Mona Lisa

Prologue

Je ne sais pas pourquoi, tout à coup, j'ai eu envie de savoir peindre. J'ai eu envie de savoir peindre pour elle, pour son sourire, pour pouvoir le figer dans le temps. Alors, je m'y suis mis. Qui aurait cru qu'un jour, moi, Ethan Mark, apprendrait à utiliser un pinceau ? Mes parents aussi n'y ont pas cru et ont d'abord penser à une mauvaise blague de ma part, mais, face à ma ténacité, ils ont dû se résigner. J'apprendrai à peindre. Je vais donc, chaques vendredis soirs, manier les complexités de l'art et du pinceau pour qu'un jour je puisse exposer son sourire chez nous. Je regarde la photo que j'ai utilisé comme modèle. Elle est si jolie dessus, si Mona Lisa. Je soupire et me perds dans mes souvenirs de ce fameux jour où je l'ai vu entrer dans ma classe et surtout dans ma vie.

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Nous étions en septembre, plus précisément le jour de la rentrée. Je venais d'apprendre que mon meilleur ami et moi avions quasiment les mêmes emplois du temps - en même temps, nous avions presque les même options - et nous envisagions sérieusement de faire une danse de la joie quand notre professeur principal entra dans la classe. Nous nous assîmes bien sûr à côté. Notre professeur se mit à parler mais je n'y prêtais plus attention, j'avais décroché depuis longtemps déjà. Mes yeux ne pouvaient s'empêcher de fixer la petite horloge placée au-dessus de la porte qui égrenait lentement les minutes. Et c'est là que je l'ai vu. Elle se cachait derrière le mur, son sac entre ses mains. Elle paraissait en même temps apeurée et décidée - ce qui donnait un drôle de cocktail. Je la détaillait du regard, étant le seul à l'avoir remarqué. Elle avait une apparence un peu bizarre avec ses cheveux bleus et sa veste de motarde, mais, et je suis sûr que dès qu'ils la verront, les autres garçons seront d'accord, elle était belle. Pas d'une beauté classique mais d'une beauté sauvage. Et lorsque le professeur l'invita à entrer, tous les regards se tournèrent vers elle. On put voir tout de suite que ses joues prenaient de légères teintes rougeâtres. J'étais un peu étonné, moi qui l'avais comparer à une panthère noire... Elle avait une allure si... rebelle et elle semblait maintenant si... timide. Mais lorsqu'elle s'est présentée... On aurait dit une guerrière. Je ne savais plus vraiment quoi penser. Alors finalement, j'optais pour la classée dans une catégorie que j'avais créé spécialement pour elle : guerrière-panthère timide - oui, j'aime classer les gens et je ne vois pas où est le problème. À cette pensée, je me mis à sourire. À la fin de sa présentation, je n'avais retenu ni son nom ni son prénom, car, j'avais déjà choisi comment MOI j'allais l'appeler. J'ai trouvé quand nos regards se sont croisés, juste avant qu'elle n'entre dans la salle. À ce moment, j'ai su. J'ai su qu'elle serait le nom que je lui attribuerais et qu'il lui irait parfaitement bien. Car, lorsqu'elle m'a vu la regarder, elle m'a offert un sourire, son tout premier sourire, son sourire Mona Lisa.