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-Johan, tu as de la visite.

PDV JOHAN


Mia ? J'espère vraiment que c'est elle.
L'espoir monte en moi et je me précipite d'ouvrir la porte d'entrée en ayant Rose toujours dans les bras.

J'ouvre la porte le plus vite possible heureux de pouvoir croire que Mia revienne si vite.

-Johan !

Malheureusement, cette voix n'appartient pas à Mia.

-Oh voilà ma douce petite fille ! Qu'elle est jolie !

Ma mère me prend Mia des bras pour la câliner.
Et elle entre dans la maison comme si ne rien n'était. Bien sûr c'est aussi chez elle mais elle n'est pas revenue ici depuis déjà un an.
Elle habitait toujours dans les hôtels, de luxe bien évidemment.

-Maman, qu'est ce que tu fais là ?

-Tu sais, après que tu sois parti de l'hôpital en pleurant mardi dernier, je suis retournée auprès de Mia dans sa chambre ?

-Quoi ? fis-je surpris.

-Oui, oui tu m'as très bien entendue.

-Et vous avez fait quoi exactement ?

-Elle était en pleurs elle aussi. Alors je me suis approchée d'elle et elle m'a tout racontée. J'ai bien réfléchi Johan, ta petite amie est géniale et je suis désolée de l'avoir traité comme je l'ai fais.

-Ah oui ? Es-tu en train de perdre la tête ? Tu veux que j'appelle un médecin ?

-Je suis sérieuse, Johan. Mia est très intelligente et tu as de la chance de l'avoir dans ta vie.

-Merci mais je suis déjà au courant.
Alors quoi, tu veux m'abandonner et adopter Mia en échange ?

-Ne sois pas bête, voyons.

-Alors quoi ? Qu'est ce que tu veux ?

-Rien.

-Accouches.

-Je ne veux rien, mis à part une certaine chose.

-Qui est ? demandai-je en soufflant d'agacement.

-Écoute, tu ne vas sûrement pas être d'accord mais saches que c'est pour le bien de Mia.

-Maman, expliques moi une bonne  fois pour toute avant que je te foute à la porte.

-J'ai parlé au médecin traitant de Mia, je lui ai demandé si elle pouvait rentrer à la maison, ici, tout en continuant de suivre son traitement.

-Et alors ?

-Il m'a dit qu'elle pourrait le faire d'ici trois jours si elle ne fait aucun malaise.

-Où tu veux en venir ?

-J'ai pensé qu'elle pourrait habiter ici.

-Elle habite déjà ici.

-Non, elle habite ici avec toi.

-Je ne suis pas sûr de bien comprendre.

-Elle a besoin d'une pause.

-Donc ?

-Je te demande de quitter la maison pour laisser Mia se reposer.

-Je te demande pardon ?

-Tu m'as très bien comprise.

-Non mais tu te fous de ma gueule ?

-Changes de ton. Rappelles toi que c'est pour le bien de Mia.

-Mia a besoin de rester à l'hôpital. Elle est malade, je ne veux pas qu'elle  attrape une infection ou autre chose qui risquerait d'aggraver son cancer.

-Et elle, elle veut rentrer à la maison et ne plus te voir.

Ça fait mal. L'entendre comme ça me fait mal. J'ai l'impression d'avoir reçu un couteau dans le coeur qui s'enfonce de plus en plus, plus les secondes passent.

-C'est ma maison. Je ne bougerai pas d'ici.

-Non, c'est la mienne. Je l'ai acheté, toi tu n'es qu'une personne habitant dedans.

-Je suis aussi ton fils. Tu as tendance à l'oublier.

-Je ne l'oublie pas.

-Ah oui ? Te souviens-tu seulement de l'âge que j'ai en ce moment ?

-Bien sûr, tu as 18 ans.

-J'ai à peine 17 ans Maman.

-Roh, à un an près, tu parles !

-Non mais sérieusement, tu te prends pour qui ?

-Pour ta mère.

-Depuis maintenant quelques années  je me débrouille seul, je n'ai jamais eu besoin de toi ou de papa. Alors tu as cessé d'être ma mère depuis bien longtemps. 

-Johan ! As-tu fini ce sarcasme ?!

-Non, je n'ai pas fini au contraire. J'ai beaucoup de choses à te reprocher en réalité, bien plus que tu ne le penses.
Tu ne me vois qu'une ou deux fois par an. Même pas du tout en une année entière, car apparemment ton boulot t'accapares plus que ton propre fils. Est-ce que tu trouves ça normal toi ? Est-ce que tu trouves normal le fait que j'ai appris comment faire à manger seul, appris à m'occuper de la maison seul ?
Est-ce que tu trouves normal le fait que j'ai grandi totalement seul ? Comme si je n'avais plus de parents ?
Est-ce que tu trouves ça normal que je me sois déjà demandé une centaine de fois pourquoi vous ne vous occupez pas de moi ? Pourquoi vous ne me demandez jamais comme je vais ? Pourquoi je ne suis pas aimé ? Putain, est-ce que tu trouves ça normal qu'un gosse se retrouve à se poser toutes ces questions ?

A la fin de mon récit, je remarque que ça fait au moins cinq minutes que je parle, je remarque aussi que mes mains  se sont mis à trembler et que sur mes joues coulent des larmes.

Depuis un an, je suis beaucoup plus sensible qu'autrefois, ce qui fait que je pleure beaucoup plus, même parfois sans le remarquer.

Je lève les yeux vers ma mère, je vois qu'elle baisse les yeux et regarde le sol, comme perdue dans ses pensées.
Soudain, sans que je m'y attende, je vois des gouttes tomber de ses yeux jusqu'au sol.

-Maman ? Tu pleures ?

Elle ne me répond pas et je lui propose de s'asseoir après avoir installé Rose dans sa chambre.
Je lui propose un thé qu'elle refuse poliment.

Le silence est pesant, plus personne ne parle depuis maintenant dix minutes. Au bout d'un moment, je l'entends murmurer :

-Je ne savais pas que tu ressentais tout cela. Je ne savais pas que mon fils se sentait si mal de ne pas vivre avec ses parents.

-Tu pensais que je le vivais bien ? demandai-je avec une pointe d'ironie.

-Pas spécialement, en réalité je n'y pensais pas vraiment. Tu as raison, je suis totalement égoïste. Je ne pensais qu'à mon travail, qu'à moi. Je pensais juste à payer les factures de la maison pour que tu puisses y vivre mais je n'ai jamais pensé que tu pouvais être malheureux. Je suis sincèrement désolée. Si tu le veux bien, je vais essayer d'être présente pour toi.

Même si je ne suis pas sûre qu'elle le pense réellement, l'entendre me le dire me fait réellement chaud au coeur.

-Merci.

Sarah entre soudainement en trombe dans le salon, lorsque je croise son regard, je vois tout de suite qu'elle est très inquiète.

-J'ai reçu un appel de l'hôpital.

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