Doutes

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    L'homme à la peau d'ours prend la parole :
    "Qui a-t-il ?
    -Galmar, il semblerait qu'une Altmer détiennent des informations...."
    L'homme à qui s'adressait Ulfric (certainement un commandant en chef) me regarde attentivement. Il me dit ensuite :
    "Comment pouvons-nous vous faire confiance ? Qui nous dit que vous n'êtes pas un espion ? Un seul pas de travers et vous giserez sur ce parquet."
    Par réflexe, mes oreilles se baissent vers l'arrière. Agacée, je sors une grosse enveloppe de ma poche. Galmar la prend, l'examine et finit par l'ouvrir. Il déplie le papier et son visage passe de la neutralité à la surprise. Il me regarde et donne les papiers au jarl, trop attéré pour répondre. Ulfric la lit à son tour et je vois ses yeux s'agrandir. Il pose les documents sur la table et se tient à celle-ci pour éviter de tomber. Il bégaye, surpris :
    -D'où viennent ces documents ?
    -Du conseil Admeri. Répondis-je, hésitante.
    -Qui a-t-il dans ces feuilles ? Questionna Ralof, méfiant.
    -Ce sont des documents hautement confidentiels du conseil, très bien protégés. Lâche Galmar. Des mois qu'on essaye de les avoir. Ces lâches veulent contrôler des dragons pour nous tuer et faire infiltrer des espions pour assassiner Ulfric... L'espion est Arthur Saquy, un Nordique ayant recruté les troupes il y a peu. QUELLE BANDE DE LÂCHES !!! S'énerve Galmar en frappant la table de son poing.
    -Qu'on aille arrêter ce traitre ! Gardes ! Emmenez Arthur, jetez-le au cachot et faites en sorte qu'il livre des informations ! Crie Ulfric. Quand à vous, s'adresse t-il à moi, vous nous avez rendu un grand service. Je ne l'oublierai pas. Dites-moi, comment êtes-vous arrivée en Bordeciel ?
    -En bâteau, sauf qu'il a coulé à cause d'une baleine, donc j'ai fais le reste à la nage."
    Mojorn explose de rire et je lui jette un regard noir. Le jarl, concerné, me dit que je peux partir, je salue Ralof et m'en vais. Juste avant de quitter le palais, Mojorn m'attrape par le bras, Ralof sur ses talons. Mon frère a les larmes aux yeux à force d'avoir trop ri. Ralof quand à lui, réfléchit.
    "Ah, elle est bien bonne, celle-là ! Rigole Mojorn. Me dit pas que t'a traversé l'océan Elthérique et Padomaïque ! À L'Archipel, tu avais peur du courant des rivières !
    -Merci de déterrer les dossiers... Râlai-je tout bas. Et franchement, j'ai une tête de menteuse ?"
    Mojorn comprit, et s'étonne :
    "Tu as vraiment traversé deux océans sur un bâteau de fortune et à la nage ?"
    J'aquiscai et Mojorn ne dit rien. Je savait qu'il pensait qu'il m'avait sous-estimée. Ralof continue :
    "Vous avez oublié de parlez de nous rejoindre. Sincèrement, vous le méritez. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi déterminé."
    À ce moment, le jarl vient et m'annonce que Ralof lui a parlé que je voulais rejoindre les Sombrages et qu'il y réfléchira et je serais prévenue par lettre. Je le salue et passe la porte du palais, Mojorn sur mes talons. Il me demande :
    "Alors, petite sœur, tu va faire quoi maintenant en Bordeciel ?
    -Hmm... Je crois que je vais rester avec toi. Tu veux bien me faire visiter cette contrée ?
    -Pourquoi pas. Tu sais te battre au moins ?
    -Je connais quelques sorts de destruction. Et j'ai une dague. Si tu veux m'apprendre le maniement d'une hache, je suis pas contre.
    -Alors on va faire un petit tour à Blancherive !"
    Mojorn part en direction de la sortie et je le suis. Il va dans l'écurie où l'attend un cheval brun, à l'allure robuste.
    "Je te présente Lya. C'est ma jument. On monte ?" Propose-t-il en enfourchant la jument.
    Je réussis à monter avec un peu de difficultés mais y arrive. Après cela, Lya partit au galop vers Blancherive.
    À la nuit tombée, nous nous arrêtons. J'aide mon frère a établir le camp. Nous nous asseyons et il sort une tourte d'horqueur et du pain et me les donne. Je mange en silence et après quelques minutes, Mojorn me demande :
    "Alors, comment ça s'est passé ton voyage ? Qu'il a-t-il de neuf à L'Archipel ? Quand je pense que ça va faire un an que je suis parti...
    -C'est le gros bazar là-bas. Mère a été furieuse de ton départ, je me suis pris tout dans la face ; tu la connais, elle crache son venin sur les autres. Père n'a pas changé, toujours au conseil. Toujours absent. Pour Anaïs et Mirabelle, pareil. Elles se baladent, vont au parc, font les belles... Tu les connais. Mirabelle me regarde de haut, comme toujours. Anaïs a été gentille avec moi, ce qui m'étonne. Avec ce qui se passe, le Domaine est un peu sur les nerfs, la cause c'est les Sombrages.
    -Et comment va Grand-père ?
    -Il ne va pas bien, sa blessure continue de le faire souffrir. Il a des pertes de mémoire, il délire et saigne beaucoup. Notre oncle Hoe lui a fait une décoction pour essayer de le maintenir en vie. C'est pas beau à voir...
    -Oh... Je ne sais pas quoi dire...
    -Il va peut-être survivre. Allons dormir."
    Il est minuit. Mojorn dort à poings fermés, son imposante hache d'acier à côté de lui. Le feu s'est éteint. Je n'arrive pas à m'endormir. La seule pensée de mon grand-père mourant me laisse éveillée. Je me rappelle des circonstances de son agonie. Il explorait des grottes et un chaurus faucheur l'a attaqué durant sa jeunesse. Il a failli y passer et a gardé des séquelles, dont cette faiblesse à son torse. Il y a deux mois, des bandits ont attaqués sa chaumière. Il s'est pris une flèche sur sa blessure. S'en est suivit une infection et du sang qui lui est monté à la tête. La dernière fois que je lui ai parlé, il m'a donné son amulette de Talos et il était pâle comme un linge. Il a juste eu le temps de me prier d'aider les Sombrages avant de faire une autre crise de démence. C'est ce soir là que je suis partie.
    Tout à coup, mon frère se lève et nous sentons tout les deux une pression sur notre cœur. Eraamion, magicien respecté, mon grand-père, venait de mourir. Un sanglot secoue ma gorge et mon frère me tapote le dos. La coutume de notre famille veut que lorsqu'un membre meure, qu'il adresse un message d'adieu à ses proches présents au pays en utilisant le reste de sa magie. C'est alors étonnée que nous le reçevons. Je sens le désarroi de ma famille de n'avoir pas reçu le message et je vois mon grand-père souriant, me murmurant ces mots :
    "Tu n'es pas comme eux, Alix. Ça va s'éveiller. Cherche la vérité à Blancherive, au sanctuaire caché. Mojorn, veille sur elle, je suis fier de vous."
    Et il disparaît dans la nuit. Mojorn me regarde d'un air éberlué. Il me somme gentiment d'aller dormir, qu'on verra ça demain. Ce que je fait, fatiguée et surprise. Mes paupières se ferment, des larmes coulent sur mes yeux.

    La lune est là. Toujours la même. Les hurlements recommencent. Je me rend compte qu'ils ne sont pas humains. Le vent se lève. Je vois une immense masse sombre.

    Je me réveille en sursaut. Encore ce rêve... Je ne peux m'empêcher de repenser aux dernières paroles de mon grand-père. Que signifiaient-elles ? La perplexité envahi mon esprit. Eraamion était quelqu'un de sensé, même pendant ses crises de démence il ne disait pas des choses comme ça. Ce ne pouvait pas être une coïncidence. Je promène mon regard sur le camp. Mojorn me salue et je m'accroupis à ses côtés. Il a les yeux bouffis.
    "Tu as pleuré, toi, remarquai-je
    -C'est pas vrai, j'ai eu beaucoup de poussière dans les yeux... Refusait-il d'avouer.
    -Mouais..."
    Nous rangeons le camp et enfourchons Lya. Il faut plusieurs heures avant que j'aperçois les murs d'une ville avec au sommet, un château. Mojorn me dit :
    "À partir de maintenant, cache ton amulette de Talos et laisse moi parler, d'accord ? Même si le jarl de Blancherive, Balgruuf le Grand, n'a pas choisi son camp, vaut mieux être prudent.
    -Ok, mais j'espère bien que tu ne va pas me traiter en gamine comme à l'Archipel ! Je veux aussi faire mes preuves et tu va pas m'en empêcher, petit menteur, n'est-ce pas Dovakhiin ? Répliquai-je d'un ton railleur.
    -Comment tu sais ?
    -Je me suis informée. Je te dit pas la tête de Mère quand elle l'a su ! Mon propre frère, ayant le pouvoir de la Voix ? Et qui a tué Alduin ? C'est vrai, c'est trèès normal...
    -Tu peux arrêter avec tes sarcasmes ? Je t'ai vexée ?
    -C'est pas le fait que tu sois un héros qui me dérange, tant mieux pour toi, mais DEPUIS UN AN J'AI PAS EU DE NOUVELLES!!
    -Ça va, je m'excuse. De toute façon, on est arrivés."
    Nous nous tenons devant les grandes portes en bois de la ville. Un des gardes salue Mojorn et nous pénétrons à l'intérieur...
    Mojorn me fait visiter la ville et nous prenons les escaliers. Ce que je vois devant moi est époustouflant. Un arbre gigantesque au tronc noueux, avec de très jolies fleurs roses. C'est le Vermidor.
    "Salutations, camarade !"
    Mon regard se tourne vers la voix. C'est une femme qui a les yeux verts et comme moi, des cheveux roux sauf que les siens sont raides et non ondulés. Elle avait salué Mojorn.
    Deux hommes l'accompagnent : ce sont deux Nordiques, tout deux les yeux gris-bleus, des peintures de guerre autour et les cheveux bruns. L'un a les cheveux mi-longs frôlant les épaules et l'autre courts.
   Mon frère les saluent, ils bavardent et je reste légèrement en retrait.
    D'un coup, la femme pose un regard intéressé sur moi. Elle s'avance et me tend la main :
    "Bonjour, je suis Aela. Voici Vilkas et Farkas dit-elle en présentant les deux autres. Vous êtes ?
    -Alix." Répondai-je, neutre en la lui serrant en retour.
    Aela se tourne vers Mojorn et lui chuchote :
    "Tu ne nous avais pas dit... Que tu avais une sœur et que....
    -Et que quoi ? Demandai-je, impatiente. Vous savez, j'entends mieux que la moyenne. Alors dites-moi au lieu de parler dans mon dos."
    Farkas regarde Aela puis moi d'un regard hébété. L'autre ne montre aucune expression. Aela me jette un regard surpris et me demande :
    "Vous ne savez pas ? Bien, suivez-moi."
    Je suis Aela et nous pénétrons dans le bâtiment servant de QG aux Compagnons, Jorrvaskr. Se dresse devant moi une grande table et une salle châleureuse. Des guerriers mangent autour. N'ayant pas le temps de regarder cette pièce, je suis Aela et nous descendons des escaliers avant d'atterrir dans un long couloir avec plusieurs portes. Sans hésitation, Aela demande à Farkas, Vilkas et mon frère de voguer à leurs activités et devant une porte, me fait signe d'entrer.
    Il y a un homme d'âge mûr dans la pièce. Il a le crâne chauve, un oeil sombre et l'autre de verre et deux traits sombres en dessous en peinture de guerre. Aela l'interpelle, il s'appelle Skjor, et il lève la tête et me remarque immédiatement. Il a un regard intrigué, le même qu'avait Aela.
    "Aela, quelle surprise avons-nous là ? Alors comment t'appelles-tu ?
    -A-alix, monsieur.
    -Hmm... Elle n'a pas l'air de savoir...
    -Effectivement, Skjor. Alix, viens nous voir ce soir à la Forgeciel.
    -La Forgeciel ?
    -Oui, la grande forge avec une statue d'aigle, viens tard, dans la nuit, au pied de la forge. On t'y attendra. Termine Skjor.
    -D'accord..."
    Je pars de Jorrvaskr, confuse. Aela était étrange. Elle avait su mon lien familial avec Mojorn sans même demander et semblait étonnée et intriguée de me rencontrer. Je regarde mon lieu de rendez-vous et constate qu'une pierre n'est pas semblable au reste du socle. Les paroles de mon grand-père me reviennent en mémoire :
    "Tu n'es pas comme eux, Alix. Ça va s'éveiller. Cherche la vérité à Blancherive, au sanctuaire caché."
    Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Le sanctuaire caché... Je décide d'aller explorer la ville en attendant mais plus les minutes passent, plus je doutes de mes origines.
   

   

   
   

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