Chapitre XIII

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— T'avais pas le droit !, hurle Milo pour la sixième fois. 

Une journée des plus banal, en sommes. Hormis le fait que Milo soit en train de déverser son peu de haine sur Aoile, qui regarde le ciel depuis dix minutes. C'est assez...cocasse. Même si je m'y attendais lorsqu'elle m'a proposé d'aller le chercher à la sortie des cours, je ne pensais pas que le petit serait aussi peu véhément. 

Outre crier "tu n'avais pas le droit" en boucle, il tape de ses petits poings le ventre de l'hybride, qui n'en a plus ou moins rien à faire, soyons clair. La jeune femme regarde le ciel en échappant de temps à autre un soupir d'ennui. 

Quant à moi... Je me demande encore pourquoi je suis venu. A part le fait que j'assiste à cet échange, en prenant avec précaution dix pas en arrière, je ne fais pas grand-chose. Enfin, juste sourire. La dispute entre Samantha et Aoile a été bien courte et j'aime penser que celle-ci durera un petit peu plus longtemps. 

Même si bon, miser sur un enfant de neuf ans n'est pas forcément le bon pari. Il faut croire que l'un de ses pouvoirs est effectivement de vous faire fondre pour sa petite bouille de demi-Ange, parce que cela a fonctionné sur moi.

L'hybride, simplement vêtue d'un haut blanc et d'un pantalon gris clair, semble presque se fondre dans le décor, debout devant un bâtiment en briques grises. A l'inverse, Milo a revêtu un haut vert gazon avec un pantalon noir, réussissant l'exploit involontaire de mélanger les deux couleurs des jeunes femmes.

Tenue qui a fait tiquer Aoile lorsque cette dernière l'a vu sortir de sa classe, détournant immédiatement le regard. Je pouvais clairement voir de la culpabilité dans ses yeux, avec un mélange de honte et de gêne. 

Mélange accentué lorsque le jeune homme a foncé sur elle, ses jolis yeux vairons la fusillant du regard, me faisant immédiatement reculer et me faire oublier. Le petit hybride a tout de suite accusé Aoile d'avoir "forcé" Samantha à s'en aller et d'être une mauvaise "maman". 

Une appellation qui a fait virer l'hybride au blanc pur et simple, presque autant que son haut. Je ne l'avais jamais vue aussi blanche, j'ai presque cru qu'elle n'allait pas s'en remettre. Mais visiblement, elle a préféré ranger ça dans un coin de sa tête et raisonner avec le petit être face à elle.

— Milo, je t'ai déjà expliqué-..., commence Aoile une nouvelle fois, visiblement épuisée de devoir se réexpliquer à chaque fois. 

Mais le jeune homme n'en a visiblement pas fini avec sa rengaine. Outre avoir coupé Aoile au milieu de sa septième explication, il agite vainement ses petits bras en l'air comme si cela allait suffire à nous faire comprendre sa colère. 

En réalité, c'est assez jouissif et drôle de constater à quel point personne sur cette fichue île n'est capable de dire quoi que ce soit de cohérent lorsqu'ils sont en colère. Ils agitent leurs bras, leurs mains, leurs doigts, parfois même leurs têtes, mais les mots ne sortent pas. Ou partiellement. 

Ce qui rend leur dispute des plus hilarantes ! Certains même bafouillent, ce qui me fait personnellement mourir de rire. Mais encore une fois, c'est totalement subjectif donc peut-être qu'eux trouvent ça parfaitement logique.

— NON ! JE NE VEUX PAS SAVOIR ! T'avais pas le droit !, répète-t-il.

Aoile soupire encore une fois mais n'ajoute rien de plus, évitant à de nouveaux parents de se retourner dès que Milo s'énerve. J'ai arrêté de compter le nombre de visages choqués ou gênés devant cette scène, qui se passe littéralement devant la cour. 

Nous n'avons même pas pu avoir le loisir de quitter ce lieu puisque Milo a été mis au courant on-ne-sait-comment -même si j'irai parier sur Lucifer, quand même- du cas de Samantha et du rôle qu'Aoile ou moi avons joué. 

Les Chroniques d'Idan (tome 3) : L'Oracle MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant