The Fall

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Lorsqu'Harry Potter ouvrit les yeux, émergeant d'un des rêves les plus étranges qu'il ait fait ces derniers jours, il ignorait que le monde serait légèrement différent. Lui à Serpentard ? Que ne fallait-il rêver, voyons... Il lui fallut quelques secondes pour chasser l'étrange impression qui faisait vibrer tout son être pour se remémorer la date du jour. Trente-et-un juillet. Son anniversaire. Comme de coutume, personne ne le lui souhaiterait. Dans sa cage, Hedwig s'affolait, avide de voler librement. Oncle Vernon avait cadenassé l'enclos de l'animal, et il ne lui était pas permis de la libérer. Le jeune homme était donc privé de toute information venue du Monde de la Magie. Pourtant, à la fin de l'année précédente, son monde avait explosé. Voldemort était de retour. Comment oublier l'Avada Kedavra qui avait fauché la vie de Cedric ? Comment oublier cette face pâle et oblongue où se dessinaient horriblement les traits d'un dangereux reptile aux yeux rouges ? Le jeune homme frissonnait à la seule pensée de cette abominable soirée.

Et depuis ? Rien. C'en était presque désespérant. Ni Dumbledore, ni ses amis n'avaient daigné lui donner de nouvelle. Rien. Absolument et irrémédiablement rien. Le jeune homme pensait devenir fou. Le silence lui ponçait l'esprit et émoussait son moral. Ses amis lui manquaient, le monde de la magie lui manquait. C'étaient sa seule famille, son seul refuge. S'il avait fallut compter sur son oncle et sa tante... Oh, ils n'étaient pas si terribles, songeait souvent l'adolescent, en particulier depuis qu'ils avaient appris que le parrain d'Harry n'était autre que Sirius Black, recherché même dans le monde moldu, et réputé – à tort – pour être un tueur en série... Bizarrement, cela avait beaucoup contribué à apaiser les journées estivales du jeune homme... et ses nuits. Harry s'extirpa du lit en se massant la hanche douloureuse. Un hématome bleuâtre y courait depuis une semaine, et le jeune homme s'efforçait de n'y pas prêter attention. Cela finirait par passer. Il se dirigea vers la chouette des neiges et passa les doigts entre les barreaux pour câliner le duvet immaculé sur le dessus de son crâne. L'animal se laissait faire en closant les yeux, se calmant instantanément.

Le rapace avait été le premier vrai cadeau d'anniversaire reçu d'Harry : offert par Hagrid pour ses onze ans, il partageait désormais sa vie depuis les quatre dernières années. Autant dire que l'adolescent y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Cela lui déchirait le coeur de la voir ainsi affolée et courroucée, et il mettait toute son âme à apaiser le tourment de l'oiseau. Au dehors, le jour pointait à peine. Il devait être quatre heures du matin ou peu s'en fallait. Depuis le retour du mage noir, Harry ne dormait presque plus, et toujours d'un sommeil agité, ce qui lui avait valu les moqueries de son imbécile de cousin... Que ce gros porc pouvait-il bien comprendre à la guerre après tout ? Un flash vert, et voilà une vie fauchée... Parfois, Harry en venait à souhaiter ardemment qu'il pût voir mourir ses propres parents. Ainsi, il comprendrait, et le monde serait débarrassé des deux plus ignobles créatures qu'il ait engendré.

Le jeune homme ne demeurait debout, à côté de la cage, qu'à grande peine. Sa hanche le faisait souffrir depuis l'incident qui lui avait valu sa blessure. Peut-être s'était-il sérieusement amoché... il lui faudrait vraiment aller voir Madame Pomfresh lorsqu'il reviendrait à Poudlard un mois plus tard. Un mois, comme c'était long. Dumbledore avait-il prévu de le laisser chez ses proches tout l'été ? Cette pensée lui semblait presque insupportable. A travers les barreaux devant sa fenêtre, le garçon regardait le jour se lever. L'aube était pâle, encore lointaine, et les ombres bleues du ciel ne disaient rien de la journée à venir. La haute silhouette noire tapie près d'un buisson, en revanche... Harry cligna des yeux, intrigué. Il rajusta ses lunettes et attrapa sa baguette magique sur le bureau. L'ombre fut vite reconnaissable entre mille. Vêtu d'un pantalon sombre, d'une chemise noire et d'un long manteau de velours, Un borsalino de feutre sur le sommet du crâne, Severus Rogue semblait attendre ou observer quelque chose.

Feel like GoldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant