Lettre 7 - Noah

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Lycée Victor Hugo, 08 octobre 2016,

Gaël, 

Je t'en prie, je t'en prie, je t'en prie. Arrête donc de dire que c'est idiot. Toutes les relations sont idiotes et niaises et stupides et naïves mais... Mais je veux croire en celle là. Alors s'il te plait arrête. 
Laisse le temps au temps. 
Tu pourras jeter des pierres sur l'oiseau quand ce dernier sera assez haut dans le ciel pour pouvoir les éviter toutes. 


De moi ? Voilà une requête bien étrange de la part d'une personne taciturne. Enfin, même si j'accepte, il est bien évident que je ne vais pas te servir mon identité sur un plateau doré avec petits fours et accompagnements cela serait trop simple et bien inutile. 
A quoi tout cela aurait servi si j'abdiquais si facilement. 
Non, je ne tirerais pas dans le pied de toute ma jolie petite mise en scène romantique. Ce serait là quelque chose de bien trop déprimant. 

Allons donc... 


Dans mon enfance, je me retrouvais souvent chez mes grands parents, en hiver. Je me souviens quand cette période de l'année, un feu brûlait en permanence dans l'âtre de la cheminé.
Et moi, dans toute ma candeur enfantine, je délaissais ma télé, mes peluches, et tout ce qu'il est normal de voir un enfant jouer avec pour voler les coussins du canapé et m'installer devant la cheminé. 

Je pouvais, et sans mentir, rester des heures à observer le feu qui crépitait, à observer les étincelles qui jaillissaient, volaient pour finir leurs courses sur les parois de la vitres, ou bien les courrois de pierre.
Et puis je me nourrissais de la danse des flammes comme si il y avait là un rituel divin et sacrificiel, je me laissais être mystifié par un cycle infini et perpétuel, terminé et qui recommençait déjà, toujours le même et pourtant jamais tout à fait pareil. 

Je me noyais dans les flammes sans bouger, mes yeux étaient à la fête d'un grand bal dont j'étais le seul invité. Il fallait voir ! Il fallait croire ! 
Je mangeais les flammes du regards, les imaginant tantôt danseuses du ventres, tantôt chevaliers partis pour une quête épique à l'assaut d'un dragon ou bien pour sauver le royaume, sauver la princesse. 
Ey moi j'étais chevalier, dragon, princesse, et tout le reste aussi. 
Ce que les flammes vivaient je le vivais également. 

Je ne les observais qu'à peine mourir, en cendres, sachant qu'elles se régénèreraient comme des phénix dans la seconde suivante. 



... 

Aujourd'hui tu sais... 

Aujourd'hui je crois bien que je suis la cendre. 



Sincèrement,
L'Anonyme. 


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⏰ Dernière mise à jour : Dec 05, 2018 ⏰

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