Evangeline Naeviah Holt

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Évangeline est une petite fille insouciante et dynamique. Elle a toujours le sourire. Évangeline fait le bonheur de ses parents, le bonheur de son grand frère. Mais Évangeline fait aussi le bonheur de ceux que l'on ne voit pas.

"Maman attention, tu t'es assise sur la chaise d'Henry !" Je m'exclame, horrifiée. Mais maman ne se lève pas. Elle me regarde, considère la petite tasse en porcelaine devant elle, d'un regard inquisiteur. J'insiste. "Maman !" Elle se lève, me sourit. "Qui c'est Henry, ma chérie ?" Et je lui rends son sourire. Désigne la fenêtre du regard. "C'est mon copain, là-bas ! Il a dit qu'il attendait que son thé soit moins chaud pour venir, il préfère regarder le ciel !" Ma mère regarde Henry et l'observe quelques secondes avant de se tourner vers moi. Son sourire a disparu. Elle s'approche, m'embrasse le front et s'éloigne.

Aujourd'hui, j'ai décidé d'aller à l'école avec Mary. Mary a huit ans, comme moi ! Elle ne parle pas beaucoup, et je me suis dit qu'elle devait se faire des amis autre que moi. Je l'ai tout d'abord présentée à mes copines, mais leur réaction a été bizarre. Elles m'ont dit qu'elles ne voyaient pas Mary et que je racontais n'importe quoi. J'avoue que je me suis un peu énervée, j'avais l'impression qu'elles se moquaient de nous, et elles ont rendu Mary triste en plus ! Je leur ai fait la tête pendant un moment, et je l'ai même dit à la maîtresse. Mais ça a été la même chose : elle a dit qu'elle ne voyait pas Mary et qu'il fallait que j'arrête avec mes amis imaginaires. Alors je me suis encore plus énervée, et je lui ai crié dessus. Elle m'a punie, et elle a appelé maman.

"Vous savez Madame Holt, à cet âge c'est tout à fait normal de s'inventer des amis imaginaires. Votre fille n'est pas plus anormale qu'une autre. Le fait qu'elle réagisse de cette façon par rapport à ces personnages qu'elle s'invente montre seulement qu'elle y est attachée, mais en grandissant ça devrait s'arranger. En revanche si ce n'est pas le cas pour l'école, demandez à sa maîtresse de m'appeler pour que l'on puisse en discuter."

"Évangeline, arrête tes bêtises et mets-toi à table !" Hurle mon père depuis la cuisine. "Mais attends, Olivia me montre un truc !" Je crie en retour. Depuis que je sais monter toute seule dans le grenier, j'ai rencontré Olivia et elle me montre tout plein de cachettes où je peux aller me mettre. Elle m'a dit qu'elle habitait depuis plus longtemps que papa et maman ici, et donc qu'elle connaissait la maison par cœur ! Elle est trop gentille, Olivia. On s'entend vraiment bien, et je l'adore. C'est devenu une super amie, même si elle s'approche plus de l'âge de maman que du mien. Elle me raconte beaucoup de secrets, Olivia. Comme je lui avais promis que je lui présenterais toutes mes peluches, c'est ce que je suis en train de faire mais papa ne veut pas que je finisse. Il est gentil mon papa, mais des fois je trouve qu'il est un peu trop dur avec mes amis. J'entends des pas dans l'escalier, et je me retourne. C'est Alan, mon grand frère. Il me trouve là, mes peluches alignées devant Olivia. J'ai une petite chèvre blanche entre les mains, celle que je montrais à mon amie. Alan s'approche, me prend la main. "Viens Eva, on t’attend pour manger, maman a fait du saumon comme tu l'aimes !" Il me sourit. Mais je grimace. "Olivia ne veut pas sortir du grenier et j'ai pas fini de lui montrer mes peluches." Il soupire. "Tu lui montreras après." Sa voix est neutre. Il ignore Olivia. Comme tout le monde ignore tout le temps mes amis. Je me résigne à la laisser. "Je reviens vite, à tout à l'heure !" Dis-je avec un sourire. Elle hoche la tête. J'aurais aimé la prendre dans mes bras pour lui faire un câlin, car je m'en veux de l'abandonner. Mais malheureusement je ne peux pas. Je n'y arrive pas, même quand j'essaye. C'est bizarre non ?

J'ai onze ans. Je viens de sortir de l'école, m'apprêtant à rentrer. Dos contre le mur, ruelle déserte, je suis terrifiée. Je pleure, ils m'encerclent. "Eh Évangeline, ils sont où tes potes là, hein ?" Lance un garçon dans le fond. "S'ils existent vraiment, pourquoi ils viennent pas t'aider ?" Lance celle qui a tout orchestré. Une main fond sur mon visage. Je tente de me défendre, mais seule je n'y arrive pas. "Arrêtez ! Laissez moi tranquille !" Ils rient. Rires qui m'effraient. Le cercle diminue, une main me tire les cheveux, l'autre me pousse, me fait tomber. Ça ne dure pas plus de cinq minutes. Cinq minutes d'un martyr injustifié auquel je n'ai pu me défendre. Puis ils s'éloignent. Tous, sauf elle. Elle me regarde, me surplombe. Sors son portable. "Bouge pas et souris." Ricane-t-elle. Je me relève, non pas sans difficultés. "Venge-toi," me murmure Mary. « Fais-lui la même chose," me dit Henry. "Faut lui pire," me susurre Olivia. Je regarde cette fille, sourcils froncés. Ils ont raison. Je ne dois pas me laisser faire. J'essuie mes larmes, le sang qui coule de mon nez, de mes lèvres. Puis j'ouvre mon sac et en extirpe ma trousse. Je les trouve. "C'est ça," souffle Henry. "Elle ne mérite pas de continuer," dit Mary. "Tue-la," termine Olivia. "Qu'est-ce que tu fabriques ?" Lance la fille, qui pianote sur son portable.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2018 ⏰

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