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« Tu avais promis. » Je m'arrête là

Au début parce que je sais qu'au

Prochain mot je risque de vomir

Tant mon estomac se renverse.

Alors je me force à avaler ma salive,

À inspirer et à expirer comme si

J'avais oublié comment le faire et

Je décide de terminer de vider mon

Sac pour qu'enfin je me sente peut-être

Libéré d'un poids qui m'empêche de

Respirer depuis trop longtemps.

« Tu avais promis, putain ! » J'ai crié,

J'ai crié trop fort et je ne peux plus

M'arrêter d'hurler.


« Tu avais promis de te battre, et tu

L'as pas fait ! T'as abandonné, t'es

Partie et tu m'as laissée tout seul

Comme un con ! Mais tu ne sais

Pas à quel point ça fait mal, non,

Ça t'en sait rien ! Et tu sais pourquoi

T'en as aucune idée ? Parce que t'as

Arrêté de lutter et que tu t'es barrée,

Edith ! Je savais que tu avais mal, je

Le savais putain, mais j'ai cru que tu

Saurais passer au-dessus parce qu'on

était tous derrière toi. Mais non, t'as

Laissé tomber et je te jure que depuis

Je me sens si vide que je me demande

Si je suis pas mort moi aussi. Cette

Nuit-là tu étais dans le lit, nue à côté

De moi et j'avais l'impression qu'on

Était tous les deux coincés dans notre

Éternité commune et la minute d'après

Tu enfilais un peignoir et tu allais te

Servir un verre d'eau à la cuisine et

Quand je suis arrivé tu convulsais sur

Le sol de la cuisine, juste sous mes yeux

Et putain Edith tu sais même pas à

Quel point je me suis senti partir !

T'étais là, en train de t'éloigner petit

À petit tout en promettant que t'allait

Rester et moi je te regardais marcher

Dans la direction opposée sans t'en

Empêcher alors que c'est ce que j'aurais

Du faire. Toutes ces heures que j'ai

Passées à bosser des matières sans

Importance j'aurais du être avec toi

Et c'est maintenant que t'es partie que

Je me rends compte qu'une vie sans

Toi c'est plus une vie. J'ai le cœur en

Vrac et je suis en train de tout gâcher

Avec Analia parce que tu es tout le

Temps là dans ma tête à me souffler

Que tu m'aimes encore et encore et

J'ai l'impression que tu observes

Chacun de mes faits et gestes, comme

Si tu étais prête à sortir de nulle part

Et crier « salaud ! » à tout instant.

Les gens trouvent ça tellement difficile

D'être honnêtes avec les autres et

Eux-mêmes, parce que ça fait mal

D'entendre la vérité. Mais la vérité peut

Nous faire avancer, si douloureuse

Soit-elle et je crois que j'ai besoin de

Comprendre que t'es partie et que tu vas

Pas revenir parce que sinon je sens que je

Vais ressasser notre histoire sans arrêt

Jusqu'à en devenir fou. »

Julien au cœur carminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant