venez dans mon bureau !

Kaede se hissa sur le rebord et s'ébroua comme un jeune chien fou. Il aida Julius alors qu'Adams me tendait sa main. Il me tira sur la terre ferme avec une force considérable. Tout comme Julius, je fus obligé d'essorer mes longs cheveux. Peut-être devrais-je les couper ? Cela m'empêcherait certains désagréments. Kaede fut le premier à suivre le principal et il nous adressa un clin d'oeil complice.

 Kaede fut le premier à suivre le principal et il nous adressa un clin d'oeil complice

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