9 ans

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  Deux ans étaient passés depuis la mort d'Axel. Et beaucoup de choses avaient changé durant ces deux années.

Après l'enterrement de son petit frère, Nathan avait commencé à comprendre ce qui se passait réellement dans sa vie. Il lui fallut plusieurs semaines et des conversations sur la mort avec sa grand-mère pour comprendre que la disparition d'Axel était définitive, qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible.

Quand il comprit finalement que son petit frère n'allait jamais revenir, il pleura, pendant plusieurs heures sans s'arrêter. Ses larmes lui brulaient les yeux, sa gorge semblait gonflée et l'empêchait de bien respirer. Il était totalement détruit, repassant la scène à la rivière dans sa tête encore et encore. Il pensa qu'il ne pourrait jamais oublier ces images, qu'il serait hanté toute sa vie par elles.

Nathan avait voulu trouvé du réconfort auprès de ses parents, mais ces derniers étaient aussi effondrés que lui et ils n'arrivaient pas à mettre leur peine de côté pour aider leur fils. Mais le garçon comprenait, donc il pleurait de son côté.

En deux ans tout changea. Ce fut comme une chute libre, la pression écrasant les organes avec force, vous coupant le souffle alors que vous peinez à reprendre votre respiration. La vie de Nathan fut comme une chute libre, tombant encore et encore, suppliant d'atteindre le sol sans pouvoir l'apercevoir.

Le chagrin de sa mère se transforma rapidement en une rage sans limite. Elle ne comprenait tout d'abord pas pourquoi on lui avait pris son petit garçon, quand une idée s'insinua dans sa tête. Personne ne lui avait pris son garçon, non, mais Nathan lui oui. Nathalie Brisson ressentit une haine immense pour son propre fils. Elle se voyait encore lui dire de ne pas aller à la colline, son esprit modifiant les souvenirs laissant sous-entendre que Nathan avait fait exprès d'emmener son frère dans un endroit dangereux.

La folie prit part de Nathalie, elle hurlait sans cesse sur son fils, lui criant que tout était de sa faute. Elle le secouait parfois trop fort, ayant ressenti parfois l'envie de le frapper avec force pour qu'il disparaisse à son tour. Mais Benoit n'était jamais loin, il protégeait son fils, lui murmurant que maman n'allait pas bien, qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait.

Benoit Brisson dut quitter son travail durant ces deux ans car il n'avait plus confiance en sa femme. Il avait peur que quelque chose arrive à leur dernier fils, et malgré les médicaments qu'elle prenait, Nathalie montrait toujours cette haine envers son fils, cette haine qui aurait pu déraper à plusieurs moments.

Nathan savait que sa mère le détestait, il savait aussi que son père ressentait cette once amère dans la bouche quand il posait ses yeux sur son fils. Même s'il essayait de le cacher, Nathan le voyait très bien.

Chaque jour était devenu une épreuve, que ce soit pour Nathan ou ses parents. Plus rien n'allait dans leur vie. Ils étaient passés de famille parfaite, aux personnes qu'il fallait à tout prix éviter dans le quartier.

Les Brisson étaient devenus comme la peste. Certaines personnes pensaient que le malheur les suivait de très près et qu'il fallait absolument les fuir.

Au bout de deux ans la maison avait été vidée de ses rires et de sa joie. Elle n'était plus qu'une place de tristesse, où les sanglots faisaient échos dans les murs et dans chaque pièce.

Nathan avait changé lui aussi.

Il savait qu'il était responsable, sa mère n'avait cessé de lui répéter tous les jours depuis près de deux années. Donc il savait.

Nathan ne fit plus d'aventure, il ne sortit plus à l'aube pour découvrir de nouveaux pays ou quoi que ce soit d'autre. Il restait la plupart du temps cloitré dans sa chambre, développant un dégoût pour lui-même, immense et dévastateur.

NathanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant