Chapitre 10

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Deux mois étaient passés depuis l'arrestation de Scyllia. Le meurtrier, toujours en liberté, continuait d'assassiner des jeunes filles malgré les dispositions prises par le roi, portant le nombre de victimes à neuf. À partir de la sixième, un couvre-feu avait été instauré dans toute la ville et les patrouilles avaient été multipliées.

Cette restriction de liberté ne fut cependant prise au sérieux par les habitants qu'à partir de la huitième victime. Dès que son corps fut retrouvé, les rues se vidèrent de toutes les jeunes filles susceptibles d'être prises pour cible. Certaines familles quittèrent même la capitale de peur d'être attaquées.

La situation dégénéra cependant avec la dernière victime, retrouvée dans un parc, au beau milieu de l'après-midi. La colère des habitants commençait à gronder face à l'incapacité de la garde à arrêter le tueur, mais aucune proposition ne ressortait pour autant.

Dans l'enceinte de l'académie, Enzo, dont son enquête au village natale de Scyllia n'avait rien donné, avait renforcé la sécurité afin d'être sûr que seuls les personnes véritablement autorisées à y pénétrer aient le droit d'entrer. Ainsi, chaque élève, enseignant, mage ou personne travaillant dans l'enceinte avait été tatoué d'une rune leur donnant accès à l'académie. Tous ceux qui tentaient d'entrer sans cela se retrouvaient immédiatement paralysés et transportés dans une geôle recouverte de runes qui bloquaient la magie.

Pendant ces deux mois, Scyllia n'avait pas cessé de s'entraîner, délaissant son rôle d'assistante des enseignants en magie blanche pour se concentrer sur le maniement des dagues lorsque les membres du réseau d'espionnage ou l'un de ses instructeurs étaient là, ainsi que sûr la maîtrise des sorts de Shed.

Margaux, quant à elle, avait décidé de rester constamment à l'académie malgré le fait qu'elle pouvait rentrer chez elle, dans une petite maison qu'Alphonse avait achetée peu après l'avoir adoptée. Scyllia ne lui avait rien dit concernant ses deux démons qui la surveillait, mais depuis le jour où elle était revenue de la prison, sa protégée n'allait nulle part sans que Brumi ne soit avec elle.

Margaux n'était pas la seule à ne plus vouloir rentrer chez elle les fins de semaines. Une grande partie des filles dont la famille habitait dans la capitale refusait de sortir de peur de tomber sur le meurtrier, faisant confiance aux sécurités de l'académie. Ces précautions prises par Enzo avaient d'ailleurs quelque peu attisé une haine des non mages qui voyaient en ce geste une intention de protéger les mages en délaissant le reste des habitants. Grâce à son don naturel pour embobiner tout le monde, Enzo avait réussi à calmer les plus farouches détracteurs des protections, mais chaque nouveau corps découvert ravivait la peur et la colère de tout le monde.

Dans sa classe, alors qu'Elisabeth continuait son cours sur les sorts composés, Scyllia était perdue dans ses pensées, le regard tourné vers l'extérieur et le menton appuyé dans la paume de sa main.

— Scyllia ? l'interpella Elisabeth. Tu m'écoutes ?

— Hein ? Heu, oui oui, répondit-elle en revenant à elle.

— Qu'est-ce que je viens de dire ?

Ceci était une bonne question. La dernière phrase dont elle se rappelait était lorsque la duchesse avait dit « reprenons où nous nous en étions arrêté la dernière fois », et cela faisait plus d'une heure qu'elle était en cours.

— Je te trouve très distraite en ce moment, réprimanda gentiment l'enseignante. Je sais que ce qui se passe à l'extérieur te préoccupe, mais essai d'être un peu plus concentrée, au moins pendant les cours.

— Oui madame, désolée.

— Je disais donc. Il est possible de créer, grâce à la magie composée, ce que l'on appelle des flammes de givre. Elles se comportent comme des flammes, ont l'apparence de flammes bleu azur, mais ne brûlent pas ce qu'elles touchent. Comme vous l'aurez deviné, elles les gèlent.

Scyllia tome 4 : L'assassinWhere stories live. Discover now