8 - Envers et contre tout

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PDV Hermione Granger

Sans attendre la réponse de McGonagall, je courus en direction du bureau de ma patronne et arrivai haletante devant son regard désapprobateur.

« - Miss Granger. Vous ne cessez de traînasser dans ces couloirs à la recherche d'une besogne.
Prenez un jour de congé, comme vos collègues. Un an que vous êtes ici et vous n'avez jamais pris de vacances.

- Oui, madame. » m'entendis-je marmonner impatiemment. « Je m'occupe de Mr Weasley et il se trouve justement que...

- Épargnez-moi votre petit numéro. » siffla-t-elle. « Je connais de ma nièce cette réputation de petite élève parfaite que vous teniez au temps de Poudlard.
Sachez que l'impertinence dont vous faites preuve ne dispose d'aucune compensation ici. A présent, débarrassez moi le plancher. »

J'allai tourner les talons lorsque une soudaine prise de conscience me percuta.
N'étais-je pas Hermione Granger, la femme censée être dotée d'un courage irréfutable, la Hermione qui avait combattu aux cotés de la légende qu'était Harry Potter ?
Les livres biographiques, les journaux et même les Chocogrenouilles ne vantaient-ils pas ma bravoure, mon intelligence et mon efficacité ?

Je devais porter hommage à cette caricature, cette image exagérée de celle que j'étais auparavant.
J'étais toujours Hermione Granger et ce courage qui m'avait été insufflé lors de ma lutte contre Voldemort était toujours présent au fond de mon être. D'une certaine manière.

Je me battais pour les êtres qui m'étaient chers.
J'étais courageuse.
J'étais Hermione Granger.
Peu importe les risques et le péril.
Envers et contre tout.

Je tournai alors violemment les talons et lui jetai à la figure.

« - Je vous demande de m'écouter. La vie de mon patient est en jeu.

- Je crains de devoir insister, Granger. Je ne tolère pas l'insolence venant d'une de mes salariées. Je vous paie pour travailler, pas pour me manquer de respect. »

Merlin, le monde était d'une cruelle injustice. Fallait-il sans cesse se battre pour obtenir la prospérité ?

Mon teint devint verdâtre à mesure que j'articulai difficilement une réplique cinglante en retour.

« - Écoutez, vous n'avez aucune idée de ce que je vis. Je ne prétends pas que vous n'avez rien perdu il y a six ans.
On a tous perdu une partie de nous dans cette lutte.
Seulement, il y en a que ça a plus affecté. Je peux régler une poignée de problèmes et ne prétendez pas que j'en ai déjà assez fait.
Maintenant laisser moi prendre la cheminée. »

Je dégageais alors son bras qui me bloquait le passage avec une violence qui ne m'étais pas connue, pris une poignée de poudre de cheminette, montai dans l'âtre et tonnai ma destination.

À peine les flammes vertes me brouillèrent la vue que la voix lente et provocante de Mrs Burrows retentit.

« - Vous êtes licenciée Miss Granger. »

Puis, je sentis mon corps décoller et tournoyer dans l'immensité du réseau de cheminées magique.

*

*

*

Pendant que mes pieds heurtaient douloureusement la pierre du centre de la cheminée, j'ouvrais les yeux sur ce qui s'avéra être le bureau de métamorphose.

Après une observation plus poussée, j'aperçus au fond de la pièce le professeur McGonagall qui m'adressait un des ses rares sourires.
Je m'avançai alors vers elle et lui serrai la main.

« - Enchantée de vous revoir, Miss Granger.
Cela fait un bout de temps. Une demi-douzaine d'année que je n'ai pas eu d'élève avec autant de potentiel que vous, je dois dire. »

J'esquissai un rapide sourire mais pris soudain conscience que je n'avais pas le temps pour ces formalités.
La vie de Fred était en jeu, présentement.

« - Je dois absolument accéder à la réserve, professeur.
Il me faudrait de la taciturnité donc aucun élève qui pourraient potentiellement me déranger... C'est un grand service que vous me rendrez là, je sais qu'il n'est pas commun de perturber les élèves dans leur révisions mais...
C'est à propos de Fred Weasley, vous devez en avoir pris connaissance dans les journaux, je... je crois que la solution à son rétablissement s'y trouve professeur.

- Bien entendu, je vais les envoyer réviser dans leurs salles communes respectives.
Mais Mrs Pince ne va pas apprécier, croyez-moi, mais si cela est nécessaire... Suivez-moi. »

J'obtempérai et arrivées à la bibliothèque, McGonagall appela les élèves à regagner leurs dortoirs.

Lorsque les élèves m'eurent aperçue, le silence qui régnait dans la pièce se transforma en un cortège de murmures qui semblaient m'être administrés.
On me dévisagea longuement, comme si ma conscience n'était pas avec eux, dans cette bibliothèque jusqu'à ce que Mrs Pince interrompe cet engouement.

Le professeur McGonagall me tendit les clefs de la réserve et m'intima que je disposais d'une heure, après quoi il faudrait impérativement que les élèves reprennent leur affairement.

Je sautai alors sur mes talons et courrai dans la pièce gardée par une grille à la recherche des livres sur la magie noire.
Je ne m'étais rendue qu'une seule fois à la réserve et le nombre d'ouvrages qu'elle rassemblait me fascina une nouvelle fois.

Après une demi-heure de recherche, je mis enfin le doigt sur le livre qui semblait être destiné à mon exacte affaire.

Enchantement du Feudeymon : quelles conséquences, comment y remédier ?

Livon Troisi

D'une main tremblante, je parcourrai avec fébrilité les pages jusqu'à trouver un cadre où était inscrit un texte qui m'agita soudainement.

Le Feudeymon est un des sorts les plus dangereux comptés jusqu'à nos jours (voir page 45).
S'il est lancé à but de tuer et que cette tentative échoue, il peut blesser très gravement la victime et la plonger dans un état second durant une durée indéterminée.
Le seul cas connu de nos jours était un descendant de la famille Pevrell dont le nom exacte nous est étranger.
Blessé à l'âge de huit ans pour une raison qui nous est également inconnue, il resta plus de cinquante ans dans un profond coma avant d'en être tiré par un guérisseur allogène (voir page 108).
Après avoir pris connaissance du travail effectué par cet homme, nous pouvons retranscrire ceci :
L'incantation à formuler est d'une extrême complexité, il en va de la vie du patient.
Prenez donc toutes les précautions nécessaires avant de prononcer Sanitatem flammae daemonium mortem voluntariam en traçant le schéma suivant avec votre baguette.

Le coeur battant à tout rompre, je glissai le manuel dans mon sac de perles et, après un dernier regard à la maison qui m'avait accueilli et instruit durant six ans, je remontai dans la cheminée avec un seul visage, une seule image et un seul but en tête.

Fred.

Qu'en est-il de nous ? - Fremione [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant