Un étrange animal.

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 Tout le monde dans le village connaissait l'histoire de ce chat au pelage miteux et jaunâtre qui hantait la ruelle la moins appréciée du coin. Il faut dire que quiconque décidait d'emprunter ce chemin afin de traverser la rue ne pouvait expliquer par la suite la nature des sensations désagréables que l'on y ressentait. D'abord il s' agissait d'un endroit parfaitement répugnant compte tenu que la ruelle n'avait pas été nettoyée depuis ce qu'il semblait être des décennies.  Ensuite il y avait ces vilains courants d'air qui venaient vous effleurer la nuque afin de vous emplir d'un frisson à faire claquer des dents. 

Cependant ces détails n'étaient que superflus au regard de l'élément principal de la réputation de ce petit coin sombre. : Le chat. Ce félin dont les minuscules prunelles jaunes paraissaient vous dévisager avec tout le mépris du monde. Cet animal toujours immobile sur sa murette délabrée qui possédait une prestance de guerrier en dépit de sa bien petite taille, même pour un chat de gouttière. Il était évident à en juger par son piètre état que le félin jaune n'avait point de propriétaire et qu'il devait érer dans les rues depuis déjà de belles années si il n'y avait pas passé toute sa misérable existence. Oui il était tout à fait vrai que le chat de la ruelle donnait la chaire de poule aux passants mais cela, l'animal ne s'en souciait guère. Ce seigneur des rues avait des chats autrement plus importants à fouetter, et faire prospérer son règne sur son territoire en faisait partie. Si les humains vivant alentour y avaient prêté plus d'attention ils auraient sans nulle doute étés fascinés par la vie que menaient leurs compagnons aux pattes de velours une fois sortie de leur doux foyer pour mener une double vie pleine de rebondissements et d'intrigues à la hauteur des événements qui avaient marqué l'Histoire humaine. 

Mais revenons en plutôt à notre "seigneur des chats". On ne lui connaissait évidement pas de nom et personne dans les environs n'avait trouvé d'intérêt à lui en donner un. Enfin, les enfants l'avait affublé d'une quantité de surnoms peu avantageux ,mais, il faut être honnête, qui allaient de paire avec l'aspect du félin jaunâtre : "Petit rat", "Sac à puces" ou encore "le fantôme" mais pour ses sujets et rivaux c'était Delaruelle et ça le serait jusqu'à ce que le félin ne "passe de l'autre côté de la rue"... 

   La soirée où notre histoire commence ,Delaruelle savourait son écrasante victoire contre le seigneur de la rue voisine, un chat bien trop imbu de lui même et  qui n'avait jamais envisagé devoir un jour céder son territoire à ce félin jaunâtre qui avait l'âme d'un conquérant et comptait bien un jour tenir tout le village sous son pouvoir... Aussi folle soit cette ambition. Avachi sur sa fameuse murette, le chat jaune se délectait d'un bout de jambon déniché par un jeune siamois qui désirait à tout prix se faire apprécier de son maître afin de vite monter en grade. Malgré tout ses efforts, si il connaissait un peu mieux Delaruelle il aurait sut qu'il fallait plus que de la générosité pour gagner les faveurs d'une telle bête.  Tandis qu'il entamait son repas, le chat jaunâtre vit Fortem, un de ses plus fidèles serviteurs débouler dans son obsucure refuge. La première réaction de l'animal fut de montrer son mécontentement en crachant . En effet il était connu de tous que Delaruelle refusait la présence de n'importe quel autre chat sur cette infime mais symbolique partie du territoire. Ici ,c'était sa forteresse de solitude et Fortem ferait mieux d'avoir une exellente excuse pour avoir enfrunt un règlement si sacré. Le chat à la fine silhouette éxecuta une révérence à la hauteur de son élégance avant de s'expliquer dans le mystèrieux langage félin. 

-Veuillez pardonner cette intrusion monseigneur...  Mais c'est Inaëlle. Elle a eu ses petits. Annonça le chat au pelage tacheté de noir avec une certaine émotion. Delaruelle sentit sa rage fondre instantanément afin de laisser place à une grande satisfaction. La venue au monde d'une portée de son sang l'avait toujours mis en joie. Le chat jaune en était à sa huitième portée depuis qu'il s' était installé au village, il y avait trois ans de cela. Bon, il ne portait pas non plus un grand intérêt à ses enfants et avait perdu le contact avec la plupart d'être eux qui avaient choisi de devenir des chats d'intérieur mais cela demeurait une fierté. 

-Tu es tout pardonné ,mon ami. À présent emmène moi là où la mère se trouve. Ordonna le puissant félin avant de bondir de son perchoir favori et d'atterrir sur le sol jonché de végétaux s'extirpant du bitume. Son sujet hocha la tête puis guida son maître à travers les rues jusqu'au terrain qui faisait dos au pub. Il y avait là un petit rassemblement de chats qui s'étaient pressés afin d'apercevoir l'honorable portée de leur seigneur. Celui ci passa à travers la foule constituée de ses congénères et vint saluer Inaëlle, laquelle s' employait à laver l'un de ses petits de sa jolie langue rose. La chatte avait beau posséder la fourure la plus belle et fournie du village ainsi que les plus chamantes mirettes du monde, n'empêche qu'elle n'avait jamais plut à Delaruelle de part son orgueil incroyable.  À vrai dire le chat jaunâtre en était encore à se demander ce qu'il lui avait pris de s'unir à une femelle dotée d'un tel caractère. Il y avait là cinq chatons que Delaruelle jugea absolument parfaits bien que le fait d'être leur père devait interférer dans la façon dont il les percevait. Tous possédaient un pelage aussi roux et dense que leur génitrice et paraissaient bien vigoureux... Cependant le regard du seigneur des félins fut irrémédiablement attirée par une sixième petite boule de poils placé bien loin de sa mère, qui ne lui prêtait pas la moindre attention. 

-Ce sont de bien beaux petits que nous avons là ,Inaëlle. Cependant puis je savoir pourquoi l'un deux a été écarté du groupe? S'enquit le chat jaune en gardant son regard rivé au pauvre chaton.

-Oh celle là? Et bien cela me paraît d'une évidence ridicule. N'importe lequel d'entre nous serait en mesure de sentir que cette petite n'est pas... Comme les autres. Ce serait on ne peut plus cruel de la laisser vivre alors qu'il est flagrant qu'elle est atteinte d'une infirmité. Se justifia la jolie chatte aux yeux vairons sans pour autant paraître navrée pour son bébé malade. Delaruelle ne partagea pas du tout cet avis et vint délicatement soulever sa progéniture par la peau du cou avant de venir la placer auprès de ses frères et soeurs. 

-Écoutez moi bien ma chère, je comprend votre choix de rejeter cette enfant. Après tout vous ne faites que suivre votre instinct... Cependant je vous serais infiniment reconnaissant d'accepter d'au moins nourrir la petite jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se passer du lait maternel. Après quoi je la prendrais sous mon aile et vous n'aurez plus à vous en soucier. Ais je votre consentement?  Interrogea le félin jaunâtre en déployant toute sa prestance. Inaëlle parut hésiter un instant mais finit par opiner de la tête. Des murmures fusèrent de partout parmis la foule de chats tandis que le seigneur des environs observait tendrement cette petite si spéciale se blottir tout contre les flancs de sa mère. Cette nuit là se répandit dans tous le village la nouvelle que le seigneur Delarue avait de nouveau fait preuve de son excentricité en choisissant pour héritière, une minuscule enfant affublée d'une infirmité qu'il nomma Bravoure. Et la naissance de cette petite merveille symboliserait à jamais celle du règne imminent de son père sur le village... 

  

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⏰ Last updated: Nov 18, 2018 ⏰

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Le chat de la ruelle.Where stories live. Discover now