Le Ponton

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𝑫ans un vent d'été, parfum heureux des amoureux, il se laissait porter. Son calepin sous la main et son sourire gamin, le brun marchait d'un pas léger, sifflotant un air docile. Les momes, glace aux coins des lèvres, riaient et se ruaient dans les jupes de leurs mères. L'air de la mer venait embrasser ses sens, ses yeux sautaient de bateaux en bateaux, rouge, bleu, milles couleurs qui rencontraient l'océan créant une énième aquarelle.

Dans le port, on sentait le poisson, on entendait les pêcheurs s'exclamer et les vacanciers les regarder, presque émerveillés. Aussi loin qu'il puisse se rappeler, Jeongguk avait toujours apprécié la mer, le vent s'infiltrant dans ses vêtements et les mouettes qui chantaient. Il se laissait voler, comme un avion en papier, il laissait le ciel le mener. On lui souriait, à lui et son air rêveur, son doux minois et ses grains de beauté. Dans cette ville côtière, vide lorsque l'été pliait bagage, on se connaissait tous. Et bientôt sur le ponton, il saluât les hommes fatigués, qui déchargeaient ces bacs plein de poissons. Mais, au bout de ce chemin en bois, ses yeux s'assombrirent, il n'était pas là, ce beau bateau aux couleurs primaires, sûrement encore en mer, affrontant les vagues. Alors, dans un geste de dépit, il tourna sur lui même, usant la semelle de ses baskets pleines de terre et s'allongea là. Le soleil embrassait son visage, une main sur le front il regardait le ciel, éblouie. Dans cette étendu bleue, quelques oiseaux volaient, libres et heureux. Du bout des doigts, il traçait la courbe des nuages, espérant ne jamais les oublier, peut-être un jour il aurait la force de les dessiner.

Bientôt ses paupières se firent lourdes, et sa main rencontra le sol. Il tourna la tête sur le côté, une larme coula sur sa joue, tombant à la mer, créant un infini, des couleurs nouvelles, démentielles ou même angéliques. La brise, dans un geste fragile, caressa ses joues humides, un délice interdit. Un sourire timide, frêle épousa ses lèvres rosés, retroussant légèrement le coin de ses yeux. Il pleurait, sur ce ponton, les doigts de sa main droite effleurant la surface de l'eau, un rappel à la vie. Il voulait tomber, tomber sans fin dans l'océan, jusqu'à ce que son corps rencontre les fonds marins. Alors, il ouvrira les yeux et verra ses bancs de poisson colorés. Il voulait tomber, sentir la mer remplir son cœur, le couler. Il voulait oublier, tomber comme une poupée de chiffon, désarticulé. Le ciel épris de son supplice, envoya Morphée pour le border et dans ses bras utopiques, il se laissa aller. Les songes emplirent son être, un monde nouveau, plus beau, pastel.

Le Parfum Des Bleuets Where stories live. Discover now