Chapitre 2 Thaïlande

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L'avion se posa en douceur, Julien et Zoé pouvaient apercevoir l'aéroport de Bangkok, beaucoup plus moderne qu'ils ne l'imaginaient. Après avoir récupéré leurs bagages, ils se dirigèrent vers la zone des taxis, ils furent rapidement alpagués par un chauffeur, ils grimpèrent dans une auto jaune et verte caractéristique des taxis thaïlandais. Après quarante-cinq minutes, le taxi les déposa devant leur hôtel. Dès qu'ils sortirent, ils furent saisis par l'odeur et la moiteur qui régnaient sur la ville, un mélange de nourriture, d'essence et d'eau stagnante. Julien dit à Zoé qui faisait la moue : « ne t'inquiète pas, demain on ne sentira plus rien, on se sera habitué ! » Pour cette première journée, ils se laissèrent porter par une découverte de la ville au hasard des chemins empruntés. Ils aimaient arpenter une ville ainsi ! Ils passèrent leur journée à marcher, observant tout, s'arrêtant pour déguster une ou deux spécialités thaïes. Entre les kilomètres de marche et le décalage horaire, ils ressentaient une grande fatigue. Julien avait envie de goûter au fameux massage thaï, il avait vu une pancarte « massage » dans la rue voisine de l'hôtel. Il avait laissé Zoé se reposer, imaginant la détente qu'allait lui procurer son massage. Depuis qu'il savait que leur destination serait la Thaïlande, il rêvait de ce moment. Le massage thaï, il n'en avait jamais fait, il se voyait déjà entre les mains d'une jeune et jolie Thaïlandaise. Il arrivait maintenant devant l'entrée de cette maison, la pancarte massage était écrite maladroitement à la main. Il rentra en poussant un petit rideau, il se retrouva dans une espèce de salle d'attente. Une vieille femme thaïe le regardait en souriant.

— Welcome, massage, massage, lui dit-elle en anglais presque inaudible

— Yes ! dit Julien sur un ton mi je veux, mi je veux pas !

Elle lui montra le prix, deux cents bahts. Ça faisait environ cinq euros, en France c'était au moins huit ou dix fois plus cher. La vieille lui fit signe de la suivre. Ils arrivaient maintenant dans une pièce sombre avec un matelas au sol. Elle baragouina quelques mots, il ne comprenait rien ! Il dit « What ? » et là elle lui fit signe de se déshabiller. Il ne savait pas s'il devait le faire complètement, ça le gênait. Il pensa à la fille de cette femme qui devait se préparer à le masser, souriant à cette idée. À ce moment-là, la veille refit son entrée. C'était une femme petite, un peu grasse, elle devait avoir soixante-dix ans environ, la peau de son visage marquée par le poids des années. Elle portait une tunique dans les tons de jaune-orange, ses cheveux longs tenus par une longue épingle, son sourire ne la quittait pas. Elle dégageait malgré son âge une sensation de vigueur surprenante. Elle s'adressa à Julien :

— Thaïl massage ? Oil massage ? Foot massage ?

— Thaï massage, répondit Julien d'un air peu assuré.

Pour lui, ce devait être le massage idéal puisque tout le monde en parlait, il comprenait maintenant que sa masseuse était cette petite femme âgée ! Une onde de déception le gagna. Quand même, Zoé allait bien se marrer quand il lui raconterait ! La vieille le prit délicatement et le fit mettre à plat ventre. Dès les premiers gestes, la vigueur de la vieille masseuse lui fit comprendre qu'elle n'était pas là pour rigoler. Il avait l'impression de se faire labourer le dos, ses mouvements étaient puissants et profonds, s'il n'avait pas vu sa masseuse au préalable, il aurait pensé qu'un catcheur de cent vingt kilos était en train de lui passer dessus ! Mais paradoxalement, il ressentait déjà ses muscles qui se détendaient, il chassa le catcheur de ses pensées et même la vieille femme, il ferma les yeux et s'imagina qu'il était entre les mains d'une charmante masseuse. Ses mains douces contrastaient avec la force exercée sur son dos. Ce n'étaient plus seulement les mains, mais les coudes et les avant-bras sur toute leur longueur qui faisaient pression sur ses muscles dorsaux. Il se sentait bien, il commençait vraiment à aimer ça. Les points de pression allaient jusqu'au haut de ses fesses. Cette force et cette douceur qui se rencontraient lui donnèrent un sentiment de bien-être total. Les pressions sur ses cuisses se firent plus appuyées, il avait l'impression qu'on lui touchait les os, tellement la palpation était profonde. Il se dit que les massages de son kinésithérapeute à l'époque où il pratiquait sérieusement le sport n'étaient en réalité que de la caresso-thérapie, en plus remboursés par la sécurité sociale ! « Ce sont les séjours en Thaïlande, qu'il faudrait prendre en charge », songea-t-il ! Elle lui manipulait les bras avec une telle dextérité, qu'il se trouvait en totale confiance. Le relâchement qu'il éprouvait à ce moment-là était un sentiment nouveau et inconnu. Il découvrait des muscles dont il ignorait l'existence. Elle le fit mettre en position assise, lui inclina la tête, menton vers le cou, il sentit qu'elle se mettait derrière lui, ses pieds vinrent se glisser sous ses fesses, ses tibias faisaient corps avec son dos. La vieille se balançait avec lui, ce mouvement augmentait progressivement et très lentement, Julien était dans un tel niveau de relâchement et de détente qu'il faisait réellement corps avec sa masseuse. Tout à coup, il se sentit partir à la renverse et se retrouva tête à l'envers, la vieille était en train de lui faire faire une roulade avec elle, dans un mélange de rapidité et de douceur, elle faisait preuve d'une dextérité insoupçonnée. Il n'aurait jamais imaginé être capable de faire une telle prouesse, encore moins avec une mamie de 70 ans ! Julien ressortit de là complètement vidé et courbatu, comme s'il venait de recevoir une bonne raclée paternelle après avoir fait une grosse bêtise !

Deux secondesWhere stories live. Discover now