Et que la vie continue

Chapitre 1

« Tu viens à la fête de Michel ? »

La créature fronça les sourcils en continuant de marcher, adressant un regard en coin au pauvre lapin qu'elle tenait contre elle.

« Tu rigoles ? Bien sûre que je viens ! Et toi aussi ma bichette, j'espère ? »

Anna secoua la tête en baissant la tête, masquant une partie de son visage.

« Non, Mali, tu sais bien que je... »

Elle l'interrompit d'un soupire exaspéré en regardant le plafond.

« Aller, Anna ! Tu l'aimes ou quoi, Michou ? C'est pas comme si qu'il allait se passer un truc si tu ne fais rien, hein... »

« Mais, tu ne comprends pas... »

La jolie brune incendia Anna du regardant. Son ton était froid, son regard menaçant et insistant.

« Si, je comprends très bien. Tu fais la diva qui croit que tous les mecs se jettent à tes pieds naturellement sans que t'aies à remuer un susucre devant leur museau, hein ? Non mais tu te crois où Anna ? Réveilles toi ! On n'a pas 15 ans toute notre vie ! Tu vas à cette soirée, tu le pécho, puis voilà. Même s'il te rembarre tu t'en tapes, t'auras qu'à te faire son meilleur ami dans la même soirée, et tu verras, il reviendra de lui même... »

Anna roula des yeux et resserra sa prise sur son sac, fuyant son regard glacial, les joues en feu.

« Je... Je... Je ne sais pas. »

Malika s'approcha d'elle, lentement. Impitoyablement. Les deux visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Anna détourna le regard, chercha à reculer, mais impossible de fuir l'hostile Malika.

« Oh si tu sais très bien. Tu vas aller à cette fête, et tu vas te le faire. C'est tout ce que j'ai à te dire. »

Elle se recula et sourit comme si qu'il ne s'était rien passé.

La pauvre jeune fille releva sa tête anxieuse, avec un front plissé, vers Malika.

« C'est facile pour toi, ils craquent tous à tes pieds... Tu n'as même pas besoin de leur parler qu'ils n'ont d'yeux que pour toi... Moi... Moi... »

La jolie brune fit une moue apitoyée vers son amie, alors que cette dernière semblait prête à laisser passer une crise de larmes à tout moment.

« Ne t'ai-je jamais dit, darling, qu'on ne fronce pas le front ? Personne n'a envie d'être ridé. Et arrête avec tes excuses minables. N'importe qui censé se rend bien compte de la magnifique personne que tu es. Comme le feras notre petit Michou-Michel. Si tu le veux, tu peux l'avoir. Donne-toi en les moyens. »

« Hum, fit l'autre, beaucoup moins convaincue, et si... »

Mais elle fut interrompue par la sonnerie de cours. La jolie brune colla un baiser sur la joue de la blonde avant de la serrer contre elle.

« Ne t'en fais pas, Anna. Tu l'aborderas quand tu seras prête. Je dois filer, j'ai chimie. On va fabriquer un soluté avec de l'eau et du sucre, youhou ! On se voit plus tard ? »

Anna recula avec son sourire timide, sans jamais vraiment osé regarder Malika dans les yeux.

« Je... Oui. A plus tard ! »

La timide en moins, la créature poursuivit son chemin. Elle eut ce geste avec ces cheveux, qui les envoya en arrière et la lumière se refléta en eux. De magnifiques cheveux bruns, mi- longs, sublimes. Elle disait que c'était le pouvoir d'une couleur naturelle et des décennies de produits naturels sur toutes les têtes des Eilish, sa famille. Si seulement il y avait une faille dans ce que l'on pouvait voir d'elle ! Un visage simple et quelconque, maquillé avec simplicité, pour faire ressortir ses beaux sombres et ses lèvres naturellement pulpeuses. Des ongles nettes et cours, colorés d'une couleur chair. Une apparence si quelconque pour une créature si divine. A se demander comment, avec tous ces efforts pour rester dans la masse, elle arrivait tant à s'en détacher et à s'élever avec autant de facilité. C'était tout ce qu'elle incarnait, surement. Tout ce qui faisait briller son regard malicieux. Ce qui ne manqua pas lorsqu'elle retrouva l'un des élèves de collection du lycée.