Deusterra-La prophétie du dragon

Passé - Son trésor n'a pas de prix

/il y a environ 100 ans/

Voilà maintenant quelques mois que le sorcier avait pris possession du corps de la jeune femme. Mais il  avait dû se trouver un lieu sûr plus tôt que prévu, c'est ainsi qu'il devint l'hôte d'un petit appartement peu confortable, au bout d'une impasse sombre et sale de la capitale.

Camper au même endroit n'était et ne sera jamais conseillé, surtout lorsque une affiche, avec une belle récompense à la clé pour votre capture, est placardée à chaque coin de rue...
En effet, avant de partir à la recherche de la gardienne, il avait croisé dans un village, une importante branche de la garnison d'Oxon. Il aurait pu tous les tuer... mais se sentant plein de courage et de jeunesse, l'envie d'adrénaline l'avait poussé à défier le Tyran : il avait pris le choix de laisser un homme vivant afin que celui-ci puisse relater son combat « héroïque ». Fait, qu'il avait bien vite regretté, on l'avait suivi, recherché jusqu'à la cabane ou se cachait la Gardienne, affaiblie par la violente guerre. Et ils l'avaient tuée avant qu'il ne puisse arriver... C'était par sa faute qu'elle était morte.

En voyant son corps déchiqueté et l'absence de celui de la jeune femme en fouillant à nouveau le chalet, les soldats n'avaient pas dû mettre bien longtemps à comprendre. Il se retrouvait donc désormais, lui, un homme, un puissant sorcier, à être recherchée sous le visage d'une femme.

Il avait du réapprendre certain mouvement d'épée afin de pouvoir mieux se protéger la poitrine, une partie de sa morphologie avait changé, il avait acquis de nombreuses compétences qu'il devait maintenant apprendre à maîtriser et en avait perdu d'autres qu'il maîtrisait depuis des centaines d'années.

Mais un autre problème s'était rajouté, qu'il n'avait, lui, absolument pas prévu... :

Il était « enceinte »

C'était le genre de pensé farfelue auquel il n'aurait jamais pu penser.... Lui un homme... allait avoir un enfant... il était déboussolé... il vivait dans un monde étrange certes, mais où il y avait une distinction marquée entre les femmes et les hommes : les femmes pouvaient avoir des enfants, les hommes non, c'était la seule différence, partout ailleurs ils étaient semblables, pouvaient exercer les mêmes métiers, élevaient les enfants ensemble et on ne faisait aucune distinction de sexe.

Désormais sa priorité n'était, donc, plus de savoir comment il allait retrouver les enfants de la prophétie, mais plutôt de savoir, comment il allait protéger le sien.

Il resta caché dans son petit appartement pendant plusieurs mois, ne sortant que très rarement pour aller chercher le strict nécessaire. Il avait de plus en plus de mal à bouger. 
Mais maintenant l'heure était venue, il rechercha activement pendant plusieurs jours une sage femme clandestine qui aurait pu rejoindre la rébellion mais n'en trouva point. 
Il se résolu donc à en trouver une qui ne le reconnaîtrait pas et qui sortait très peu de chez elle. C'est ainsi qu'il se retrouva un beau matin, tout près des remparts, à essayer d'avancer du mieux qu'il puisse dans le marché, la peur au ventre. Un voile recouvrait son visage, mais ce n'était pas suffisant : tous les cent mètres il se voyait sur les feuilles contre le mur, la valeur de la récompense pour sa capture avait baissé, mais restait malgré tous une très belle somme et des gardes marchaient de long en large à la recherche du moindre visage connu. La douleur n'arrangeait rien et rendait cette situation encore plus dure à supporter. 
Finalement, il arriva devant la porte de la sage femme, la poussa lentement et arriva à bout de souffle au deuxième étage, il frappa trois faibles coups à la porte et se coucha contre le mur. 
La sage femme ouvrit lentement la porte et lorsqu'elle le vit, elle lui fit signe d'entrer d'un air hautain

- Entrée, jeune femme et installez vous sur le lit
- D'accord, dit-il, avec un ton froid

Elle le toisa de la tête au pied, une expression de dégoût sur le visage

- Je n'ai pas tout mon temps alors je vais faire vite

Son expression avait très vite changé, passant du dégoût, au sarcasme.

Ce furent de très longues heures... Il était exténué, mais elle ne lui avait pas laissé une seule minute de répit pour se remettre l'esprit en place, et l'avait jeté dehors, elle et son enfant.

Lorsqu'il était sorti le soleil commençait à se coucher mais désormais il faisait presque nuit noire, et le couvre-feu n'allait pas tarder à être sonné. Par chance il ne se trouvait plus qu'à quelques ruelles de son appartement.
Durant tout le retour il avait maintenu la fillette collée contre sa poitrine pour la tenir au chaud. à de maintes reprises, il avait dû s'arrêter pour vérifier si elle allait bien, la bercer pour qu'elle arrête de pleurer, ou même la regarder dormir paisiblement.
Le couvre feu sonna plus tôt que prévu. Il se mit à courir. Les rondes de gardes venaient de commencer, et il n'aurait pas assez de force pour se défendre s'il tombait nez à nez avec l'un d'eux. Il arriva à rejoindre son appartement, de justesse, un garde se trouvant non loin de là, lui avait couru après, sur plusieurs mètres avant de finalement lâcher le morceau.

La fillette dormait toujours profondément, il l'allongea dans le berceau qu'il lui avait créé et essaya de se reposer. Mais sa nuit fut de bien courte durée, réveillé sans cesse par la petite. Il ne comprenait pas ce qu'elle voulait. N'ayant jamais pensé avoir un enfant, il n'avait jamais ressenti le besoin d'en apprendre plus sur eux. Comment les nourrir ? Les élever ? S'en occuper ? Autant de questions qui, en plusieurs centaines d'années, ne c'était jamais posé à lui et dont t-il n'avait, bien évidemment, pas la réponse.

Les journées passèrent, il avait appris à s'occuper d'elle, avait pris ses habitudes. Et surtout, il l'aimait du plus profond de son être, c'était devenu son trésor, son enfant, celle qui dissipait sa solitude, le faisait sourire quand son moral prenait un coups.
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Elle avait un an maintenant, riait aux éclats malgré le feu et la violence qui terrorisait le royaume.

Il avait pris sa décision... Une bien dure décision, mais il le faisait pour elle, pas pour lui, il voulait qu'elle vive, dans un monde en paix, un monde nouveau sans guerre et sans violence. Sa magie lui avait permis bien des choses, couplé avec celle de la gardienne, elle lui en permettait bien plus.

Il l'enveloppa alors dans un cocon de magie, elle ferma paisiblement les yeux, la magie se figea. Dans cette petite bulle étincelante le temps c'était désormais arrêté comme figé dans la glace. Il avait veillé à mettre suffisamment de puissance pour que le sort dure plus de cent ans, et avait amené la fillette chez une amie de longue date, qu'il avait réussi à retrouver, et en qui il avait une entière confiance. Son corps fut déposé sur un lit, dans le sous sol de la maison, n'ayant pas assez de place chez lui

Il se sentait désormais très seul... d'habitude, il ressentait chacune de ses peines, de ses rires, mais son esprit était désormais figé dans le temps.

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Hé Hé, Surprise !